Liberté, égalité, football

En ce début de printemps, Foot d’Elles a organisé la 4e édition de son tournoi en salle dans le Val-d’Oise. Outre les rencontres sur le terrain, la journée était aussi le prétexte à un travail de réflexion sur la place de la femme, « Paris 2024 » et la rencontre avec un international de Cécifoot. Enrichissant pour tous les participant(e)s et… Foot Citoyen !

 

 

 

 

Il y a quelques semaines, à l’occasion d’un stage Foot Citoyen à l’attention de jeunes de deux centres sociaux de Sens, nous avions décidé de travailler sur la question de la place de la femme. Des réponses avaient fusé de la douzaine de participants de ce groupe mixte. Toujours spontanées, parfois drôles ou malicieuses, certaines nous avaient cependant interpelés, comme cette réponse jaillie de la bouche d’une jeune fille de 14 ans : « La place d’une femme, c’est dans la cuisine ! »

Après un atelier d’échanges intenses, une bonne séance de foot et la rencontre d’intervenants de qualité, à l’instar de Sandrine Mathivet, coach de l’équipe Féminine du Dijon FCO, pensionnaire de D2, des choses avaient bougé dans l’esprit de cette adolescente, des mots avaient été entendus…

Mais dans notre esprit, dans l’idée d’interventions futures sur une thématique d’importance quand il est question de laïcité et d’éducation à la citoyenneté, il était essentiel d’aller plus loin, d’approfondir ce sujet d’une actualité qu’on pensait éculée.

 

Foot d’Elles et le tournoi en salle

C’est pourquoi, en ce début de printemps, nous nous sommes retrouvés à Villiers-le-Bel, pour assister au tournoi organisé par le Fonds de dotation Foot d’Elles, imaginé et créé par Marianne Gazeau, en partenariat avec les Aéroports de Paris, pour assister et s’imprégner d’un savoir-faire et d’un esprit engagé, autour de l’égalité femme-homme notamment… « Le parallèle existe entre le monde du travail et le football féminin. En généralisant, on peut voir que les filles ont du mal à jouer et à trouver les structures d’accueil et que les discriminations sont beaucoup plus présentes que les femmes dans les instances dirigeantes… » Pas très foot au départ, la responsable de Foot d’Elles, cheffe d’une petite entreprise, a décidé d’agir pour changer les choses quand elle a vu, lors de la Coupe du monde allemande, en 2011, ce que ce football féminin pouvait dégager de valeurs et d’énergies positives.

 

Une exposition, « Mêmes rêves de foot » et un site ont vu le jour et fait de ce fonds de dotation un acteur reconnu de ce football féminin. Mais Marianne Gazeau souhaite aller plus loin et utiliser ce média football comme moyen d’affirmation et d’émancipation de la femme, notamment dans les quartiers. Ainsi, sont apparus les tournois en entreprise, réservés aux seules salariées, et ce tournoi Foot d’Elles-Aéroports de Paris, destinées à de jeunes joueuses des villes proches de Roissy-Charles-de-Gaulle, afin d’essaimer les germes de ce combat permanent…

 

Du foot, mais pas que !

C’est pourquoi là, à Villiers-le-Bel, en ce matin d’avril, on joue au foot, mais pas que ! Et les effets sont évidents et immédiats. Léna en est même toute chamboulée… Après les matchs du matin, l’adolescente mordue de football se prête à un « drôle » de jeu. Bandeau sur les yeux, elle découvre le cécifoot. Pas rassurée, elle hésite et titube quelque peu au moment d’ajuster son tir. Qu’importe, concentrée, elle réussit tout de même à cadrer sa frappe. Tout en écoutant les conseils d’Yvan Wouandji, habituel titulaire de l’équipe de France Cécifoot et invité sur l’événement pour sensibiliser un jeune public à sa pratique sportive, la jeune licenciée du FCM Garges-lès-Gonesse tape dans la balle et prend conscience de se que représente un handicap, comme celui d’être privé de la vision. « J’ai l’impression de tomber », lâche la jeune fille, soutenue par son coach du moment, prompt à l’encouragement et aux bons conseils. Mais surtout, elle a osé ! Même en « danger », elle a essayé, elle a agi, elle a dépassé ses peurs  !

 

Comme ses partenaires et adversaires de ce tournoi, mêlant filles et garçons, qui multiplient les courses, les dribbles, les frappes et les gestes techniques sans gêne ni retenue. Et depuis le matin, les formations venues de Garges-lès-Gonesse et de Saint-Leu-la-Forêt et les deux formations locales, à l’Espace Nelson-Mandela, à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), ne ménagent pas leurs efforts à ce niveau. Il faut dire que la mixité prônée sur ce tournoi de foot en salle, avec deux garçons par équipe, permet d’être confronté en direct à l’autre et à son regard. L’idée est plus qu’intéressante car elle permet à chacun, fille ou garçon, d’avancer. Deux petites règles supplémentaires, empêchant les garçons de marquer et de dépasser trois touches de balle, apportent encore un plus dans la mission éducative du jour. D’un côté, elles obligent les filles à prendre leurs responsabilités et, d’un autre, aux garçons de mettre leurs partenaires féminines dans les meilleures conditions… Donnant-donnant et même gagnant-gagnant ! Yanis, un des jeunes joueurs, apprécie l’idée : « Ça me plaît, j’aime bien jouer au foot et, ici, même si ça n’est pas moi qui les mets, on peut marquer beaucoup de buts ! » Avec aussi une autre bonne surprise pour lui : « Je ne pensais pas que les filles jouaient aussi bien. »

 

La flamme des JO

Des jeunes filles de talent que l’on verra, peut-être, briller dans sept ans à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris en 2024… Un objectif et une compétition sur lesquels, avec le soutien d’Aéroports de Paris et du Centre Départemental Loisirs Jeunes 95, Foot d’Elles et sa présidente Marianne Gazeau ont travaillé sur cet événement. En effet, pour allier l’agréable du terrain à l’utile de l’ouverture d’esprit, chaque groupe a ainsi été convié à préparer un exposé sur l’intérêt d’organiser ces Jeux en 2024, à Paris… Encore une bonne idée, puisque les participantes étaient amenées à prendre la parole et à s’exprimer devant un jury constitué par des membres organisateurs… De quoi, là aussi, travailler sur sa timidité et ses craintes. Un exercice pas si facile pour des jeunes chez qui l’estime de soi est souvent mise à mal. Et il ne fallait pas trop se rater à l’oral car l’originalité de ce tournoi résidait encore dans la combinaison des résultats sur le terrain et des notes obtenues durant l’argumentaire pour déterminer le classement final.

Entre insouciance retrouvée et envie de réussir, avec une certaine assurance, les adolescentes ont réalisé de belles prestations à tous les niveaux. Et, malgré l’enchaînement de matches incessant, toutes se sont régalées, réussissant de surcroît quelques jolis gestes, dans un esprit très collectif.

Résultats et délibérations rendus, c’est finalement l’équipe 1 de Villiers-le-Bel qui, chez elle, remportait ce tournoi, au terme d’une journée rythmée et très riche en fraîcheur, énergie et sourires. C’était plein de peps et très enrichissant pour tout le monde, Foot Citoyen y compris !

 

 

(Vidéo : cliquez sur l’image)

 

 

 

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer