Marilyn Fort, le coeur de Soyaux

Depuis 38 ans Marilyn Fort écrit l’histoire du club de Soyaux. L’ancienne gardienne de but a toujours été une bénévole motivée et engagée dans son club pour « couper les citrons » comme au poste de Présidente. Alors que l’ASJ Soyaux a fêté ses 50 ans dans une superbe ambiance le week-end dernier, Foot d’Elles a souhaité mettre le club et sa Présidente en lumière. Dans les 11 Foot d’Elles, Marylin Fort n’est plus gardienne, mais n°10 ! Portrait.

Elle a 43 ans de football derrière elle. Depuis ses débuts à l’Entente rochelaise à 15 ans, Marilyn Fort n’a jamais quitté les terrains. « J’étais déjà très sportive avant de commencer le handball, athlé, tennis… Jusqu’à ce qu’une amie me propose d’aller avec elle au foot, à La Rochelle », raconte la désormais Présidente du club de D1 de Soyaux. « Il y avait peu de volontaires pour jouer dans les buts, moi j’aimais tous les postes alors j’ai dit ok et c’est comme ça que je suis devenue gardienne ». Elle devient rapidement meilleure que les anciennes et est sélectionnée en Ligue du Centre-Ouest.

En 1981, elle rejoint le club de Soyaux, créé en 1968 au sein de l’AS Soyaux et déjà un des meilleurs clubs de France. « C’était naturel de venir à Soyaux pour rejoindre le niveau national ». Même si elle avait entamé peu avant une idylle avec Claude Fort, également ancien Président de Soyaux et depuis quarante ans, lui aussi, un bénévole exemplaire, Marilyn l’assure, « elle est venue pour le côté sportif ». Un choix qui a changé sa vie.

Une période magnifique malgré les moqueries de certains hommes

En 1982, l’AS Soyaux décide de fermer la section féminine. Aussitôt, les joueurs, bénévoles et dirigeants présents montent « leur club », un club 100% féminin : l’ASJ Soyaux.

Deux ans plus tard, l’équipe est championne de France, avec Marilyn Fort dans ses buts. « C’était une période magnifique » se souvient-elle, « même si certains hommes ricanaient et venaient nous voir jouer plus pour s’amuser, sans aucun respect pour le sport. » En les prenant pour des garçons manqués, « ce que j’étais », reconnaît Marilyn Fort.

« C’est le foot qui m’a appris que c’était important d’être un peu féminine, justement pour défendre le sport féminin », analyse-t-elle aujourd’hui. A l’époque, elle n’y pense pas et se donne à fond… jusqu’à « se faire les croisés » en 1982, refuser de se faire opérer, rejouer… et finalement se faire opérer ! « Puis en 1986 je suis tombée enceinte. J’ai repris le foot, mais c’était compliqué… » Puis Marilyn et Claude ont un deuxième enfant. Les deux filles, Manon et Fabiola ont d’ailleurs elles aussi rejoint l’ASJ Soyaux. « Mais elles ne sont pas passionnées, je crois qu’elles ont plus souffert du fait que nous étions très engagés », reconnaît la maman.

Enceinte, elle entraine la nouvelle gardienne

Car même enceinte, puis jeune maman, Marilyn ne quitte pas les terrains. « J’avais souffert de ne pas avoir d’entrainement spécifique, donc j’ai entrainé la jeune gardienne qui m’a remplacé, sans avoir forcement les aptitudes mais avec mon expérience », poursuit-elle. A cette époque, elle occupe tous les postes au sein du club, « coupe les citrons », « prépare les collations », « colle les affiches ». Puis en 1996, elle devient Présidente. Elle le restera 10 ans. « En 2006, je me suis dit que je ne pouvais plus rien apporter de plus, alors j’ai demandé à Denis Bodi de reprendre ». Elle est restée vice-présidente, puis trésorière. Toujours dans les bureaux, ou sur le bord des terrains les jours de matches.

