Mondial 2015 : Mais quel intérêt ?

Les nouvelles journées qualificatives pour le Mondial canadien n’ont réservé aucune surprise. Les favoris en lice ce week-end et en milieu de semaine ont tous maîtrisé leur sujet de bout en bout, pour ne pas dire écrasé. Des résultats logiques, trop peut-être, qui posent la question du véritable intérêt de ces duels à sens uniques. Cela dessert-il le football féminin ?

Dérouillées, scores fleuves, démonstrations… Appelez ça comme vous voulez, le résultat est le même. Les nations dominantes de la zone Europe ont toutes déroulé cette semaine lors de leurs matches qualificatifs pour le Mondial 2015 au Canada. De quoi alimenter davantage les railleries à l’égard du football féminin. Sans surprise, les détracteurs de la discipline ne se sont pas fait prier pour en remettre une couche à l’issue des deux victoires explosives de la France contre la Bulgarie notamment (10-0 ; 14-0). A tort ou à raison, le sujet doit être soulevé.

 

Des scénarios prévisibles

 

Dans ces rencontres qualificatives déséquilibrées opposant formations professionnelles et amatrices, deux scénarios ressortent régulièrement. Le premier met en scène une équipe jouant le tout pour la défense, l’objectif étant de ne pas prendre une valise.

 

Le second scénario, un poil plus drôle, étant le festival de buts tuant tout suspense à peine le match entamé. Les Bulgarie – France de samedi et de jeudi en font une parfaite illustration, avec un 4-0 pour les Bleues après seulement dix minutes de jeu à l’aller, et 5-0 en autant de temps au retour. Dans le même temps, les Pays-Bas faisaient de même face à la Grèce (7-0), scorant à quatre reprises en l’espace d’une mi-temps. Même chose pour l’Allemagne et son 8-0 en Croatie.

 

 

Trop de buts tuent les buts ?

 

Difficile de reprocher à une équipe de football de marquer trop de buts, et pourtant… Lorsque les Allemandes mènent sept à zéro sur le terrain des Slovènes à la pause, on est en droit de se demander en quoi la seconde période nous captivera. Avec 40 buts plantés en 5 journées – soit une moyenne de 8 pions par partie – et toujours aucun encaissé, les sorties de la Frauen-nationalmannschaft ressemblent plus à des matches de baby-foot qu’à des rencontres qualificatives pour un Mondial. Les 4 buts inscrits après 6 minutes de jeu par l’équipe de France face à la Bulgarie jeudi soulèvent le même problème.

 

Il parait que ces buts marqués trop facilement et en masse rendent les performances sportives « lassantes » et sans saveur ? On pourrait nous expliquer que l’unique but de Giroud face à l’Espagne nous a plus fait vibrer que les dix inscrits par les Bleues en Bulgarie. On serait alors tenté de répondre que la frappe sous la barre d’Elise Bussaglia en quart de finale face aux Anglaises a provoqué plus d’émotions que l’ensemble des six pions plantés par l’équipe masculine contre l’Australie au mois d’octobre dernier…

 

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Pas une exclusivité

 

Vous l’aurez compris, ce phénomène de déséquilibre touche tous les sports, n’en déplaise aux détracteurs du ballon rond au féminin. Le deuxième scénario, évoqué précédemment, d’une équipe se heurtant à un rideau de fer en défense pendant 90 minutes est aussi monnaie courante chez les hommes.  L’équipe de France emmenée par Zinedine Zidane nous avait offert deux rencontres soporifiques, France – (endort) Andorre, en 98 et 99. Les Tricolores s’étaient notamment imposés en Principauté sur le plus petit des scores, grâce à un penalty transformé par Frank Lebœuf à la 87e minute !

 

Les scores les plus larges sont également de la partie durant les éliminatoires pour un Mondial masculin. La campagne pour le Brésil a notamment vu l’Ukraine battre Saint-Marin 8-0 et 9-0. La Bosnie a gagné 8-1 au Liechtenstein, les Pays-Bas 8-1 contre la Hongrie. Les filles devraient-elles s’excuser de faire le boulot alors qu’on ne le reproche pas à leurs collègues hommes ?

 

Le scénario du score fleuve, voire surréaliste , existe dans d’autres sports. Professionnel depuis pas si longtemps, le rugby est largement comparable au football féminin avec la même opposition entre les pros et les amateurs. Lors de la Coupe du monde 2003 en Australie, les Wallabies avaient étrillé la Namibie, 142-0 ! Lors de l’édition 2007 en France, la Nouvelle-Zélande avait corrigé le Portugal 108 à 13. Nous n’étions pourtant pas en phase qualificative, mais bien en phase finale d’une Coupe du monde…

 

Une différence de niveau inévitable due au manque de moyens ou au manque d’investissements d’une fédération ou d’une équipe. Les raisons sont multiples et propres à chaque sport, à chaque pays. Il faut reconnaître que le football féminin est particulièrement touché par ce phénomène de déséquilibre. Offrant parfois des spectacles aussi grotesques que nécessaires.

 

 

En quoi est-ce une nécessité ?

 

D’un côté, il y a des équipes favorites qui peuvent travailler les automatismes, les systèmes de jeu, tester de nouvelles choses ou tout simplement reprendre de la confiance, en battant des records par exemple… De l’autre, des formations qui progressent mécaniquement au contact des meilleurs.

 

L’exemple du rugby est là encore intéressant. L’Italie est passée par là notamment. Rencontrer la Squadra Azzurra il y a quelques années dans le Tournoi des 6 nations était quasiment un gage de victoire. Aujourd’hui, le XV de France reste sur deux défaites lors des trois dernières éditions du tournoi face aux Transalpins…

 

Une question de temps

 

« Il faut souffrir pour être beau ». Le football féminin n’échappera pas à la règle, et devra s’armer de patience pour offrir des éliminatoires et des tournois plus équilibrés dans l’avenir. En découlera par la suite un intérêt grandissant du public et des médias pour la discipline. Cette dernière semble toutefois sur la bonne voie, quoi qu’en diront les détracteurs. La preuve en est avec le début des éliminatoires pour la Coupe du monde 2015 où des nations comme la Belgique, l’Espagne ou la Suisse font sensiblement monter le niveau. Il faudra aussi que quelques réformes passent par là pour aider le foot féminin à grandir mondialement.

 

 

Crédits photos et vidéo: Frédérique Grando / footballeuse01 / makeagif.com / sporschau.de / eurosport

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