Le débrief’ des consultants après Pays-Bas – Danemark : « Du grand spectacle ! »

Alors que les Néerlandaises sont montées sur le toit du monde avec leur victoire en finale sur le Danemark (4-2), dimanche à Enschede, notre consultante et ancienne joueuse de Juvisy Sandrine Dusang revient, avec la co-fondatrice du club Annie Fortems, sur une rencontre passionnante et animée.

 

 

 

 

Nos consultantes

 

Consultante pour Foot d’Elles, Sandrine Dusang est connue de tous les amoureux hexagonaux du foot féminin. Ancienne défenseure internationale Française, où elle a accumulé 47 sélections au cours de sa carrière, la native de Vichy possède aussi une belle carrière en club. Elle a en effet évolué pendant 9 ans au sein de l’Olympique Lyonnais, avec qui elle a remporté pas moins de 5 championnats de France et 1 Ligue des champions. Passée à Juvisy en 2012, elle a conclu sa vie de footballeuse professionnelle à la fin de la saison, et se consacre désormais à la promotion du football féminin.

Une discipline qu’Annie Fortems aide à développer depuis de très nombreuses années. Co-fondatrice et ancienne capitaine du FCF Juvisy (devenu cette saison le Paris FC féminin), celle qui est considérée à plus d’un égard comme une pionnière (elle a par exemple participé à la montée en D1 de Juvisy, en 1977) a aussi longtemps foulé les rectangles verts en tant que milieu de terrain et libéro. Il y a 4 ans, cette psychanalyste qui s’occupe de l’insertion professionnelle, racontait à Foot d’Elles qu’en 1972, « le public nous envoyait des insultes, des quolibets, des moqueries extrêmement misogynes et sexistes ». Il fallait « encaisser, accepter… et ne pas partir ! ». Décorée de la légion d’honneur en raison de son engagement pour les droits des femmes dans le sport et l’entreprise, elle est encore présente aujourd’hui, aux côtés de l’ex-joueuse, devenue recordwoman du match disputé à la plus haute altitude le mois dernier au sommet du Kilimandjaro, pour décrypter la finale de l’Euro 2017 entre les Pays-Bas et le Danemark, remportée par le pays hôte.

 

On annonçait une rencontre déséquilibrée pour cette finale entre le Danemark et les Pays-Bas. Trouvez-vous que cela ait été le cas ?

 

Sandrine Dusang : « Pour moi ça n’a pas du tout été le cas, mais après je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il y ait trop de différences. Les Pays-Bas partaient avec un petit avantage, mais sans que ce soit un écart fou. Ça s’est confirmé, même si je pense que le fait de jouer devant son public a permis aux Hollandaises de pousser un peu plus, et de transformer la pression en quelque chose de positif. Ça a été un match équilibré, avec des occasions des deux côtés, plutôt agréable à regarder. C’était une belle finale, le meilleur match de la compétition parce que ça a joué des deux côtés et surtout qu’il y a eu des buts. C’est important et on n’a pas été gâté depuis le début de la compétition, si l’on excepte le match entre l’Angleterre et l’Ecosse. A chaque fois c’était serré et on ne voyait pas trop de buts.

 

Annie Fortems : On pouvait s’attendre à ce que les Pays-Bas soient supérieurs au Danemark, mais pas du tout finalement. Ça a été jeu offensif contre jeu offensif, il y avait une alternance de jeu ouvert, chaque attaque répondait à une attaque adverse, c’est ce qui a fait la beauté du match. Ça a été serré jusqu’à la fin, même si il y a le coup d’assommoir des Pays-Bas à la fin.

 

Qu’avez-vous aimé dans cette finale ? Qu’est-ce qui vous a agacée ?

