L’équipe de France bousculée, mais pas coulée

Au terme de deux rencontres qui auront vu Corinne Diacre perdre son premier match à la tête des Bleues, et d’un nul pas beaucoup plus convaincant par la Suède, l’équipe de France a connu ses première difficultés à l’horizon de la Coupe du Monde 2019. Que retenir de ce rassemblement de novembre ?

 

 

 

 

Une Allemagne écrasante, la Suède plus conciliante

« La différence entre les deux équipes n’était pas reflétée par le score ». La phrase, signée par notre consultante Sandrine Dusang, démontre le peu de choses positives à tirer d’une rencontre catastrophique à Bielefeld, outre-Rhin. Opposées à l’Allemagne, les Bleues ont encaissé une claque sévère (0-4), montrant un visage bien pâle. « L’Allemagne est en reconstruction, ils ont changé de sélectionneuse (Steffi Jones a remplacé Silvia Neid en 2016, NDLR) il n’y a pas longtemps aussi… mais malgré tout on sent qu’il y a un vivier de joueuses intéressantes. Mais l’équipe de France, qui a été en dessous de tout ce jour-là, les a bien aidé aussi », résume ainsi parfaitement Sandrine Dusang.


Sans Lina Magull (Wolfsburg) ou Sara Däbritz (Bayern Munich), les octuples championnes d’Europe sont allées défier avec conviction l’équipe de France. La Lyonnaise Dzenifer Marozsan et la joueuse du Turbine Potsdam Svenja Huth ont régalé, se délectant des errements tricolores, tant dans les passes que dans le placement. Mais c’est surtout Alexandra Popp qui a brillé dans cette rencontre. Deux buts et une passe décisive pour la joueuse de Wolfsburg, bien aidée par les errements de Georges et Renard. « On n’a pas montré notre vrai visage », se désolait Corinne Diacre après la rencontre, que beaucoup préfèreraient oublier. « Ce sont des matches qu’il faut garder en tête, au contraire, pour en tirer une leçon et transformer ça en quelque chose de positif, il faut que ça serve. Y’a pas mal de choses à en tirer, pour comprendre pourquoi on a perdu… », dixit Dusang.

La réflexion a été entamée dès le retour à Bordeaux, samedi. Et les doutes semblaient encore accabler le groupe France à Chaban-Delmas, qui accueillait une rencontre de football pour la première fois depuis le départ des Girondins en mai 2015. La Suède a rapidement pris l’ascendant dans un match où les jambes françaises tremblaient un peu : « Elles ont commencé le match super fort, on se demandait même au début si, au lieu d’être trois derrière, elles n’étaient pas 5 au milieu. C’était leur stratégie d’aller presser haut tout de suite, de nous acculer dans notre camp, de venir nous empêcher de ressortir le ballon », analyse l’ancienne Juvisienne.

« Les Suédoises étaient bien en place. Et puis leur gardienne Lindahl a été attentive sur plusieurs coups. Nous on a parfois essayé de chercher la profondeur, avec Delie et Robert notamment (15e et 20e), ça permettait de varier le jeu mais Lindahl a bien senti le coup à chaque fois en sortant bien. Et il y a aussi eu quelques claquettes bien nécessaires à son équipe », rappelle également Dusang. Les Bleues n’ont pas eu souvent l’occasion de se mettre en position de frappe, malgré l’entrée d’Eugénie Le Sommer, mais elles ont finalement pris l’ascendant sur les joueuses de Peter Gerhardsson. Une prestation plus convaincante, mais qui rappelle les difficultés des Bleues face à des équipes regroupées.

 

 

L’Equipe de France : Elles ont marqué des points / elles n’ont pas rassuré

Bien sûr, le match face à l’Allemagne a montré que les Bleues, dans leur ensemble, pouvait passer au travers. Quelques joueuses ont toutefois confirmé les progrès entrevus depuis septembre. Inès Jauréna par exemple.

« Elle jouait en 10, mais j’avais l’impression qu’elle switchait parfois en 6 avec Diallo, rappelle Sandrine Dusang. Je trouve qu’elle est intéressante, donc en plus quand tu te dis que ce n’est pas son poste habituel (elle joue en 6 normalement), on peut dire qu’elle se débrouille très bien. Inès elle a cette petite folie qui lui permet de jouer à l’instant, d’avoir plus de liberté dans le jeu, c’est ce qu’on demande à une 10 donc c’est peut-être pour ça qu’elle est aligné là. D’après moi, elle fait partie des joueuses sur lesquelles Corinne Diacre peut compter au milieu de terrain ».

