Les joueuses, plus exposées aux blessures

Une fois n’est pas coutume chez Foot d’Elles, parlons des différences entre les joueurs et les joueuses de football. Non pas en qualité ou en intensité de jeu, non pas en termes de légitimité. Mais en termes de prévention santé. Et de blessures. 

Une récente étude américaine a montré que les joueuses sont plus susceptibles de subir les effets des commotions cérébrales suite à des chocs à la tête que leurs homologues masculins. Que cela soit bien évidemment les chocs entre joueuses, mais aussi les simples têtes, les femmes sont plus vulnérables que les hommes.

98 individus et un an d’étude

L’étude a été menée entre 98 individus, entre 18 et 50 ans, 49 hommes et 49 femmes, et les comparaisons ont été faites entre caractéristiques équivalentes, en âge comme en nombre de têtes, approximativement. Les observations ont été émises après un an d’étude. La substance blanche, responsable de la bonne propagation des informations dans le système nerveux, se trouve plus fréquemment endommagée chez les femmes que chez les hommes, et c’est évidemment un problème, puisque si cette substance se trouve désorganisée, les fonctions cognitives des joueuses sont impactées, sur le long terme. Ainsi, si chez les hommes, les chercheurs ont pu trouver 3 zones particulièrement concernée par des altérations du cerveau, ils en ont trouvé 8 chez les femmes.

Les séquelles de commotions cérébrales sont immédiates et peuvent être prises en charge rapidement, tandis que celles qui attaquent la substance blanche sont bien plus subtiles, et l’étude met en évidence l’altération de la substance blanche dans les cerveaux féminins plus que masculins, suite à ces expositions égales aux têtes. Il est urgent de déterminer le réel impact de ces attaques sur les joueuses et joueurs qui n’ont pas développé de symptômes particuliers, mais qui sont souvent exposés aux têtes. C’est une question d’autant plus épineuse que l’exposition à des chocs superficiels ou plus graves débute dès le plus jeune âge.

Les explications : la dysmorphie sexuelle

On peut commencer à expliquer cette différence par le dimorphisme sexuel : les hommes et les femmes sont par essence biologiquement différent. Ainsi, pour le crâne, on note environ 17 éléments différenciants entre la boîte crânienne masculine et féminine et la substance blanche agit différemment chez les mâles et les femelles. Rappelons-le, le cerveau n’épouse pas parfaitement la boîte crânienne, mais flotte dans le liquide céphalo-rachidien. Ainsi, à chaque choc, le cerveau peut aller heurter l’os, ou se tort, en tout cas souffre, ce qui peut provoquer des lésions diverses. Les hommes possédant une musculature au niveau du coup et du soutien crânien plus forte que les femmes – et de manière générale une propension à développer une musculature plus forte, à cause de la testostérone, hormone sécrétée chez les mâles, qui a un impact direct sur le développement des muscles -, le cerveau pourrait être un peu mieux protégé des chocs plus insignifiants. L’évolution a été de plus ingrate avec les femmes, poussant ce dimorphisme sexuel un peu plus en avant : l’homme est historiquement le chasseur et le guerrier, tandis que les femmes restaient au camp de base pour s’occuper de la progéniture. Les rôles se rééquilibrent légèrement lorsque l’agriculture est inventée, mais cela reste un rôle d’abord féminin. Ainsi, les mâles développent une musculature plus forte, propice à la course et à la bataille, tandis que les femelles ont une musculature beaucoup plus fine et un bassin plus large, pour enfanter.

« C’est une piste, mais la réflexion vient d’être posée et personne n’a la réponse exacte aux questionnements médicaux. »

C ‘est une piste, mais comme la réflexion vient d’être posée, personne n’a la réponse exacte ni les recommandations les plus appropriées. « Théoriquement, faire des exercices pour renforcer la structure musculaire pourrait faire chuter les « chances » de blessures et de commotions. », souligne Brittany Wilcox, kinésiologue au Pickering Sports Medicine and Wellness Center. « Mais globalement, on n’a pas vraiment de réponses, seulement des pistes et il est aussi possible que la génétique joue. Que faire contre la génétique ? Ce ne sont malheureusement pas les seules blessures inhérentes à la morphologie et la génétique féminine. Ainsi, il est prouvé que les femmes sont plus vulnérables face aux blessures ligamenteuses, les fameux ACL – rupture des ligaments croisés ndlr -. L’angle Q, ou quadriceps, est l’angle par lequel le quadriceps est lié au tibia, comparativement à la ligne formée par le ligament reliant la rotule au tibia. Il est plus large chez les femmes, parce que le bassin est par définition plus large. C’est biologique. On ne peut rien y faire, à part mettre l’accent sur des exercices pour renforcer les muscles quadriceps. »

Si vous souhaitez donc évoquer les différences entre le football au féminin et au masculin, ayez en tête les bons arguments : les femmes sont plus exposées aux blessures. Et que malheureusement, les études menées n’ont pas encore produit de résultats satisfaisants. Pour aider la recherche, les américaines Megan Rapinoe et Abby Wambach – grande spécialiste des têtes, avec 77 buts marqués durant sa longue carrière – ont décidé de léguer leur cerveau à la science. On pourrait aussi questionner le bien fondé de faire concourir les joueuses sur des terrains synthétiques, aux effets dévastateurs sur les hanches et les genoux des joueuses.

 


Crédits images : Robert Michael/AFP/Getty Images / JEFF MCINTOSH / THE CANADIAN PRESS /  Hayley Canal

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