Parcours d’arbitres : de la découverte à l’ambition

A l’occasion du coup d’envoi des « quatre saisons du sport féminin », la Fédération française de Football met l’arbitrage féminin à l’honneur. Mais quels sont les facteurs qui incitent à devenir arbitre aujourd’hui ? Le quotidien d’arbitre féminine est-il encourageant ? Portraits croisés de deux arbitres françaises.

 

 

 

L’une préfère arbitrer les garçons, l’autre se dirige vers le haut niveau féminin. Sylvia Philion (18 ans, ligue de Bretagne) et Cindy Le Dissez (26 ans, ligue de Paris) prennent deux chemins différents dans l’arbitrage mais ne comptent pas s’arrêter demain. Arrivées un peu par hasard dans l’arbitrage, si elles sont aujourd’hui encore au sifflet c’est par volonté et passion : « Il faut rester motivée, ne pas baisser les bras car il y a des matches difficiles où on ressort de là un peu dégoutée de l’arbitrage et du football au sens large, quand on se fait insulter pendant 90 minutes ». Au-delà de l’environnement d’un match de football, l’arbitrage pour ces deux jeunes femmes est une formidable expérience humaine et professionnelle.

 
Des débuts parfois compliqués

Sa formation à peine terminée il y a trois ans, Sylvia doit passer à la pratique réelle et arbitrer son tout premier match. Une véritable épreuve qui est restée gravée. « J’avais sifflé une faute imaginaire, c’était un match assez stressant. L’entraîneur est sorti de ses gonds et je suis sortie du terrain. Il est alors venu me reparler et m’a convaincu de revenir en me disant « Reconcentre-toi ». Il m’a rassurée, et j’ai fini le match ».

De son côté, Cindy Le Dissez a vite saisi les responsabilités du sifflet lors de ses premiers pas sur le terrain : « Mon premier match était une rencontre de jeunes U17. On se demande ce que l’on fait là, on se retrouve au milieu du terrain, et comme c’est la première, on ne sait pas où se placer, on n’a pas d’expérience, on ne sait pas trop quoi siffler. Il faut gérer les joueurs alors qu’on ne l’a jamais fait. Et finalement, j’y suis restée ». Et elle a eu raison, car en l’espace de quelques mois, l’arbitre yvelinoise passe du disctrict au niveau « Ligue féminine » et arbitre des matches U19 et de Division 2 féminine. D’ailleurs, avec l’accumulation des déplacements et aussi l’exigence du métier (au-delà du niveau Ligue, un arbitre ne peut pas être joueur), Cindy et Sylvia ont même laissé de côté leur facette de joueuse pour conserver uniquement leur costume de chef d’orchestre du jeu.

 
« Les joueurs(ses) ne connaissent pas les règles »

Avec le recul, cette expérience au sifflet est plutôt bénéfique sur le plan personnel : « Quand j’ai commencé, je ne savais pas m’imposer. Mon passage à la section sportive (de Bréquigny) a été pour moi très formateur, j’ai amélioré mon potentiel, mes connaissances théoriques. J’ai travaillé sur ma personnalité. Cela m’a fait mûrir. Aujourd’hui, je m’impose », constate la jeune arbitre bretonne.

Au-delà des bienfaits personnels, cette formation à l’arbitrage a permis à Cindy Le Dissez de se rendre compte de son manque de connaissance sur la discipline qu’elle pratiquait : « En tant que joueur on ne connait pas du tout les lois du jeu, et on n’a jamais vraiment été formé à ça. On connait les règles de base du foot, mais toutes les particularités on ne les connait pas. Cela m’a permis de découvrir tout cela ».

 

 

Un rapport avec les joueurs(ses) différent

Lorsque ces femmes dirigent des rencontres masculines, la relation joueur / arbitre est quelque peu différente de ce que l’on peut voir sur les terrains de Ligue 1 ou Ligue 2. « Je ne pense pas qu’il y ait de grosse différence. Mais on est plus respecté par les garçons, quelques fois un joueur ne dirait pas quelque chose de déplacé alors que face à un arbitre homme… », confie Sylvia Philion. Même son de cloche pour Cindy : « Je trouve que c’est mieux quand on est une femme, il n’y a pas le rapport de force entre hommes. Ils vont moins oser nous rentrer dedans entre guillemets, il y a plus de respect, ils font attention à ce qu’ils disent. »

Si le dialogue est plutôt correct avec les joueurs, il n’en va pas de même avec les spectateurs qui sont parfois très vindicatifs envers l’arbitre lors d’une rencontre notamment au niveau amateur où la proximité, derrière la main courante, peut renforcer une certaine « pression ». « Sur un match, le public était vraiment chaud en Coupe de Yvelines. C’était assez compliqué, mais quand on arbitre on se met dans notre bulle et on ne prend pas personnellement les insultes ou les attaques. Ils insultent le personnage mais pas la personne », se souvient Cindy Le Dissez.

 

Dans un contexte où l’arbitrage français est parfois très décrié et a perdu de sa crédibilité, le sifflet attire moins. Mais avec un football féminin qui se développe au sens large, les femmes seront aussi plus nombreuses à orchestrer des rencontres du district à la Division 1. Il faudra donc une relève de qualité. En attendant, Sylvia va s’attaquer à l’examen de niveau Ligue, Cindy au niveau fédéral 2. Leurs prestations donneront peut-être l’envie à d’autres joueuses de changer de maillot.

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