S. D : Je n’ai pas été agacée par grand-chose, je n’ai pas vu d’abus d’antijeu et de mauvais comportements. Le geste d’humeur de Nadia Nadim (qui lui a valu un carton en début de match, NDLR) ? Ca fait partie du personnage ! Ce qui m’a plu en revanche c’est que les deux équipes ont eu un niveau de jeu très élevé, et puis comme je le disais tout à l’heure les buts, sans oublier le public et l’ambiance qui est un gros plus parce que même quand on regarde le match à la télé on arrive presque à se mettre à la place des Hollandaises qui sont chez elles, et qui peuvent profiter de tout ça, un stade orange. En tant qu’ancienne joueuse je me mets à la place de celles qui étaient sur le terrain et j’imagine que ça devait être quelque chose de très fort. L’ensemble de cette finale était vraiment bien.

 

A. F : Ce que j’ai aimé, même si ça a déjà été dit et redit, c’est la démonstration des Hollandaises. On a vu des joueuses libérées, on a eu la démonstration de ce que réprésente le fait de jouer réellement. Sur le plan technique et stratégique, c’était l’équivalent du Danemark, mais le désir et la joie de jouer m’a, en tant que psychanalyste, particulièrement touchée. Et puis il y avait un tel rythme, on se demandait quand les deux équipes allaient se relâcher ! Ce qui m’a agacée c’est la remise de la coupe ! Je n’avais jamais vu une cérémonie comme ça. Normalement on monte dans la tribune présidentielle avec chaque joueuse qui passe, et la présentation de la coupe à tout le stade. Là les filles étaient face à la tribune présidentielle, avec un petit podium de l’UEFA, trois-quarts du stade n’a pas vu lever la coupe, et en tant qu’ancienne joueuse et ancienne capitaine je sais à quel point il est important de partager les trophées avec l’équipe d’une part, mais surtout avec le public. J’ai trouvé cette cérémonie très étonnante, on ne l’a jamais vu chez les hommes.

 

Quelles joueuses ont illuminé ce dernier acte pour vous ? Qui a raté son rendez-vous ?

 

S.D : Forcément, je vais citer l’inévitable Van de Sanden ! Dès qu’elle touche le ballon il se passe quelque chose, le public se met à hurler, on l’a encore beaucoup vu ce soir sur le terrain. Lieke Martens un peu moins. Viviane Miedema on a toujours autant de mal à la voir dans le jeu mais elle arrive à planter de façon assez extraordinaire, comme sur le but en toute fin de match où on a l’impression qu’elle va tenter de conserver le ballon pour gagner du temps, et qu’au final elle s’en va marquer tranquillement. Elle n’avait pas été très en vue au début de la compétition mais elle s’est rattrapé sur les deux derniers matches.

 

Côté danois, comme d’habitude, il faut citer Pernille Harder qui a fait tout son possible pour faire gagner l’équipe, et elle marque en partant du milieu de terrain, ce qui est significatif de son importance. Troelsgaard ? Encore une fois elle fait un bon match, elle a ce truc malin, truqueuse, qui fait que lorsqu’il faut aller au tampon elle y va, quand elle doit se laisser tomber elle le fait… C’est une joueuse maligne qui est bonne dans le jeu, qui distribue de bonne passe, et je pense que s’il n’y avait pas ce genre de filles derrière Harder, elle n’aurait pas les mêmes ballons. Elle est importante dans la distribution du jeu. Du côté des flops, je n’en vois pas vraiment qui soit passé à côté de sa finale. Sandjev ? Pour moi le fait qu’elle ait souffert n’est pas très significatif parce que je pense que tout le monde peut donner l’impression de rater son match quand on a un adversaire qui est aussi rapide. Si moi on me met face à Thomis dans le couloir je sais qu’elle va courir plus vite que moi donc je vais essayer d’anticiper la profondeur et caetera mais si elle arrive à passer…

 

A. F : Je n’ai pas vu non plus de joueuse passer au travers de leur match. En revanche du côté des tops, du côté du Danemark, je citerai Nadia Nadim et la capitaine Pernille Harder. L’histoire de Nadia Nadim, dont on a beaucoup parlé dans cet Euro, me touche, et en plus elle est impressionnante. Techniquement elle est très forte, percutante, elle affole les défenses… Et puis Harder aussi est impressionnante. Pour les Pays-Bas, je retiendrais la triplette offensive. Nous en France on manque tellement d’attaque avec une telle finition, pourtant ces filles ne jouent pas ensemble le reste de l’année, elles jouaient même dans trois pays différents la saison passée. On a l’impression qu’il y a des automatismes entre elles, c’est incroyable ! Et puis elles font preuve d’un tel réalisme, on le voit sur leur premier but ! Elles sont menées,

 

Quels sont les faits de jeu qui ont fait pencher la balance en faveur des Pays-Bas ?

