Le foot féminin se développe-t-il partout dans le monde ?

Alors que se déroule actuellement la 6e Semaine du football féminin partout en France, Foot d’Elles vous propose faire un tour d’horizon des places fortes de la discipline au niveau mondial et d’en voir selon les confédérations la progression et le développement alors que de plus en plus de pays cherchent à se développer.

 

 

 

Jusqu’à samedi se déroule en France la sixième Semaine du football féminin, sport qui continue à se développer rapidement dans l’Hexgone. Mais est-ce le cas partout dans le monde ? Tour d’horizon.

 

AFRIQUE (CAF)

En Afrique, football féminin rime principalement avec Nigeria. Dix fois championne continentale, c’est l’équipe de référence aussi bien sur le continent qu’à l’échelle mondiale. En plein coeur de la région d’Afrique la plus dynamique, où l’on retrouve quelques un des pays les plus en vue de la discipline comme le Ghana, le Cameroun ou encore la Guinée Équatoriale, qui a remporté les deux éditions de la Coupe d’Afrique des Nations que les Super Falcons n’ont pas gagnées, le Nigeria est la référence, également pour son championnat plutôt stable. L’exportation de plusieurs de ses stars, comme Desire Oparanozie, valeur sûre du championnat de France, Francisca Ordega aux États-Unis ou en Australie, ou Asisat Oshoala, en Chine après plusieurs années en demi-teinte en Angleterre, contribue à faire du Nigeria le moteur du football féminin africain.

 

En dehors de l’Afrique du Sud, seul pays hors de cette région moteur en Afrique de l’ouest -et le seul, avec le Cameroun et le Nigeria, à avoir représenté le continent à l’échelle internationale, et avec les quatre pays cités plus haut, à avoir atteint la finale de la CAN-, le football féminin commence à se développer, de façon encore timide, dans d’autres régions du continent. Souvent grâce aux programmes de développement de la FIFA comme Live Your Goals, précieux pour la discipline. On peut remarquer aussi la volonté de pays du Maghreb comme le Maroc ou l’Algérie, d’une volonté de (re)placer dans les années à venir parmi les leaders de la discipline. Si l’on sent que le football féminin est sur le chemin du développement, il reste toutefois de nombreuses difficultés à surmonter, à commencer par la place des femmes ou le manque de moyens, qui a poussé plusieurs équipes, dont le Nigeria, à faire grève à l’issue de la dernière CAN pour recevoir les primes promises. 

 

AMÉRIQUE DU SUD (CONMEBOL)

Terre de football, l’Amérique du Sud -la confédération la plus vieille et qui compte le moins de membres (10)- l’est surtout dans sa version masculine. Car derrière le Brésil, qui fait partie des meilleures équipes au monde depuis plusieurs décennies, c’est un peu le désert… L’Argentine a un temps fait office de deuxième larron, allant même jusqu’à remporter la Copa America Femenina en 2006, mais a depuis disparu des radars malgré les efforts de sa figure de proue Estefania Banini, aujourd’hui en Espagne après avoir évolué en NWSL. À tel point que l’équipe n’apparait plus dans les rangs du classement FIFA, n’ayant pas disputé de match depuis plus de 18 mois. Aujourd’hui, c’est la Colombie qui est la numéro 2 continentale.

 

Après avoir participé à la Coupe du monde en 2015 et aux Jeux olympiques 2016, un championnat a vu le jour en début d’année, où évolue des internationales du pays mais également du Costa Rica ou de Trinité et Tobago par exemple, alors que c’est une Vénézuélienne qui trône en tête du classement des buteuses suite à la première phase de groupe -les quarts de finale débutent ce week-end-, et une deuxième division devrait faire de même en 2018. Le Venezuela, qui s’est distingué ces dernières années par ses résultats en U17 dans le sillage de la prodige annoncée Deyna Castellanos qui évolue aux États-Unis, est le troisième et dernier pays à apparaitre au classement FIFA. Il existe une réelle volonté de développer le football féminin dans le pays.

 

Au niveau des clubs, la Copa Libertadores se décline depuis 2009 dans une version féminine. Si les clubs brésiliens ont remporté six des huit éditions, les Chiliennes de Colo Colo ont gagné en 2012 et la dernière finale a opposé les futures vainqueurs du Sportivo Limpeño (Paraguay) aux Vénézuéliennes de l’Estudiantes de Guárico. Des équipes provenant de dix pays vont participer à l’édition 2017, et pour promouvoir la discipline, le CONMEBOL a décidé qu’à partir de 2019, les clubs qualifiés pour la Copa Libertadores masculine ne pourront pas participer à la compétition s’ils n’ont pas de section féminine. Alors que les qualifications pour la prochaine Copa America (en 2018 au Chili) se profilent, de nombreuses sélections devraient retrouver le chemin des terrains sous peu. Et pour un vrai changement des mentalités, pourquoi ne pas prendre exemple sur ces femmes des Andes péruviennes dont la vie et la place dans la société a changé en se mettant au foot ?

 

AMÉRIQUE DU NORD, AMÉRIQUE CENTRALE ET CARAÏBES (CONCACAF)

Le géant états-unien, triple champion du monde et quadruple champion olympique, n’est pas seul dans sa région. Le Canada, autre pays d’Amérique du Nord, fait également partie des meilleures équipes au monde, et reste sur deux médailles olympiques. Derrière ces deux figures de proue, le Mexique reste une référence au niveau de la confédération mais semble perdre du terrain alors que le Costa Rica, pays d’Amérique Centrale, prend du galon depuis quelques années et a même participé à la dernière Coupe du monde en profitant de la place laissée vacante par le Canada, pays-hôte. L’État insulaire des Caraïbes Trinité-et-Tobago s’est imposé comme le cinquième larron de la confédération, revenant sur le devant de la scène vingt ans après mais encore un peu trop juste pour atteindre la scène mondiale. Alors que l’écart entre les États-Unis et Trinité-et-Tobago est déjà très important, il l’est encore plus entre ces cinq équipes et le reste des (petits) pays formant le reste de la confédération. 

