Patrick Kanner : « Je serai au Canada pour encourager les Bleues »

Alors que la Coupe du Monde au Canada débutera dans quelques jours, l’actuel ministre de la Ville, de la Jeunesse, et des Sports, Patrick Kanner, a répondu à nos questions sur les chances de l’équipe de France. Il en a également profité pour donner son point de vue sur l’évolution du sport féminin, et sur le niveau général actuellement proposé dans le championnat de France. Entretien.

 

 

 

 

Pensez-vous que l’équipe de France ait une vraie carte à jouer lors de cette Coupe du Monde au Canada ?

P.K : « J’en suis convaincu. Cette équipe regorge de talent et de détermination, j’ai pu le constater notamment lors de leur dernier duel aux éliminatoires à Calais, contre la Finlande. Plus les joueuses avanceront dans la compétition, plus l’appétit des téléspectateurs grandira, c’est évident. Il ne faut pas négliger le rôle des médias, qui ont valeur d’exemple. Ils sont les mieux à même de susciter des vocations parmi les jeunes filles qui, trop souvent, considèrent que le football n’est pas un sport pour elles. En tant que ministre de la Ville, j’attends beaucoup du développement de la pratique sportive chez les jeunes filles, notamment dans les quartiers difficiles. Je serai d’ailleurs présent au Canada pour encourager les Bleues, puis pour organiser le passage de témoin entre l’organisateur 2015 et la France, qui accueillera la prochaine édition en 2019. C’est la preuve que le sport féminin est au cœur de la stratégie du gouvernement de faire de la France une véritable « terre d’accueil » des grands évènements sportifs internationaux.

 

Quel regard général portez-vous sur l’évolution du sport féminin et, au-delà, du football féminin à l’heure actuelle ?

– Ne le nions pas : les femmes sont encore moins nombreuses que les hommes à pratiquer un sport et accèdent moins souvent aux responsabilités dans les instances sportives. Malgré tout, les choses vont dans le bon sens. Des efforts sont faits et commencent à être visibles, notamment grâce à l’impulsion du gouvernement. Nous avons ainsi rendu systématiques les plans de féminisation, et inscrit dans la loi l’impératif de prise en compte de la parité dans la gouvernance des fédérations, selon un schéma progressif bien entendu. C’est nécessaire, car le sport féminin c’est la même passion que le sport masculin, le même esprit de compétition, les mêmes enjeux tactiques. C’est aussi un spectacle formidable, que les chaînes doivent relayer. Il y a un véritable appétit et je suis convaincu que le réservoir de croissance du football, aussi bien chez les pratiquants que chez les spectateurs et les téléspectateurs se situe chez les femmes. Noël Le Graët a un plan de développement ambitieux en la matière et la candidature victorieuse de la France à l’accueil de la Coupe du Monde de football féminin en 2019 sera un levier formidable.

Que pensez-vous du niveau général de la D1, l’élite du football féminin, actuellement dominée par l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain ?

– Je me réjouis que des locomotives comme l’OL ou le PSG parviennent à susciter l’intérêt croissant du public et, in fine, pour la pratique féminine. Ne boudons pas notre plaisir, nous avons besoin de clubs qui tirent vers le haut ce championnat, qui trouvera sa maturité progressivement. Laissons-lui le temps pour cela.

 

Quels projets pour les années à venir en faveur du sport féminin ?

– Il faut agir à plusieurs niveaux. Il a été demandé à toutes les fédérations sportives de construire des plans de féminisation, à la fois pour développer la pratique et accompagner les femmes dans la prise de responsabilité. J’en profite d’ailleurs pour saluer le travail des fédérations, qui jouent vraiment le jeu : 69 d’entre elles (73 au total) ont déjà préparé leurs plans de féminisation. Nous souhaitons par ailleurs une priorisation des aides aux clubs versées par le Centre national pour le Développement du Sport pour le développement du sport féminin. Nous avons d’ailleurs créé un fonds de soutien pour la diffusion télévisuelle du sport féminin. Si l’on veut conforter cette progression, nous aurons besoin de boosters. L’organisation de la Coupe du Monde de rugby en était un, celle de la Coupe du Monde féminine de football en sera un nouveau pour accélérer la féminisation du football – et du sport en général – dans notre pays. »

 

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

Crédits photos : Gouvernement / FFF.

 

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