Les contrats fédéraux (2/4)

Il y a sept mois, les joueuses de l’équipe nationale australienne refusèrent de se rendre aux États-Unis pour y disputer deux matches contre les championnes du monde en titre. Retour sur les ondes de choc provoquées par ce mouvement de grève à sensation, et sans précédent dans les annales du sport féminin.

 

 

 

 

Comme cela se pratique couramment chez certaines fédérations de rugby ou de cricket, plusieurs nations de la planète du foot féminin se sont résolues, pour l’heure, à se substituer aux clubs en rémunérant directement une vingtaine de leurs meilleures joueuses. Á l’appel de ces pays figurent, en autres, les États-Unis, le Canada, le Mexique, l’Angleterre et l’Australie qui nous intéresse, ici, plus particulièrement.

 

Au-dessus du SMIC

Quand les Matildas, par l’entremise de leur syndicat, le Professional Footballers Australia (PFA), regagnèrent la table des discussions, la FFA leur proposa cette fois des annuités à hauteur de 33.000$ d’ici quatre ans. Là encore, la pilule passa mal. Au bout du compte, la fédération australienne de football fut obligée de faire des concessions. D’après Kathryn Gill, représentante des Maltidas pour le compte de la PFA, cette nouvelle convention collective concernera désormais au minimum vingt internationales : quatorze d’entre elles recevant sur l’année 41.000$ tandis que pour les six autres la somme a été arrêtée à 30.000$. Une majoration annuelle de 10% a également été prévue.

 

Le championnat de France coté

Cette convention collective flambant neuve impose aux vingt joueuses concernées d’évoluer dans le championnat d’Australie (la W-League). Une clause les autorise cependant à s’expatrier, à condition de rejoindre un club du haut de tableau de la 1ère division française, de la Bundesliga ou de la Ligue suèdoise (Damallsvenskan). Autant dire que la FFA chérit le championnat de France, celui-ci émargeant en tête de liste même si aucune Matilda n’évolue dans le championnat. En ce moment, deux Matildas portent les couleurs de clubs allemands (Emily van Egmond à Francfort et Elise Kellond-Knight à Potsdam). D’autre part, quand la W-League fait relâche, les joueuses sous contrats fédéraux peuvent ensuite aller jouer pour l’une des équipes de la Ligue américaine (la National Women’s Soccer League, ou NWSL) programmée, elle, sur une période différente. Les liens entre les deux ligues sont d’ailleurs indéniables, et les Australiennes nombreuses en NWSL (*). Mais en aucun cas une joueuse contractée ne peut se soustraire à une convocation en sélection nationale à moins de bénéficier d’une dérogation délivrée par la FFA. Pour toute absence non justifiée, le salaire mensuel sera alors minoré de 50%.

 

La lutte continue 

Aux antipodes, la W-League est en plein chantier. Celle-ci à le vent en poupe et est sur le point de connaître un nouvel élan. Du coup, encouragées par les termes de la nouvelle convention collective signée en novembre, une soixantaine de joueuses se sont retrouvées le mois dernier à Melbourne pour participer à un colloque destiné à envisager la professionnalisation de la W-League. « Ce championnat renferme un potentiel énorme, à condition de procéder à une refonte, souligne Kathryn Gill. Les filles en ont pris conscience ; elles veulent faire partie de l’histoire en s’impliquant au plus près dans une évolution qui est devenue inéluctable.»

 

Les tensions subsistent

Au sortir de qualifications olympiques rondement menées malgré un plateau de premier choix, les Matildas devait commencer leur préparation olympique pendant la trêve internationale début avril, avec un stage d’une semaine et une rencontre amicale contre la Nouvelle-Zélande, elle aussi qualifiée pour les Jeux olympiques. Mais le stage a été abandonné pour des raisons financières et les Football Ferns ont ainsi affronté les Pays-Bas. Une décision finalement bien accueillie car plus d’une dizaine de Matildas jouent à l’étranger, la plupart était sur le point de débuter la saison de NWSL, et que l’équipe avait déjà vécu plusieurs semaines ensemble avant les qualifications olympiques. Mais cela montre bien que la fédération et l’équipe nationale ne sont pas vraiment sur la même longueur d’onde et que la fédération ne peut suivre financièrement.

L’équipe nationale se réunira donc à partir de fin mai, puis en juin et juillet pour préparer les Jeux. Il y a quelques jours, l’ASC (Australian Sports Commission) a débloqué des fonds pour cinq stages en mai et juin à l’AIS (Australian Institute of Sports), grâce à son programme Winning Edge, pour les athlètes ayant une réelle chance de décrocher une médaille. La préparation des Matildas va donc se dérouler dans de meilleures conditions qu’initialement prévues, et il ne fait aucun doute qu’il faudra suivre l’équipe de très près à Rio (**).

 

 

(*) Cette saison, 8 joueuses australiennes évoluent en NWSL : Kyah Simon (Boston Breakers), Alanna Kennedy (Western New York Flash), Lydia Williams et Ellie Brush (Houston Dash), Steph Catley et Laura Alleway (Orlando Pride), Hayley Raso (Portland Thorns), Sam Kerr (Sky Blue FC, Caitlin Foord a renoncé juste avant le début de la saison)

(**) Pour rappel, l’Australie sera dans le groupe F avec l’Allemagne, le Canada et le Zimbabwe.

 

 

Episode précédent à lire :

Volet 1 : Le salaire de la joueuse

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