S.D : Finalement peut-être que le penalty à la 6ème minute a été déclencheur de quelque chose. Je pensais que ça enfoncerait les Néerlandaises mais au final ca a provoqué l’inverse. Quand on prend un but (6′) on peut se dire que ça va être dur, mais je pense que dans leur tête, elles se sont plus dis que c’était une erreur à effacer, et qu’elles avaient 85 minutes pour marquer deux buts. Elles ont vite inversé le problème pour en faire une force et se dire qu’elles avaient largement le temps. Derrière elles ont repris le jeu à leur compte et ont égalisé rapidement. Je pense que ce penalty les a vraiment faites rentrer dans leur rencontre.

 

A. F : C’était un match tellement disputé qu’il y avait beaucoup de faits de jeu marquants, mais pour moi celui qui symbolise la victoire des Pays-Bas ce n’est pas le penalty, mais l’égalisation. Cette chevauchée fantastique de Van de Sanden, qui reprend plusieurs mètres à la défenseure danoise en peu de temps, et qui adresse ce centre au millimètre à Miedema qui, entre deux joueuses, la met au fond. On a l’impression d’être à l’entraînement ! Mettre ça alors qu’elles perdent 1 à 0, de cette manière, 4 minutes après avoir pris un but d’entrée de jeu, ce qui aurait pu mettre un coup à des dizaines d’autres équipes… On n’a l’impression que les filles ne sont même pas dans cet état d’esprit qui leur ferait dire : « Il faut qu’on égalise ». Non, elles se disent : « Il faut jouer ». Qu’elles mènent, qu’elles soient menées elles jouent, alors que beaucoup auraient fermé la boutique, elles ont continué à jouer. Pour moi hier elles étaient dans un état de grâce.

 

Avez-vous été surprise de voir le Danemark autant bousculer la Hollande ?

 

S.D : Surprise non, pas vraiment. Après c’est sûr qu’elles ont fait quelque chose d’impressionnant, mais pas seulement contre les Pays-Bas, plutôt grâce à leur tournoi en général en fait. Personne ne s’attendait à les voir là, donc en plus d’arriver à se défendre dans une finale comme ça face au pays hôte, c’était quelque chose de grand. On sentait que, même si les Pays-Bas était un petit peu au-dessus, le Danemark avait quelque chose à faire valoir et qu’il pouvait marquer un but, comme l’action de Pernille Harder l’a montré. Veje a aussi été très dangereuse, notamment sur une action en fin de match où elle n’était pas loin de marquer après avoir fait danser toute la défense adverse. Je n’étais toujours pas convaincu à 100% de la victoire hollandaise à 15 minutes de la fin, les Danoises n’ont rien lâché et on sentait qu’elles pouvaient marquer un but sur un contre ou une action rapide.

 

A. F : On s’attendait quand même à ce que les Pays-Bas dominent, donc ça m’a surpris de voir le Danemark autant gêner les Oranje. J’ai même été étonnée que le Danemark puisse s’aligner sur le niveau de son adversaire, bien qu’on sentait que les Pays-Bas étaient supérieurs. Le Danemark aurait pu gagner, même si en fin de match elles ont fléchi au niveau du rythme. Mais on a eu une démonstration de deux équipes offensives qui n’ont jamais fermé le jeu, 6 buts en finale c’est impressionnant ! Pour moi c’était du grand spectacle, offert par deux grandes équipes offensives. Autour de moi, beaucoup de témoignages qui me disaient « c’est un Euro qui n’est pas au niveau », alors qu’après la finale tous m’ont témoigné le plaisir qu’ils ont pris et qui était supérieur à ce qu’ils pouvaient connaître, même en regardant des matches de D1 masculine. La finale rattrape tout ce qui s’est passé avant !

