Margot Dumont : « Avec le foot, je suis insupportable ! »

Revenue au club du FF Issy, en deuxième division, cet été, Margot Dumont a pu renouer pleinement avec sa passion, que son métier de reporter / consultante lui avait laissé peu de temps d’exercer ces dernières années. Pour Foot d’Elles, elle a accepté de balayer un large panel de sujets, dont son escapade à Bordeaux cet été, et sa folle vie de joueuse-journaliste.

 

 

En août dernier, vous avez effectué plusieurs jours en immersion avec la section féminine de Girondins de Bordeaux…

Margot Dumont : « En fait c’était plutôt une invitation du club, une idée du community manager qui a fait remonter ça à la direction du club (Ulrich Ramé et Arnaud Viodé notamment), que j’ai accepté. Ils ont appelé ça un test par ironie, mais ce n’était pas le cas. Je me suis juste entraînée une semaine pour me remettre à niveau physiquement, et faire profiter de mon exposition au groupe à travers les réseaux sociaux.

 

Comment cela s’est passé ?

J’ai fait trois entraînements, dans une ambiance vraiment très sympa, dans de très bonnes conditions. Ça m’a permis de faire parler de la section féminine donc c’était top. J’ai vu le président de Guingamp (Bertrand Desplat, NDLR) sur un match, et il m’a dit qu’il avait vu mon initiative. Du coup maintenant il veut que je fasse la même chose à Guingamp (sourire). Ça me dirait bien, c’est sympa ! Faire le tour des clubs de D1 c’est toujours intéressant ! 

Et cette équipe de Bordeaux, comment l’avez-vous trouvée ?

Je ne m’attendais pas à un tel niveau. Il y a quelques filles qui jouent en équipe nationale, des joueuses qui viennent de tous les horizons… J’étais impressionnée. Et puis on sent un coach (Jérôme Dauba, NDLR) qui est passionné. Les installations sont magnifiques, elles ont un intendant qui les accompagnent et leur facilitent la tâche, ce sont des conditions de professionnel. Moi je me sentais comme une pro ! Parfois même on partageait le terrain synthétique des pros, il y avait Jocelyn Gourvennec (l’entraîneur des Girondins, NDLR) qui venait nous voir à l’entraînement.

 

Depuis, on a appris votre retour à Issy les Moulineaux, club dans lequel vous aviez déjà évolué dans le passé. Pourquoi avoir pris cette décision ?

En fait, le coach m’a appelée il y a quelques semaines de cela. Il m’a dit qu’il était à la recherche d’une attaquante, et le courant est assez bien passé avec lui. C’est Yacine Guesmia, qui a pris la suite de Nicolas Gonfalone, celui qui m’a lancé en D1. Cette année, mon planning a évolué puisque je ne m’occupe plus de la Ligue 2. Je dois encore travailler le dimanche pour la Ligue 1 mais je vais essayer de me libérer à l’occasion de quelques matches. Et puis ce « stage » à Bordeaux m’a fait réaliser à quel point tous les tests physiques, les entraînements, les exercices, le haut niveau… Tout me manquait. C’est pour ça que j’ai rappelé Yacine.

 

Vous avez un attachement particulier au FF Issy…

Oui forcément, parce c’est le club qui m’a donné l’opportunité de jouer en première division, une joie qui n’est pas donnée à tout le monde… (les souvenirs lui reviennent, NDLR) Surtout mon premier match, contre Toulouse, où on gagne 4-2 (en 2012-2013, NDLR) ! C’était notre première victoire de la saison si je me souviens bien, donc forcément ce club a une place particulière dans mon cœur.

 

D’une manière plus globale, que gardez-vous de cette première expérience ? 

Que j’ai vécu une première année totalement folle et inattendue. Je venais d’arriver à Paris, et je me rappelle avoir cherché s’il y avait un club pas loin… Donc je m’inscris à Issy, puis ils me mettent avec la DH, alors je me dis : « Très bien ». Et puis au bout de cinq mois, David Remisse me fait monter dans le groupe D1 pour que je m’entraîne. Puis malheureusement il est remercié et c’est « Nico » [Gonfalone] qui me fait jouer quelques matches de D1. C’était incroyable ! L’autre souvenir que je garde c’est que j’ai pu jouer avec Inès Jaurena, qui maintenant est à Juvisy (Paris FC), qui cartonne et qui est même appelée en équipe de France. C’est sympa d’avoir pu évoluer aux côtés de joueuses comme ça.

 

Concrètement, comment s’organise votre emploi du temps ?

