Mélissa Naudot, une éducatrice engagée au service du foot féminin

À 23 ans, Mélissa Naudot est éducatrice depuis six ans. Elle passe actuellement ses diplômes tout en travaillant avec des filles en club et en section sportive de collège. Avec l’envie de les faire progresser vers des structures qu’elle n’a jamais pu connaître.

 

 

 

 

 

On la retrouve en jogging, au bord du terrain où elle entraîne deux fois par semaine les filles en section sportive du collège Marie Curie de Troyes. Depuis l’année dernière, Mélissa Naudot, 23 ans, mène de front sa vie de joueuse, en DH à l’Estac, et sa vie d’éducatrice de football. « J’ai commencé à 17 ans, comme adjointe de notre éducateur pour gérer les maillots, les feuilles de match », explique la jeune femme.

C’est Thierry Blanchot, le responsable des féminines de l’Estac qui lui a proposé. Elle a accepté. « Franchement je n’y avais jamais pensé avant. Moi je voulais être footballeuse professionnelle, mais j’aime gérer un groupe et petit à petit, à force de voir un peu de l’intérieur la gestion d’une équipe, ça m’a donné envie ». Au point de refuser un contrat de joueuse aux Etats-Unis, à l’université d’Unoh, où elle aurait pu partir aux côtés de Laura Blanchard. « Je n’étais pas prête, je suis attachée à mon département, à ma vie ici… »

Au même moment l’Estac lui propose un contrat de deux ans pour passer ses diplômes d’éducateur. « Je voulais jouer et former des jeunes en même temps. Bien sûr là-bas j’aurais eu des infrastructures géniales, connu une vraie qualité de jeu, et appris l’anglais (« ça, je le ferais un jour », promet-elle!) mais j’avais commencé à m’investir ici dans la formation, et ça me plaît ». Elle sort le carnet sur lequel la séance d’entraînement du jour est préparée, « je préfère écrire pour ne rien oublier » avoue-t-elle, consciencieuse, alors que les collégiennes arrivent et la « checkent » tout en finissant des poignées de pâtes chinoises en guise de goûter.

 

Corinne Diacre dans un coin de la tête

Au collège Marie Curie comme à l’Estac, elle discute énormément avec Thierry Blanchot pour faire progresser ses joueuses. « Il a été mon éducateur, et il est mon tuteur pour le BMF (brevet de moniteur de Football, ndlr) ». Mélissa n’a jamais eu d’éducatrice. Les femmes sont encore très minoritaires dans la formation du football français. À ce titre, Mélissa fait figure de perle rare puisque à l’issue de la saison 2015-2016, elles n’étaient qu’un peu plus de 1 000 à exercer (26.3% d’augmentation par rapport à 2014-2015, ndlr). « J’ai eu mon père d’abord, les années où je jouais à l’ASPTT de Troyes, puis à l’Estac, Hervé Vincent, qui entraîne aujourd’hui les lycéennes, Loïc Feugey, très exigeant et strict, et Thierry Blanchot, plutôt quelqu’un de pédagogue » analyse-t-elle.

Tous lui ont appris des manières de manager différentes. « Je n’ai pas un modèle en tant qu’éducateur, même si bien sûr j’aime beaucoup Corinne Diacre. C’est une femme d’abord, et elle a réussi à percer dans le monde du foot masculin. » Si on lui proposait le challenge, elle ne refuserait pas. « J’avance petit à petit, il faut que je valide mon BMF, j’espère valider le BEF (brevet d’entraîneur de football, ndlr) et devenir responsable d’une école de foot. Dans un premier temps, ce serait super ! »

La tête sur les épaules, Mélissa Naudot a aussi validé un BTS assistante de gestion avant de se consacrer complètement au foot. « Je l’ai passé en alternance dans une boîte de céréales la première année et de charpente la deuxième… rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui, mais j’ai appris les bases de la gestion et ça me sert ! » reconnaît-elle en nous montrant les questionnaires et livrets qu’elle a préparés pour les petites de l’école de foot. Ses tableaux de progression en jonglage pied gauche, pied droit, tête, et son calendrier de résultats de match illustrent son envie de les faire progresser.

 

 « Si un jour j’ai une fille, elle pourra devenir pro, il y aura les infrastructures »

«  À mon époque, il n’y avait pas de pôle pour les filles. Aujourd’hui, il n’y en a pas assez, mais ça existe : elles n’iront pas toutes dans ces structures bien sûr, mais on doit leur permettre de progresser ». Elle veut contribuer à développer les structures du foot féminin en France. « Au début tu penses à toi, au fait que tu n’as pas pu devenir pro… puis ça change. Je n’ai pas toujours évolué dans un milieu riche (en infrastructures), mais je me dis que si un jour j’ai une fille, elle pourra le vivre pour moi ! ».

Alors elle s’investit. À fond. En plus de son contrat au club, des entraînements au collège et de ses propres entraînements et matchs, Mélissa Naudot fait partie de la commission football féminin au district de l’Aube, jusqu’alors à la traîne en matière de foot féminin, et est la référente des féminines au comité directeur. « Je n’ai pas de mari ou d’enfants donc j’ai le temps… ». Le lundi elle est aussi en cours avec les joueurs pro de l’Estac pour le diplôme d’éducateur. Elle est la seule fille. Ici, l’entraînement commence. Jonglages, conduite de balle. « Elles sont jeunes donc on ne fait pas encore beaucoup de physique, j’accentue sur la technique plus que la tactique : elles ne sont pas dans un parcours professionnalisant donc on ne doit pas les dégoûter ».

Les filles l’écoutent. « La pédagogie, c’est plus avec les parents qu’on en a besoin… » 18h. L’entraînement se termine. Elle reprend sa casquette du district pour une réunion. Une formation pratique au jour le jour.

 

 

 

 

 

Crédit photos : Lucie Tanneau

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