 

D’un point de vue général, quelle(s) équipe(s) avez-vous préféré dans cet Euro et pourquoi ? A l’inverse, si vous deviez choisir votre « flop », quelle formation désigneriez-vous ?

 

S.D : Bien sûr je vais dire les Pays-Bas, même si je pense aussi que le fait de jouer à domicile a pesé. C’est la première fois que je les vois aussi fortes, pas juste athlétiquement parlant, ce qui faisait leur force avant. Elles balancent encore un peu au niveau des relances, mais en terme de jeu elles ont beaucoup progressé, elles peuvent montrer des choses dont elles n’étaient pas capables avant. Elles ont des joueuses offensives vraiment intéressantes et jouent beaucoup plus au foot qu’avant. Ce qui m’a plu c’est aussi qu’elles ont dégagé quelque chose de fort, avec tout cet engouement. Sinon j’ai bien aimé la Belgique, qui au final était dans le groupe des deux finalistes. Dans un autre groupe je suis sûre qu’elles auraient pu faire quelque chose.

 

Je pense forcément à l’équipe parce que je connais certaines joueuses qui y jouent (sourire), mais au-delà de ça, la Belgique m’a convaincu dans sa façon de jouer et j’ai l’impression qu’elles sont dans le cycle que la France a traversé il y a à peine 10 ans. L’équipe commence à se structurer, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Je pense qu’il faudra les suivre dans les années à venir. Et je ne voudrais pas oublier l’Autriche que personne n’attendait à ce niveau (jusqu’en demi-finale, NDLR). L’Espagne, même si elle s’est fait sortir en quart, et a eu chaud en phase de poule, développe un jeu intéressant à regarder, on sent aussi que ça se structure par rapport au championnat, même s’il leur manque quelque chose. C’est intéressant de voir toutes ces équipes-là, ça montre qu’il se passe quelque chose au niveau européen et que le niveau augmente, ça a permis à des équipes de se révéler et ce n’est pas plus mal, on se dit que les surprises vont se faire de plus en plus nombreuses dans le foot féminin et je pense que c’est quelque chose qui manquait à la discipline jusqu’ici.

 

Pour moi il y a deux flops, qui sont l’équipe de France et l’Allemagne. Ils étaient clairement favoris. Malheureusement que ce soit les Bleues ou leurs voisines, elles n’ont pas su répondre présentes sur cet évènement. Ne pas être dans le dernier carré c’est juste, surtout que les deux ne se sont pas faites sortir sur un fait de jeu, c’est juste qu’elles n’ont pas été capables d’élever leur niveau. Je parlais de la Belgique ou l’Autriche, qui montre qu’elles ont une âme, un état d’esprit collectif important. On voit qu’il se passe quelque chose et qu’elles arrivent à inverser la tendance quand elles sont menées. Sur l’Euro, avec la France et l’Allemagne, je n’ai pas ressenti ça. Quand elles ont été dans le dur, sauf pour la France qui arrive à revenir face à la Suisse à 10, on a le sentiment qu’il manque quelque chose au niveau de l’état d’esprit. Je sais que parfois c’est difficile de se remuer et de se dire : « Aller, il faut le chercher », et j’imagine bien que dans leurs têtes, elles s’arrachaient pour essayer de revenir, mais on ne le ressent pas. Alors est-ce que c’est parce qu’il manque quelque chose au niveau du collectif ? Est-ce qu’on se repose trop sur l’autre ? Je ne sais pas mais il a manqué quelque chose à ces équipes et on n’est pas habitué. Pareil pour l’Allemagne, des filles qui ont une hargne et un mental incroyable, qui ont l’habitude de monter en gamme au fur et à mesure de la compétition et finalement non. Il n’y a pas eu de révolte et de hargne, en tout cas de ce qu’on ressent de l’extérieur. 