Je n’ai pas de vie (rires) ! Non mais c’est très simple, le lundi, je fais ma chronique dans « Le décrassage de Luis » vers 19h, lors de l’enregistrement. J’ai mon sac de foot qui est déjà prêt comme ça dès que j’ai fini je file à l’entraînement, même si souvent j’arrive en retard. Le mardi je pars généralement en reportage, je prends train qui me fait rentrer pile poil pour l’entraînement et j’y arrive en toute vitesse en taxi ou avec ma voiture. Le mercredi généralement je suis au repos donc je peux m’entraîner, le jeudi je termine le montage et après je peux m’entraîner aussi… Donc oui basiquement c’est travail-entraînement-dodo. Il y a plein de copines qui m’ont demandé quand on pourrait se voir, mais moi j’ai été obligé de leur dire : « Cette année ça va être compliqué ! ». Mais bon tant que je suis en âge de jouer, je joue. Je ne veux pas avoir des regrets après !

 

Le foot, c’est un moteur ?

Exactement. Moi je suis insupportable (sourire) ! Je me lève, je mets des matches de foot, je vais au bureau, je parle de foot, et puis je vais à l’entraînement, ensuite je rentre et j’en profite pour voir un match de Ligue 2… Je vis foot quoi ! C’est ma passion. Souvent on me dit de faire autre chose mais même en vacances je ne décroche pas ! Je suis partie aux Maldives, tous les soirs on jouait avec les gars de l’hôtel. Je vais au Etats-Unis, je me connecte à une appli pour trouver une équipe et résultat deux fois par semaine on faisait des matches… donc je ne m’arrête jamais !

 

Elle vient d’où cette passion ? 

Ce sont mes cousins qui m’ont mise dedans. Mes parents détestent ça, ma mère a grandi dans une famille aristo en Allemagne, le football n’était pas du tout un sujet de conversation. Ce sont mes cousins qui, quand j’avais 6 ans, m’ont emmenée à Gerland. Ils me prenaient sur leurs genoux au stade, dans le bus pour aller au stade, et ça m’a pris. Donc merci à eux ! (rires)

 

 

Après un Euro 2016 mitigé, et à l’approche des Coupes du Monde 2018 (U20) et 2019, est-ce que le sport féminin est reconnu à sa juste valeur selon vous ?

Oui je pense quand même. Il y a beaucoup de personnes que je ne connais pas qui me parlent de foot féminin, ce qui n’arrivait pas forcément avant, donc on sent que ça commence à devenir vraiment populaire. Que les matches de l’équipe de France passent sur des chaînes nationales… franchement je pense qu’on est sur une bonne pente, il manque maintenant quelques bons résultats en compétition internationale pour conclure tout ça, parce que si on a une équipe de France en finale d’un Euro, c’est sûr que ça intéresse plus que s’il elles s’arrêtent en quart.

 

Et que pensez-vous de l’arrivée de Corinne Diacre en équipe de France ?

C’est une super nouvelle ! J’ai pu la côtoyer par mon travail lorsqu’elle était avec Clermont en Ligue 2, et elle m’a fait une très bonne impression. C’est une excellente coach, une très bonne manager aussi, et je pense que c’est une bonne nouvelle pour l’équipe de France, puisqu’elle connaît la plupart des filles pour les avoir eues lors de leur formation à Clairefontaine.

 

 

C’est également une belle avancée de voir une femme à la tête de l’équipe de France de foot…

Elle a fait ses preuves en Ligue 2, donc elle n’arrive pas de nulle part non plus. C’est bien qu’elle ait fait le choix de privilégier l’équipe de France plutôt qu’une bonne équipe de deuxième division, voire de D1, c’est bien qu’elle soit repassée chez les filles. C’est ça pour moi la véritable avancée. Qu’on arrive à débaucher de très bons coaches de Ligue 2 ou d’ailleurs.

 

Comment vous envisagez cette Coupe du Monde en France en 2019 ?

C’est une excellente chose que la France puisse organiser une compétition internationale. Après dans l’esprit on n’est pas encore vraiment un pays de foot féminin, on est un peu à l’ancienne, avec d’autres générations pour lesquelles le foot n’est pas un sport de filles. Mais c’est l’occasion de souder plusieurs générations autour d’un événement d’une telle ampleur. Je vois ça d’un bon œil, il y aura de l’engouement, à la fédé et à la France de bien organiser les choses pour intéresser les gens et leur donner envie d’aller au stade. Tout le monde est déjà au courant alors que c’est dans deux ans, donc c’est déjà bien ! »

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

Crédits photos : BeInSport.

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer