Marinette Pichon, de la finition à la transmission

Prévue du 8 au 13 juillet prochain à Romans-sur-Isère, la première édition de la « Football Academy by Marinette Pichon », dirigée par la star tricolore, va pouvoir permettre à des jeunes filles de 8 à 16 ans d’apprendre, mais surtout de partager la passion du football. Une mission de plus pour l’infatigable recordwoman de buts en Equipe de France.

Il y a au moins un domaine où Eugénie Le Sommer a été en avance sur Marinette Pichon : Celui des stages de foot ! Après l’attaquante de l’OL, qui a lancé le sien en décembre dernier, au cours d’un week-end destiné aux amatrices de 7 à 14 ans, c’est la figure de proue du foot pratiqué par les femmes qui a décidé de se lancer dans l’aventure, en proposant un stage pour des filles de 8 à 16 ans, en juillet prochain, à Romans-sur-Isère. « On est sur une formule différente », précise l’ancienne cannonière de Saint-Memmie et Juvisy. Car c’est une semaine d’apprentissage et de découverte, « dans les conditions d’une équipe professionnelle », que propose Pichon, qui a décidé de revenir de plein pied dans le foot, une discipline qu’elle n’a jamais vraiment quittée.

 

Le prolongement d’un projet plus global

En abandonnant ses fonctions de directrice générale du FCF Juvisy, en juin 2017, après 4 ans passés dans le club de l’Essonne comme dirigeante, l’ancienne internationale n’est pas restée loin du monde du sport. D’abord responsable communication et évènementiel au sein du conseil départemental de l’Essonne, elle est désormais responsable du pôle de secteur des accompagnements du sport essonnien, « qui a vocation à accompagner les clubs et les atlhètes de haut niveau dans la structuration et dans leur double-projet », comme le prône le tout nouveau Paris FC féminin, nouveau nom du club sextuple champion de France.

Après quelques mois passés loin des terrains, Marinette Pichon a donc été finalement appelée à y revenir par une de ses connaissances, rencontrée au centre de droit et d’économie du sport de Limoges, où elle a acquis son diplôme de manager général des clubs sportifs et professionnels. Ancien entraîneur d’Aix-en-Provence, Montpellier et Limoges, au plus haut niveau, Didier Servant n’a à l’origine aucun lien particulier avec le foot. Désormais cadre technique pour la Fédération Française de Basket-Ball dans la Drôme, il est pourtant celui qui est à l’origine de l’organisation de cette « Football Academie by Marinette Pichon ». D’abord pensé pour le basket, avec comme tête d’affiche la basketteuse Céline Dumerc, icone de l’équipe de France, ce projet s’est bien développé depuis son lancement, à l’été 2015.

« Ca m’a semblé être la meilleure ambassadrice possible »

« Lorsque je travaillais avec l’équipe de France, j’avais discuté un peu avec Céline sur ce qu’elle souhaitait faire plus tard. Je lui avais dit que devenir formateure/entraîneuse plus tard était une possibilité, et que tant qu’à faire, elle aurait pu monter un camp d’été, avec des jeunes, pour voir comment ça se passe. On a appelé ça le camp « No Limit » de Celine Dumerc. Parce qu’elle était réputée pour ne pas avoir de limite dans ses exploits, et dans sa carrière », raconte cet ancien scout pour les « Braqueuses », surnom de l’équipe féminine de basket française. Les demandes pour tâter la balle orange affluent, et les organisateurs ont même été obligés de fixer une limite de 180 participantes, « pour privilégier la qualité à la quantité ».

« L’année dernière, on a accueilli le volley ball, avec Victoria Ravva, qui a longtemps été la meilleure joueuse française », poursuit Didier Servant, qui insiste aussi sur la présence du non moins réputé entraîneur chinois Yan Fang, qui a notamment glané… 20 titres de champion de France avec l’AS Cannes, et qui ont inauguré l’été dernier le premier stage destiné à la discipline, qui regroupe 80 filles. « C’est là qu’est venue l’idée du foot », raconte Servant, pour qui le nom de Marinette Pichon sonnait comme une évidence : « Puisque le basket est très impacté par les USA, c’est vrai que le fait qu’au-delà de l’équipe de France, Marinette ait eu un parcours américain, ça m’a semblé être la meilleure ambassadrice possible ». Surtout que c’est au pays de l’Oncle Sam, où elle a joué pour Philadelphie et New Jersey, que pour la première fois, lui vient l’envie de transmettre son savoir sur les rectangles verts aux plus jeunes. « J’avais pensé à ouvrir des stages, puisque j’entraînais des gamines dans la banlieue de Philadelphie, mais je n’ai pas eu ma carte verte (permis de travail américain, NDLR) ! », rappelle la joueuse.