« Pour moi, il n’y a pas un poste plus valorisant qu’un autre. On a besoin de tous les bénévoles, c’est eux qui font tourner le club. L’important est de s’éclater dans ce que l’on fait », jure-t-elle. On sent la passion. Du ballon. Des joueuses. De l’engagement. « Mes parents ont toujours été engagés en dehors de la maison et de leur travail. Pour moi c’est inné, c’est dans mon ADN », reconnaît l’ancienne assistante informatique à la CPAM d’Angoulême, retraitée depuis 2015. Enfant, elle voit son père « réparer les filets et graisser les ballons ». Aujourd’hui, elle passe toute son énergie dans le club. « On n’a pas le temps de prendre des vacances », avoue-t-elle.

« C’est quelqu’un de très agréable, charmant, et très motivé et concerné », confirme Sébastien Joseph, le coach de l’équipe 1, arrivé l’an dernier au club. « Elle fait les choses avec passion, elle est imprégnée par le club et son histoire », complète-il. « Mais, elle a toujours dit que techniquement elle ne s’y connaissait pas et si on parle parfois des performances des filles, elle nous laisse carte blanche, avec une grande confiance », remercie le premier non-Charentais à la tête du club ! « C’est agréable de ne pas être remis en cause et je crois que c’est une des forces du club que d’avoir à toutes les strates – bénévoles, bureaux, dirigeants, joueuses…- des gens qui sont au club depuis très longtemps », conclue-t-il.

« On a pas eu le temps de s’adapter au changement du foot féminin »

Et même si aujourd’hui la professionnalisation du foot féminin la dépasse un peu, elle ne veut pas lâcher. « Je suis de nouveau Présidente depuis février 2017, le temps de remettre le club dans le droit chemin », reprend Marilyn Fort qui espère passer la main au plus vite. « Tout a changé a 200% alors je crois qu’on a besoin de quelqu’un qui connait mieux le milieu professionnel », justifie-t-elle. L’ASJ Soyaux, 5e du championnat de D1 à l’issue de cette saison, compte en effet désormais une vingtaine de salariés, a fait signer quelques contrats à des filles, qui ont désormais presque toutes un agent, la médiatisation et les transferts ne se font plus comme avant… « On essaie de faire les choses bien, mais ça demande beaucoup d’énergie », admet la Présidente qui a décidé de mettre en place un plan de formation, « car on sait que c’est compliqué après le foot pour les filles qui n’ont pas de diplôme ». Elle se réjouit par exemple que Marie-Aurèle Awana, qui jouera au Dijon FCO la saison prochaine, ait obtenu son CAP Vente.

L’époque Corinne Diacre

Dans sa voix, on sent sa passion pour le club. Elle raconte avec émotion mais sans nostalgie l’époque de Corinne Diacre, qui a effectué toute sa carrière à Soyaux. « Elle a apporté au club son professionnalisme », remercie Marilyn Fort. Pour elle, il n’y pas que le résultat qui compte, il faut avant tout une ambiance de plaisir dans le club « sinon les bénévoles ne restent pas ». Elle regrette d’ailleurs que certaines filles perdent un peu l’esprit d’avant. « Mais on va leur en parler, c’est pas possible de passer devant un bénévole sans dire bonjour ! » insiste la Présidente.

Marilyn Fort reste motivée même si le milieu ne correspond plus à ce qu’elle a connu et aimé autrefois. « Ca a changé très vite et on n’a pas eu le temps de s’adapter à tous ces changements qui peuvent créer des choses pas très saines dans le club », confesse-t-elle. Elle répète. « Mais on va s’adapter, ce qui compte c’est les bénévoles, pour emmener les filles le plus haut possible. On va recadrer les choses pour faire que tout le monde se sentent bien, dirigeants, amateurs, et professionnelles ». Marilyn Fort est la Présidente de cent cinquante licenciées, deux équipes séniors, quatre équipes de jeunes et de l’école de football. Pas que des pro. Un vrai défi que d’harmoniser ce petit monde. Mais Marilyn Fort n’a jamais eu peur des défis, et l’ASJ Soyaux, quinquagénaire, devrait encore avoir de belles années devant lui.


Toutes les actualités de l’ASJ Soyaux : www.asjsoyauxcharente.com

Crédits photos : Marylin Fort, ASJ Soyaux

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