Titulaire à droite lors du deuxième match, après une deuxième mi-temps plus compliquée face à l’Allemagne, Marion Torrent commence à prendre ses marques. « Comme tout le monde, elle a été un peu en difficulté en début de match, mais à côté, elle a montré de belles choses, parce que c’est une guerrière défensivement, souffle l’ex Lyonnaise. Elle ne rechigne pas dans les efforts et prend l’initiative en attaque, on l’a souvent vu dédoubler avec Diani, c’est aussi pour ça qu’on aime bien ce genre de joueuses, capable de faire des allers-retours sur son côté ».

Juste devant elle, Kadidiatou Diani a montré de bonnes choses face aux Suédoises, percutante, souvent déstabilisante. Ce que n’avait pas réussi à faire Nadjma Ali Nadjim trois jours plus tôt. Mais il faudra tester la Bordelaise, privée du plaisir de jouer devant son public hier, dans une autre atmosphère. En charnière centrale, Laura Georges, quant à elle, a de nouveau déchaîné les critiques. Fautive sur le première but de Popp, qu’elle lâche au marquage, la Parisienne n’a pas rassuré, sortant à la mi-temps. On sait que Corinne Diacre compte sur la défenseure pour diriger le groupe France, mais si son peu de temps de jeu au PSG et ses prestations en Bleues se confirme, cela se fera sûrement… du banc de touche. « Ca va relancer le débat sur sa présence en équipe de France, et sur le fait que Corinne Diacre se prive peut-être d’une défenseure à sa place », explique Dusang, pendant que les commentaires des supporters des Bleues continuent de s’accumuler en ce sens.

Sa partenaire, Marie-Laure Delie, qui a honoré ses 122e et 123e sélections après plusieurs mois d’absence, n’a pas convaincu non plus. Souvent en difficulté, rarement inquiétante de par ses tentatives, elle a vécu deux matches compliqués. « Elle a le physique pour se frotter aux défenses comme la Suède. Pour avoir joué contre elle, je sais que c’est un excellent point d’appui pour son équipe, se remémore Sandrine Dusang. Le problème c’est qu’hier on n’a pas utilisé Marie-Laure Delie dans ce schéma-là. Les seules fois où on l’a vu c’est sur des ballons en profondeur, dans les espaces. Après c’était peut-être les consignes… », lance la quintuple championne de France, qui souhaite aussi souligner la prestation de la gardienne du PFC Karima Benameur pour sa troisième apparition dans les cages de l’équipe de France, la première depuis… août 2011. « Je l’ai trouvé bonne et rassurante, parce qu’en première mi-temps, on l’entendait beaucoup sur le terrain ! Elle avait une présence et une façon de communiquer très positive. Cela m’a interpellé ! Benameur a sûrement marqué des points, sur son job de gardienne mais aussi sur ce qu’elle a véhiculé ! ».

 

Corinne Diacre suit sa ligne directrice

Son management a été fortement remis en cause après la déroute allemande. Son choix de titulariser Ali Nadjim, débutante à ce niveau, fait partie du débat, et son coaching à la mi-temps n’a pu que limiter la faillite de l’équipe. De ce jeu de passes, d’appels et de contre-appels qu’elles développent depuis plusieurs mois sur le terrain ou en exercice à l’entraînement, les Françaises n’ont rien montré vendredi.

Mais certains plaident la clémence, sur un match où, on l’aura compris, les Bleues n’étaient pas dans leur assiette. Dont Sandrine Dusang, qui s’explique : « Elle suit sa ligne de conduite, elle a fait de nombreux changements dans le 11 (7 entre le premier et le deuxième match, NDLR), mais c’est ce qu’elle fait depuis le départ ! C’est bon signe parce qu’après la défaite de l’Allemagne, on aurait pu penser qu’elle mettrait une équipe « type » avec ses meilleures joueuses pour gagner, mais en fait pas du tout ! Aligner Faustine Robert hier, par exemple, est un signe fort ».

Diacre avait déjà expliqué que la France devrait tomber pour apprendre. Et si l’on se souvient que la seule défaite du mandat d’Olivier Echouafni, en quart de finale de l’Euro, lui avait coûté la place de sélectionneur, il tient du bon sens de dire que ce revers face à l’Allemagne entre dans un tout autre registre. Cette fois, c’est la réaction de Diacre et de son staff face à cette faillite qui sera scrutée. La rencontre face à l’Italie, en janvier au Vélodrome (seule pour l’instant prévue au programme), apportera un autre reflet à cette défaite.

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel 

Crédits photos : Capture d’écran Twitter équipe de France / FFF / Vincent Roussel pour Foot d’Elles 

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