 

A. F : Mon équipe préférée reste les Pays-Bas, pour les raisons que j’ai citées, cette démonstration de création d’état de grâce et d’opportunités, par la capacité à jouer et à s’extraire de l’enjeu. C’est la confiance c’est la sérénité, elles ont cette capacité à créer bien au-dessus de la moyenne, avec des joueuses extraordinaire. Comme flop je désignerai également l’Allemagne ou l’équipe de France. Les Bleues qui pour moi était l’antithèse des Néerlandaises. On est aussi forte que les Pays-Bas, elles auraient très bien pu faire jeu égal dans cette finale, sauf qu’on n’est pas aussi forte mentalement et qu’on n’a pas cette capacité à jouer, à s’extraire de l’enjeu. On n’arrive pas à se libérer, on a un défaut d’attaque. Alors est-ce que c’est les attaquantes qui ne développent pas leur capacité à jouer ou l’équipe qui n’arrive pas à développer un jeu pour que nos attaquantes puissent la mettre au fond ? Je ne sais pas.

 

Après deux semaines d’une compétition acharnée, l’Euro se termine… Quel bilan tirez-vous de cette édition ?

 

S.D : La première des choses c’est cette déception par rapport au parcours des Bleues que je voyais aller plus loin, voire au bout. Après je suis contente d’avoir pu observer certaines équipes jouer, et de voir comment le foot européen évolue, de voir des nations progresser comme elles l’ont fait ces dernières années, d’avoir d’avantage de surprises et que des équipes qu’on attendait pas se soient révélées. Je vois ça comme quelque chose de positif afin de le niveau de jeu en Europe deviennent plus homogène. C’était un Euro très sympa avec des matches plutôt agréable dans l’ensemble.

A. F : J’en tire un bilan très positif, sur le plan du foot et du sport en général. On voit de nouvelle équipes arriver, et j’ai apprécié le fait qu’on passe de 12 à 16 équipes, avec des formations comme l’Islande, l’Ecosse, qu’on voit cette vision du football féminin européen qui se développe, avec l’entrée de soi-disant petite nation qui s’exposent et vont créer des vocations. Et puis on a vu la capacité à se battre de ces filles. Elles n’ont peut-être pas le niveau des Pays-Bas, du Danemark ou de la France, mais j’ai trouvé ça réjouissant pour le sport et le football féminin en général. Et puis quelle finale, c’était enthousiasmant, ça va faire des émules, j’irai jusqu’à dire que c’était jubilatoire. Elle a réjoui les spectateurs et les téléspectateurs, c’est une promotion énorme pour le foot et le sport féminin. On le voit avec ces records d’audience, et c’est quand même super.

 

Quel souvenir marquant retiendrez-vous de l’Euro 2017 ?

 

S.D : La fin de carrière internationale de Camille Abily, avec qui j’ai joué en équipe de France mais aussi à Lyon, avec qui je suis allée aussi à Clairefontaine… On s’est toujours un peu suivies parce qu’on est de la même génération, donc ça fait forcément quelque chose de se dire qu’elle arrête avec les Bleues ! On a vu que c’était un moment difficile pour elle parce que je suis sûre qu’elle aurait voulu terminer sur une meilleure note et ça se comprend. Ca fait quelque chose parce que ça a été une joueuse emblématique de l’équipe de France, elle a toujours été exemplaire en terme de performances, et de tout ce qu’elle a fait pour la sélection, ça m’a touché de la voir finir sur cette note… Tous ceux qui la connaissent et qui apprécient le foot féminin savent l’importance qu’elle a en Bleues. C’était un moment important de l’Euro même si on aurait préféré la voir pleurer et annoncer son départ à la fin du tournoi, après avoir soulevé le trophée… En tous cas pour tout ce qu’elle a fait on peut lui tirer un grand coup de chapeau et on lui souhaite de bien finir sa carrière en club et de prendre un maximum de plaisir.

