Obliger un joueur sexiste à arbitrer un match féminin ? Le Fortuna Düsseldorf y réfléchit…

Le milieu de terrain turc Kerem Demirbay, 22 ans, pourrait être condamné par son club, le Fortuna Düsseldorf, à arbitrer un match de football féminin après des propos sexistes…

 

 

 

 

 

 

« Je pense que les femmes n’ont rien à faire dans le football masculin. » A ainsi réagi Kerem Demirbay lorsque Bibiana Steinhaus, 36 ans, lui a infligé un second carton jaune synonyme d’expulsion, le 29 novembre, lors d’un match entre le Fortuna Düsseldorf et le FSV Francfort (deuxième division allemande).

 

Faute banale, sanction originale

Kerem Demirbay est certes un ancien international espoirs de l’équipe de Turquie (U-19, U-20 et U-21), mais Bibiana Steinhaus est beaucoup plus expérimentée que lui. Et à plus haut niveau. L’Allemande, par ailleurs ancienne footballeuse, est une des femmes les plus capées du corps arbitral mondial. Sa carte de visite inclut les finales féminines de la Coupe du monde 2011 et des JO 2012, qui ont toutes deux vu s’affronter le Japon et les États-Unis.

Le jeune Demirbay s’est aussitôt confondu en excuses sur Facebook, affirmant que ses propos ne reflétaient pas ce qu’il pense des femmes. La Fédération allemande de football (DFB) n’en a pas moins diligenté une enquête sur le comportement du jeune Turc. Sans préjuger des éventuelles sanctions fédérales à l’encontre du joueur, le Fortuna Düsseldorf a très vite réagi lui aussi. Le président du club par intérim, Paul Jäger, suggère que Kerem Demirbay soit contraint d’arbitrer un match de football féminin. Histoire de lui mettre un peu de plomb dans la cervelle et de lutter, par la même occasion, contre le sexisme dans le football.

Des matches de suspension ? La fédé allemande l’envisage certainement. Obliger un joueur tenant des propos sexistes à arbitrer un match féminin ? Ce serait peut-être une première en Europe. Le cas échéant, cette « sanction » supplémentaire aurait un effet médiatique retentissant. Ce serait aussi beaucoup plus efficace, pour lutter contre le sexisme en milieu sportif, que n’importe quel beau discours.

 

Un silence coupable

Sauf que juridiquement cela n’est guère possible, du moins pas à haut niveau. Car dans les rencontres d’un certain rang, on ne met pas sur le terrain des arbitres sans diplôme ni expérience. L’idéal serait d’organiser, le jour même où le Fortuna Düsseldorf évoluera sans Kerem Demirbay, un match (soit de petit niveau, soit de préférence une rencontre amicale de prestige) en lever de rideau, avec le même Demirbay au sifflet.

Et en France ? L’entraîneur de Valenciennes vient de prendre quatre matches de suspension (dont deux matches ferme) pour des paroles similaires. David Le Frapper avait contesté, le 30 octobre dernier, une décision de l’arbitre Stéphanie Frappart en tenant des propos sexistes à l’ironie douteuse. C’est frappant, mais les propos sexistes de Le Frapper contre Frappart ne lui vaudront pas de devoir arbitrer un match de foot féminin. Le club n’y a pas pensé, la fédé n’y a pas pensé.

 

Non à la discrimination !

Et Karim Benzema, s’est-il excusé après avoir traité – en privé, certes – un coéquipier de « tarlouze » ? Non. Le club n’y a pas pensé, la fédé n’y a pas pensé. Un match du Paris Foot Gay arbitré par Karim Benzema, cela n’aurait pourtant pas manqué de piquant. Sauf que ce club amateur, qui lutte contre l’homophobie dans le sport, « raccroche les crampons ». Victime de l’homophobie ambiante et de promesses financières non tenues.

En France, on privilégie trop souvent une seule arme – la plus inoffensive – contre le sexisme, le racisme et l’homophobie dans le sport : les beaux discours. Ces belles paroles ne suffisent pas, même si une peine de suspension est infligée en cas d’insultes avérées. Une sanction au symbolisme fort ne serait pas inopportune en plus des matches de suspension. Sans oublier, bien sûr, une sanction financière vraiment dissuasive.

 

 

Crédit photo : Twitter/haberiyakala

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