Sylvestre, Dernis, Tonazzi et Sembrant sont attendus

Avec ce stage, Pichon s’adresse à tout le monde, des joueuses confirmées à celles qui veulent découvrir la discipline : « Je ne suis pas là pour former des futures internationales, par contre si on en a une on ne se plaindra pas (sourires) ! Il y a une philosophie de découverte et de partage, d’enrichissement », explique Marinette Pichon, qui complète : « Le but c’est de découvrir les coulisses du haut niveau, échanger avec les autres disciplines », précise aussi la consultante pour France Télévision, qui rappelle que le staff qui l’accompagnera (entraîneurs, kinés), ainsi que les infrastructures, répondront aussi à cette exigence du haut niveau. « On a des amis qui vont passer, comme Mikaël Silvestre, Joffrey Dernis, Laëtitia Tonazzi, ou d’autres internationales comme Linda Sembrant, rajoute-t-elle. On va créer des échanges et on aura aussi des jeux concours, des petites soirées animées… Tout ça pour faire en sorte que cette semaine soit la plus vivante et la plus enrichissante, à la fois sur le plan sportif et sur le plan humain ».

« A un moment, il ne faut pas rêver, en une semaine de stage on ne va pas changer les gens sur le plan technique. Par contre si on ne se trompe pas dans le message, on peut leur donner le carburant, en termes de motivation, qui peut les emmener très loin, image Didier Servant. C’était aussi important de regrouper uniquement des filles ensemble. Parce que je pense que les filles qui ont 13, 14, 15 ans, qui sont en pleine adolescence, il suffit qu’il y ait un regard masculin, et elles ne se livrent pas à fond. Les rassembler entre elles, ça leur permet de les mettre en confiance, en tant que pratiquantes ».

« J’ai besoin d’objectifs ! »

« Ce sera une belle fête du sport », se réjouit Damien Got, adjoint au maire chargé des sports de Romans-sur-Isère, qui rappelle la forte tradition du sport pratiqués par les femmes dans cette commune du nord-est de Valence. Avec par exemple la création cette année d’une équipe féminine de football dans le club de la Persévérance Sportive Romanaise. Et l’élu de rappeler le dévouement des lycées (qui louent leurs dortoirs), et de l’ensemble du territoire, en faveur de ces trois initiatives. Et le projet pourrait s’exporter ailleurs que sous le beau soleil de la Drôme, au stade de la Paillère, où les 81 premières stagiaires (en référence au nombre de buts inscrits par Marinette Pichon en équipe de France), sont attendues cet été. Car les inscriptions, ouvertes depuis le 26 janvier, ont déjà attiré pas mal d’envieuses : « L’idée c’est que chaque année, on puisse aller ailleurs, leur faire découvrir de nouvelles facettes de l’entraînement, prendre un maximum de plaisir et pourquoi pas organiser des stages à l’étranger aux Etats-Unis, en Norvège, Haïti… ». Et déjà, pourquoi pas en Ile-de-France, ce qui permettrait à des familles plus modestes d’initier d’une autre manière leurs bambins au ballon rond. « Pourquoi pas faire des tournois, des journée de détection en lien avec les clubs pour développer la féminisation… Je souhaite aussi intégrer d’anciennes internationales à mon encadrement », planifie déjà l’attaquante aux 112 sélections en Bleues.

De quoi lui donner un peu plus de pain sur la planche, elle qui n’est pas décidée à souffler tout de go : « Je pourrais très bien avoir juste un boulot, mais j’arrive à gérer. Je crois que j’ai besoin d’avoir des challenges, là je sors mon livre le 5 avril… J’ai ma famille, ma stabilité, mon équilibre, et puis derrière j’ai besoin d’objectifs pour me sentir vivante ! ». Pas étonnant donc, que son autobiographie s’appelle… « Ne jamais rien lâcher ». Une belle philosophie de vie à transmettre à de futures privilégiées !

Tous propos recueillis par Vincent Roussel

 

Crédits photos : Capture d’écran Facebook / AFP / capture d’écran twitter Fabien Lévêque 

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