 

A. F : Ce qui me restera de l’Euro ce sera la finale, déjà, qui était un grand moment de football. Le nombre de spectateurs et de téléspectateurs est aussi très important, la diffusion sur une chaîne publique en intégralité, ce qui reste du jamais vu. Pour l’anecdote j’ai beaucoup apprécié les commentaires de Fabien Levêque et Marinette Pichon, qui sont très décriés, surtout Marinette. Je pense que c’est plus sur la forme, dans ses exclamations, dans ses tons de voix… Mais sur le fond c’est d’une grande qualité de la part des deux, d’ailleurs je les félicitais régulièrement sur Twitter. Il y a des choses à travailler sur la forme, mais dans le fond je trouve ça excellent, de leur part à tous les deux.

 

L’engouement suscité aux Pays-Bas vous a-t-il convaincue ? Y a-t-il encore beaucoup de choses à faire pour voir des stades pleins à la Coupe du Monde 2019 qui se tiendra en France ?

 

S.D : Oui, j’ai été convaincue, ça a bien fonctionné puisque visiblement le pays a été conquis et envahit par une vague Oranje, donc les Pays-Bas ont réussi leur pari avec la réception de cet Euro. Si ça marche en Hollande je me dis que ça peut marcher dans les pays qui ne sont pas très loin (sourire)… Là où c’est compliqué dans ce genre de compétition c’est de ramener du monde dans les matches où l’équipe hôte n’est pas toujours concernée. Ce n’est pas toujours évident parce qu’il y a le facteur géographique. Pour la Belgique ou la France c’était tout près donc il y a pas mal de gens qui ont pu faire le déplacement, surtout du côté de la Belgique. Après niveau audience les matches des Bleues ont bien marché, mais je me demande si les gens ne vont pas être déçus de ce qu’ils ont vu cet été. Est-ce qu’ils vont rester concernés ? Je ne sais pas.

 

Là où ça me rassure c’est qu’une Coupe du Monde à domicile – on a vu ce que ça donnait en 98 – même si le foot féminin ne suscite pas autant d’engouement que le foot masculin, je pense que ça peut être un événement magique et que les gens seront présents. Il faut que la FFF continue de préparer cet évènement, que les Bleues arrivent à passer à autre chose, à redorer leur image avec des résultats positifs dès la rentrée, en se remettant dans une spirale positive. Je ne m’inquiète pas trop, on a vu ce que l’Euro pouvait créer, la force que ça donnait à l’équipe, les Pays-Bas en ont profité jusqu’au bout et tant mieux, donc si les Françaises se remettent dans le bain et recommencent à gagner rapidement, que l’organisation est bien huilée, je me dis qu’on pourra profiter de l’engouement des Français et espérer faire quelque chose chez nous !

 

A. F : Pour toutes les raisons que j’ai évoquées précédemment, je dirai bien entendu que cette édition a été convaincante sur le plan de l’engouement. Ensuite, pour les stades soient pleins il faut aussi contrôler la capacité des stades. Ce n’est pas la peine de mettre des enceintes de 40 000 ou 60 000 places alors qu’on sait qu’on ne fera que 10 ou 20 000 entrées. En D1 et en D2 masculines, les stades ne sont déjà pas plein, alors attention à l’idéalisation du foot féminin qui devrait remplir les stades. On ne peut pas lui demander ça, on ne le demande à aucun autre sport. La finale de cet Euro était à guichets fermés, mais c’est parce que c’était les Pays-Bas, lors des autres matches une grande partie du stade était vide. Pour moi il ne faut pas que le taux de remplissage devienne un objectif et qu’on mette ça sur le dos des filles, qu’elles se rajoutent cette pression en plus. Il faut surtout que le spectacle proposé soit à la hauteur de l’évènement. Par contre au niveau de la diffusion j’espère et je pense qu’on aura le même dispositif.

 

Voir le résumé de la rencontre ici

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer