Le Football durable va-t-il vivre et… durer ?

Le Football est un sport, un jeu, un spectacle et une industrie. Il relève donc aussi de l’Économie. En tirant la conclusion, le gouvernement a lancé un projet de « Football durable ». Une commission, dite « Glavany » du nom de son président, a planché et achevé son rapport. Accueil très tiède dans le milieu…

 

 

 

Il l’a fait, et vite. Valérie Fourneyron, ministre des Sports, l’en avait chargé en septembre, le député (PS) Jean Glavany, amateur de foot bien connu, s‘y est attelé : étudier les meilleurs moyens de transformer l’activité footballistique dans notre pays en un « produit durable ».

 

Quatre mois après en avoir reçu mission, l’ancien ministre a donc remis ce mercredi son rapport glorieusement intitulé « Pour un modèle durable du football français ». 33 pages débouchant sur 9 propositions plus ou moins précises et appelées à intégrer la Loi de modernisation du sport, dont le Conseil des ministres puis le Parlement auront à se saisir dans les six mois. Les relations entre gouvernement d’une part et le milieu professionnel de l’autre s’étant particulièrement tendues ces derniers temps autour de la fameuse taxe à 75 % (plébiscitée par l’opinion publique, rejetée par les intéressés), on guettait les réactions à ce rapport. Jean Glavany est sans doute aujourd’hui un homme heureux, lui qui déclarait en le remettant à la ministre : « Ce n’est pas un collage des contributions émises ni un robinet d’eau tiède. J’espère qu’il fera grincer des dents. » Bien vu. Les crocs acérés crissent déjà aux coins des pelouses détrempées.

 

« Rénover le modèle économique, social et citoyen du football »

 

Il existe souvent un gouffre de l’intention à la concrétisation. Les propositions de la commission se ventilent entre mesures concrètes, donc applicables, si tant est qu’elles se trouvent acceptées par les différents acteurs de la partie… ce qui est loin d’être gagné :

  • DNCG rendant publiques ses décisions,
  • Régulation des transferts et encadrement de l’activité des agents sportifs,
  • Evolution des cotisations sociales sur les rémunérations des joueurs,
  • Réduction de la TVA sur la billetterie.

 … et déclarations plus floues, aux contours incertains :

  • Sécurité et civisme
  • Action de formation,
  • Initiative européenne de régulation.

 

Une neuvième proposition attire néanmoins l’attention : le renforcement « des fonds propres des clubs grâce à une ouverture et une diversification de leurs structures capitalistiques », autrement dit une porte ouverte vers l’actionnariat populaire, formule au vent en poupe et dont Foot d’Elles se fera l’écho dans les tout prochains jours…

 

Un accueil trop poli pour être honnête ?

Comme noté plus haut, le milieu professionnel (FFF, LFP, UCPF, UNFP et UNECATEF) n’a pas vraiment accueilli ce rapport avec des bonds de joie. Instances et syndicats regrettent en substance une mission qu’ils estiment bâclée par un temps de réflexion trop court et des consultations insuffisantes. Elles concluent « partager la vision proposée, elles restent réservées sur sa mise en œuvre et son impact et désireuses de prolonger le travail avec les ministères concernés ». Bon, on a connu des positionnements plus enthousiastes, et ça sent au mieux l’indifférence polie, au pire une fronde à venir…

 

En attendant la preuve par neuf, les footballeurs reconnus comme artistes ?

 

L’un des aspects les plus intéressants du rapport se cache peut-être dans la volonté nouvelle d’assimiler les joueurs de football à des artistes, et non plus simplement à des « sportifs salariés ». Après tout, la dimension « spectacle » de ce qui reste avant tout un jeu pratiqué devant un public venu se divertir ne porte pas vraiment à discussion. Il parait donc logique que ses acteurs bénéficient de ce statut. Reste à savoir si derrière les stars de la scène, les éternels cireurs de banc prendront désormais le nom d’intermittents du spectacle…

 

Crédit photo: AFP

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