Lucie, 23 ans, arbitre : « On va arriver en masse ! »

Lucie Le Tiec est une femme en noir, parfois en jaune. Arbitre de football, aussi bien masculin que féminin, mais aussi travaillant à une thèse en sociologie. Elle a accepté de confier son expérience à Foot d’Elles.

 

 

 

 

Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Foot d’Elles ?

 

J’ai 23 ans et suis doctorante en sociologie. Ma thèse porte sur les individus dont le statut est à mi chemin entre bénévolat et salariat. Ce sont en quelque sorte des bénévoles, souvent rémunérés, mais non considérés comme des travailleurs à part entière. Je m’intéresse donc à leur statut hybride. Je suis également arbitre de football féminin et masculin pour la Ligue Paris-Île-de-France. J’officie en football masculin depuis cinq ans, actuellement au niveau régional et en général pour les U19, après avoir débuté en district (U15, U17). En ce qui concerne l’arbitrage du football féminin, mon expérience est assez récente. J’officie au niveau fédéral. Je fais la touche en D1 et le centre en D2, et suis une préparation dispensée par ma ligue, qui me permettra je l’espère, de devenir un jour fédérale féminine et d’arbitrer au centre en D1.

 

Pourquoi et comment avez-vous choisi de devenir arbitre ?

 

Mon club m’a proposé d’être arbitre. Au départ, j’ai dit oui sans vraiment réfléchir et sans bien comprendre les implications. J’ai suivi une formation très théorique en District, mais je n’ai pris conscience de ce que cela représentait qu’à mon premier match arbitré. Les débuts ont été catastrophiques, je faisais n’importe quoi, les joueurs s’énervaient, un entraîneur en a cassé une porte, mais je me suis accrochée car j’avais ça en moi et je suis retournée systématiquement sur le terrain, sans baisser les bras.

 

Faites-vous, ou voyez-vous une différence entre arbitrer des garçons et des filles, même si les lois du jeu sont identiques ?

 

Moi, je ne fais aucune différence, mon arbitrage est le même. Mais eux nous perçoivent différemment. Je note qu’après avoir sifflé une faute, par exemple, les garçons peuvent protester, mais tournent très vite la page. Les filles, je sens qu’elles mettent plus de temps à digérer. Mais au niveau de mon comportement, non, j’arbitre à l’identique. Les garçons nous « testent » peut-être davantage en début de match, mais ensuite le respect est le même.

 

 

 

 

Comment situeriez-vous la situation de l’arbitrage féminin aujourd’hui en France ?

 

La vision et le traitement de l’arbitrage est unisexe, il n’y a pas de différenciation entre arbitrage masculin et féminin au niveau de la formation par exemple. Un arbitre est un arbitre. Même si des collectifs d’arbitres féminins commencent à être mis en place, comme c’est le cas dans ma ligue, ce qui marque un tournant par rapport à ce qui préexistait. Il y a d’ailleurs une initiative très intéressante qui vise à organiser et regrouper les infos via une page facebook, « L’arbitrage se conjugue aussi au féminin ». Cette démarche est très positive, car constater que l’on n’est pas seule dans son coin motive beaucoup.

 

Pour vous qui ne faites aucune différence entre arbitrer des garçons ou des filles, l’arbitrage ne doit donc pas être cloisonné, avec les hommes arbitrant les garçons et les femmes les filles ?

Non, un arbitre est un arbitre. Après, il est certain qu’arbitrer au haut niveau masculin demande certaines compétences, notamment physiques. Il faut donc voir si des femmes peuvent le faire. Mais aucune discrimination ne doit régner. Il y a une arbitre femme en National (hommes), Stéphanie Frappart, et si elle y est, c’est qu’elle possède les compétences. Nelly Viennot reste bien sûr un exemple. Aucune justification qui viserait à interdire à une femme d’arbitrer des hommes en raison de sa condition de femme ne peut exister. Après, la raréfaction tient au nombre d’arbitres femmes disponibles, mais ça se développe et on va arriver en masse !

 

 

 

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