 

ASIE (AFC)

Derrière l’UEFA, c’est la zone la plus compétitive. Avec cinq équipes dans le top 20 mondial, la concurrence fait rage même si peu de pays peuvent se mêler à la lutte. Seules la Thaïlande (qui a participé à la dernière Coupe du monde) et le Vietnam ont montré ces dernières années qu’ils n’étaient pas très loin de s’offrir une place parmi les « grands » de la confédération, que l’Australie a rejointe en 2006. Si l’Asie est peu présente au niveau masculin, elle est concurrentielle dans le football féminin, et a par exemple placé trois de ses équipes en quarts de finale de la dernière Coupe du monde. Ses équipes sont dominatrices dans les catégories de jeunes au niveau mondial, et le Japon a récemment été sacré champion du monde (2011) avant d’atteindre la finale lors de la dernière édition en 2015. 

 

Alors que l’Australie s’est fait une place parmi les meilleures équipes du continent face à un Japon dominateur depuis le début des années 2010, à l’exception de sa non-qualification pour les derniers Jeux olympiques, la concurrence devrait se durcir dans les années à venir. Un temps suspendue par la FIFA, la Corée du Nord, un temps la meilleure équipe du continent, revient aux affaires même si elle est déjà éliminée de la prochaine Coupe du monde. La Chine a mis de gros moyens en oeuvre pour revenir sur le devant de la scène, et a validé ce premier pas vers un retour au premier plan (elle avait atteint la finale de la Coupe du monde en 1999) en sortant qualifiée d’un tournoi de qualification olympique très relevé. Le Japon, après un trou d’un an, est de retour aux affaires avec une nouvelle génération et la Corée du Sud reste une valeur sûre alors que Thaïlande et Vietnam frappent à la porte.

Les pays d’Asie de l’est (et l’Australie) sont actuellement seuls au monde dans la confédération, mais ça commence à bouger dans d’autres parties de la confédération et notamment dans un certain nombre de pays musulmans, la Jordanie en étant la figure de proue. Pays-hôte de la dernière Coupe du monde des moins de 17 ans et de la prochaine Coupe d’Asie des nations servant de qualifications pour la prochaine Coupe du monde, elle a l’occasion de passer un réel cap. Au niveau des clubs, le championnat japonais est une référence alors que son homologue sud-coréen est stable et attire régulièrement des joueuses étrangères de très bon niveau (internationales brésiliennes notamment). Dans son projet de développement, la Chine veut accélérer et a déjà attiré dans ses filets quelques internationales de renom et fait des offres très alléchantes financièrement à de nombreuses joueuses de top niveau mondial.

 

EUROPE (UEFA)

C’est le continent de référence du football féminin. Si l’Allemagne, championne olympique en titre, double championne du monde et sextuple tenante du titre européen en sus de son actuelle place de numéro 1 mondiale, en la référence, de nombreuses équipes se sont illustrées ces dernières années au niveau mondial. L’Euro qui se déroulera cette année s’annonce ouvert et la concurrence sera forte alors que le niveau des équipes est moins hétérogène que partout ailleurs dans le monde. L’Angleterre a fait un retour remarqué parmi les meilleures équipes au monde en montant sur le podium de la dernière Coupe du monde, il ne manque d’un titre à la France pour valider sa troisième place mondiale, la Suède est vice-championne olympique, et de nombreuses équipes sont capables de bien figurer au niveau international, parmi lesquelles des pays où le football féminin se développe de façon sensible comme l’Espagne ou la Suisse sont à la recherche de résultats probants.

 

 

Signe de ce développement continu, le nombre d’équipes à l’Euro passe cette année à 16 participants, contre 12 auparavant, ce qui permettra à cinq équipes de faire leurs débuts : la Suisse, qui a pris part à la dernière Coupe du monde, l’Autriche, la Belgique, l’Écosse et le Portugal. Le développement de la discipline en Europe continue d’année en année même s’il est difficile de se faire une place au soleil. Au niveau des clubs, alors que l’Allemagne et la France restent la référence, on peut espérer une plus grande concurrence dans les années à venir, notamment du côté de l’Angleterre, alors que la Suède les clubs suédois ont perdu en compétitivité. Sûrement la compétition de clubs la plus relevée au monde -mais loin d’être la plus homogène-, la Ligue des champions fait rêver même les plus grandes stars américaines. À l’ombre des stars professionnelles et des pays jouant les premiers rôles à l’échelle mondiale, le football féminin se popularise même dans les petits pays, comme Andorre ou le Kosovo.

 

OCÉANIE (OFC)

Dans cette région du monde délaissée par l’Australie depuis 11 ans car pas assez compétitive, la Nouvelle-Zélande fait cavalier -très- seul, la Papouasie-Nouvelle-Guinée étant son principal concurrent, à une distance plus que respectable. Du coup, la Nouvelle-Zélande peut participer à toutes les grandes compétitions, avec un quart de finale olympique comme carte de visite, remplie autrement d’éliminations précoces dès la phase de groupe. Dans une région du monde où le rugby est roi et qui est géorgraphiquement plutôt isolée, difficile pour le football (notamment féminin) de se développer. Mais grâce encore à la FIFA, l’organisation de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 2016 a permis à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de braquer les projecteurs sur le football féminin le temps du tournoi. Assez pour permettre à la discipline de se développer dans la région ?

 

 

Crédit photos : zimbio, fifa

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer