M. Pascaud : « Je n’aurais jamais quitté cette famille»

Après dix-neuf saisons, Marina Pascaud, capitaine de l’ASJ Soyaux, a décidé de raccrocher. Avec plus de 350 matches au compteur, mais jamais appelée en équipe de France, la capitaine des Bleues de Charente revient sur sa carrière pleine de fidélité à 90 minutes de la retraite.

 

 

 

 

Lorsque nous l’avons sollicitée pour regarder sa carrière dans le rétroviseur, Marina Pascaud nous a d’abord répondu par sms. Puis elle a pris du temps sur sa pause déjeuner, une demi-heure, débordée par ce quotidien de joueuse et salariée d’une entreprise. A 35 ans, la capitaine des Bleues a donc décidé de raccrocher après vingt ans d’amour avec son club de cœur l’ASJ Soyaux. Et plus de 350 matches joués. De ses débuts à ces 90 ultimes minutes sur le pré, « Marou » retrace ce grand chapitre de sa vie avec beaucoup de sincérité.

 

Comment abordez-vous votre dernier match avec l’ASJ Soyaux ?

M.P : « J’ai envie de me faire plaisir, profiter de ces 90 minutes avec le groupe dans le contexte du haut niveau. Cela me fait plaisir de terminer face à Juvisy car c’est un club contre lequel j’ai toujours apprécié de jouer. En début de saison je n’avais rien programmé sur ma fin de carrière. Depuis trois ou quatre ans, je disais au coach, « allez on essaie pendant la moitié de la saison ». Mais maintenant, c’est le moment.

 
Quel est le secret de votre longévité ?

– C’est grâce à ma mère ! (rires). Je n’ai jamais connu de grave blessure au cours de ma carrière, ni même de blessure tout court. Il faut dire aussi que je n’ai pas connu une grande intensité quand j’étais jeune car je suis arrivée tard à Soyaux (à l’âge de 16 ans). A l’ASJ, il n’y a pas d’entraînement quotidien, mais on a réussi à faire de belles saisons.

 
Au cours de votre carrière et vos 19 saisons en D1, vous n’avez connu qu’un seul club. C’est une sacrée histoire d’amour avec Soyaux… 

– Effectivement, c’est une belle histoire d’amour. Mais d’un autre côté, je n’ai jamais été sollicitée par un gros club du championnat. Je me sens très bien à Angoulême, tout ma vie est ici. Je ne me voyais pas partir, à l’exception d’une période. Lorsque j’avais 20-22 ans, j’ai eu envie d’une expérience à l’étranger en Italie, mais cela ne s’est pas fait. Au final, j’étais très satisfaite de ce que j’avais à Soyaux. Quand j’avais 16 ans, personne n’aurait imaginé que j’arriverais au haut niveau.

 
Quand Soyaux a connu la relégation, vous n’avez pas quitté le navire alors que vous auriez pu.

– Non je ne voyais pas pourquoi j’aurais dû partir. Il était hors de question que je quitte cette famille pour un autre club à ce moment-là.

Vous avez été capitaine des Bleues de Soyaux, mais jamais sélectionnée en équipe de France, est-ce un manque ?

– Comme toute joueuse, les Bleues cela reste l’ultime étape. Mais cela n’a jamais été une obsession pour moi. Je ne me disais pas : « j’y crois », mais si cela était arrivé, tant mieux ! Je me considère comme une bonne joueuse de Division 1, pas de niveau international. Je suis tombée aussi dans une sacrée génération. Donc c’était dur de sortir du lot.

 

 

« Avec notre petit budget de 300 000 euros,

comment fera-t-on dans quelques saisons ? »

 

En l’espace de dix-neuf saisons, vous avez dû voir la discipline évoluer…

– Quand je vois le nombre de jeunes joueuses très douées qui ont arrêté le foot, si seulement j’avais eu ne serait-ce que la moitié de leurs qualités, j’aurais été en équipe de France ! C’est clair qu’au cours de ces années, l’intensité des matches a beaucoup progressé. En revanche, on fait toujours autant de route pour les déplacements (rires). Après Louis Nicollin qui a été le précurseur mais qui n’a pas été récompensé de ses efforts, Jean-Michel Aulas a révolutionné le football féminin. Il a lancé le premier élan de notre sport. Mais maintenant, il y a vraiment un championnat à deux vitesses entre les clubs pros et les autres. Avec notre petit budget de 300 000 euros, j’espère que l’on arrivera à conserver notre place en D1 à l’avenir, mais ce sera très dur.

Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

– J’ai vécu dix-neuf belles saisons. Il n’y en a pas une qui ressort. Il y a peut-être eu une ou deux saisons où j’ai un peu moins joué, mais ce n’est que du bonheur. Quand j’ai joué avec mes amis, ou au début de ma carrière avec les anciennes du club, puis l’expérience d’avoir Corinne Diacre comme coéquipière puis comme entraîneure. Il n’y a rien à jeter.

Au cours de votre carrière, vous avez inscrit treize buts dont quatre cette saison. Il y en a un que vous retenez plus que les autres ?

– Oui mes CSC (rires) ! J’ai inscrit un but contre mon camp par saison. Je me souviens d’un but face à Lorient en Coupe de France il y a deux ou trois ans (victoire 2-1 en 16e de finale en 2013) : une superbe tête décroisée… dans mon propre but  ! Du coup les copines disaient que cela annulait ce que je marquais pour le compte de l’équipe. Plus sérieusement, c’est vrai que cette dernière saison est la meilleure sur le plan de l’efficacité.

Après cette 22e journée de Division 1 et ce match face à Juvisy, qu’allez-vous faire ?

– Je vais continuer à travailler comme aujourd’hui. Mais surtout, cela fait dix-neuf ans que je n’ai pas de temps pour moi car travailler à côté du football cela n’a pas toujours été évident. Donc je vais pouvoir profiter de mes week-ends, et continuer de m’entraîner un peu tout de même pour garder la forme ».

 

 

Propos recueillis par Anthony Rech

Crédit photo : www.asjsoyauxcharente.com

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