Le football féminin russe face à son destin

22e nation mondiale au classement Fifa, la Russie n’est pas un modèle de développement du football féminin. Un championnat restreint à six équipes, une équipe nationale qui évolue dans la confidentialité, mais des joueuses qui s’ouvrent vers l’extérieur. Etat des lieux du foot féminin russe.

 

 

 

 

Le football féminin russe peine à se faire une place dans le gotha international des équipes présentes dans les grandes compétitions. La Russie compte cependant des joueuses de haut niveau qui ont l’ambition de s’épanouir dans les clubs européens même si collectivement, à l’image de l’équipe nationale masculine, des carences empêchent la construction d’un jeu tactique et flamboyant.

L’héritage du passé

La situation du football féminin aujourd’hui en Russie s’explique avant tout par des considérations historiques. Si les grandes nations comme la France ou l’Allemagne ont vu le foot féminin éclore dès sa reconnaissance internationale au début des années 70, il aura fallu attendre 1992 soit plus de 20 ans après pour que l’équipe nationale de Russie joue son premier match international. Ce retard depuis lors n’a pas été comblé bien que la Russie reste une nation où le sport constitue encore une valeur de référence et un facteur de réussite sociale.

Le foot féminin russe se classe au 22e rang des nations derrière l’Islande, l’Ecosse ou la Suisse notamment. Ce n’est pas un hasard si le meilleur club de division 1, Zvezda Perm n’a vu le jour qu’en 2005, à la faveur de la création du championnat de première division au début des années 2000, championnat au demeurant restreint puisque composé de six clubs uniquement dont deux clubs de la capitale (Rossiyanka et Chertanovo)

 
Un engouement populaire encore limité et un attrait médiatique inexistant

Il n’est pas surprenant de constater ainsi un intérêt très limité du public et des médias pour le foot féminin russe. Hormis les matches de la sélection nationale dont la presse spécialisée se fait parfois l’écho, le championnat de première division évolue dans un contexte quasi confidentiel. Cette absence d’attrait et de soutien est renforcée par le fait qu’aucun des grands clubs russes (Zénith Saint-Pétersbourg, Rubin Kazan, Dynamo Moscou) ne présente une équipe féminine en première ligue de sorte que les clubs féminins ne peuvent pas compter sur les infrastructures de ces grandes formations : « Nous avons conscience que chaque victoire de l’équipe nationale est une victoire du foot féminin en Russie et contribue à augmenter le nombre de jeunes joueuses attirées par ce sport, notre responsabilité est donc importante », avance Elvira Todua, gardienne numéro 1 de l’équipe nationale.

Le foot féminin espère ainsi beaucoup sur les retombées médiatiques de la Coupe du Monde 2018 pour surfer sur la vague et produire au sein de la population ce déclic tant attendu permettant à une nation de plus de 120 millions d’habitants de disposer d’un vivier sportif plus conforme à ses ambitions.

Une ouverture internationale en développement

Le foot féminin russe n’est pas pour autant replié sur lui-même et à l’image du foot masculin, il s’ouvre à l’international. Pour rappel, la sélection nationale russe a été dirigée il y a peu par Farid Benstiti, de même d’ailleurs que l’équipe Rossiyanka. La première ligue féminine russe attire également des joueuses étrangères en nombre significatif. À titre d’exemple l’attaque de Rossiyanka, club moscovite, est composée quasi exclusivement par des joueuses étrangères évoluant dans leurs sélections nationales respectives (la Sud-Coréenne Eun Sun Park, la Portugaise Mendez et le Camerounaise Onguene). De même Zvezda Perm comprend des joueuses de Côte d’Ivoire (Nahi), d’Arménie (Aleksanyan) et d’Ukraine (Apanaschenko), citons encore les Brésiliennes de Kubanoschka Krasnodar (Koki et Amanda).
Le championnat de D1 et l’équipe nationale comptent tout de même des joueuses russes de très haut niveau comme Elvira Todua, la gardienne de but pressentie cet été pour évoluer à l’Olympique Lyonnais en remplacement de Sarah Bouhaddi blessée ou encore l’attaquante Alina Andreïeva qui, à 17 ans, joue déjà en équipe nationale A en comptant 10 buts en 16 sélections. « Notre championnat de D1 peut paraître étriqué avec six clubs mais sur le fond il n’est pas différent du championnat français, nous avons deux ou trois clubs d’envergure européenne jouant régulièrement en UEFA et le reste qui tente de se maintenir et qui n’offre pas aux autres une opposition conséquente, les scores le reflètent… », confie Daria Makarenko.

Le football féminin russe est conscient que cette ouverture est indispensable pour permettre d’élever le niveau de jeu et d’expérience mais également, à l’instar du foot masculin, pour créer cet engouement dans le public et les médias et briser ce préjugé encore très vivant, selon lequel le foot est avant tout un sport d’hommes au même titre que le hockey sur glace où les femmes n’ont accès qu’en qualité de spectatrices.

 

 

 

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