Laurent Nicollin : « Le championnat doit devenir une locomotive »

A une journée de la fin du championnat, Montpellier a officialisé sa présence en Ligue des Champions la saison prochaine. Laurent Nicollin, Président Délégué du club de l’Hérault, a accordé une interview exclusive à Foot d’Elles. Son regard sur la section féminine, les ambitions du club, l’avancée du projet… Entretien.

 

 

 

Nous vous avions interviewé en 2015. Deux ans plus tard, Montpellier est deuxième de D1 derrière Lyon. Quel regard portez-vous sur l’évolution de la section féminine ces dernières années ?

L.N : << Cela fait quelques années que nous essayons de travailler dans l’optique d’avoir des équipes féminines de qualité et compétitives. Lyon et Paris sont toujours devant sur le plan financier, mais nous essayons aussi de faire notre petit bout de chemin en recrutant et en formant de bonnes joueuses. Notre objectif principal consiste à aller embêter ces deux grandes équipes du championnat. Cette saison, c’est plutôt chose faite car nous nous retrouvons en deuxième position. Il faut continuer sur cette dynamique.

 

Êtes-vous satisfait par cette progression ?

Notre objectif a toujours été de terminer aux trois premières places du championnat. Aujourd’hui, nous sommes sur la deuxième marche du podium, c’est encourageant, cela vient récompenser les efforts faits par les dirigeants, le staff, et les joueuses de Montpellier. Je trouve intéressant le fait d’être régulier dans nos performances, je constate chaque année que notre équipe parvient à faire de bons résultats et à obtenir un bon classement final. Par ailleurs, nous savons que tout va très vite dans le football, il ne faudra donc pas se reposer sur nos acquis et donc essayer de construire la meilleure équipe l’an prochain. Nous sommes déjà en train de préparer le prochain exercice, avec notamment la Ligue des Champions que nous aurons plaisir à retrouver.

 

Qu’est ce qui a été mis en place pour que l’équipe première atteigne le niveau qui est le sien aujourd’hui ?

Jean-Louis Saez a succédé à Sarah M’Barek il y a quatre saisons maintenant. Nous avons reconstruit le projet sur de nouvelles bases. L’état d’esprit et la dynamique ont changé, et force est de constater que les choses ont évolué positivement. Nous sommes allés recruter à l’étranger tout en nous appuyant sur des joueuses issues de notre centre de formation, et le mélange a pris. Jean-Louis Saez travaille bien, il s’est parfaitement intégré, lui qui venait au départ du football masculin. Il a un staff compétent avec lui, et je dirai que notre équipe possède tous les ingrédients pour performer.

 

Vous avez toujours axé votre politique de recrutement sur le fait d’allier jeunesse du centre de formation et acquisition de joueuses internationales. Qu’en sera-t-il la saison prochaine ?

Nous allons fonctionner de la même façon. Il faudra essayer de se concentrer sur de jeunes et talentueuses joueuses, il y en a au sein de notre centre de formation, mais nous en suivons également à l’étranger. Nous essayons de recruter intelligemment en gardant à l’esprit que nous ne détenons pas les mêmes moyens financiers que l’OL et le PSG. Il faut garder un avantage sur les équipes qui sont derrière nous, tout en essayant d’aller embêter ces deux équipes. Nous ne ferons pas de folie même si nous disputons la Ligue des Champions. Nous allons rester dans la même ligne de mir, en gardant un cap qui nous semble cohérent avec notre projet. Il y aura peut-être des départs cet été, mais nous allons essayer de garder une certaine stabilité au sein de notre effectif. L’idée sera de renforcer nos lignes en recrutant peut-être une à deux joueuses d’ici à la saison prochaine.

 

<< Garder un cap cohérent avec notre projet >>

 

La perspective de disputer une Ligue des Champions la saison prochaine va-t-elle permettre la mise en place de nouveaux moyens ?

Nous n’allons pas doubler le budget parce que nous serons engagés dans cette compétition européenne. Nous allons rester sur la politique de départ, qui fonctionne très bien jusqu’à présent. Nous essayons de rester en phase avec nous-même, en progressant au fil des années. Comme je vous le disais, nous allons nous concentrer sur quelques joueuses qui pourraient nous apporter un vrai “plus”. Cependant, nous ne pourrons jamais nous envoyer en l’air financièrement comme peuvent le faire Lyon et Paris aujourd’hui. Nous n’avons pas les moyens de proposer des salaires dithyrambiques, c’est très clair. Nous allons rester dans notre logique de stabilité la saison prochaine, en essayant de terminer aux trois premières places. Maintenant, si nous parvenons à décrocher un titre, nous n’allons pas nous priver. Nous grandissons d’année en année. Nous sentons vraiment que la section féminine fait partie intégrante du club.

 

 

 

Sentez-vous davantage d’engouement autour du développement du football féminin dans la région (supporters, intérêt des sponsors et partenaires) ?

Cela commence petit à petit. Avant, nous n’avions pas de groupe de supporters. Aujourd’hui, nous avons un KOP dédié qui suit les filles à chaque match. Nous essayons de faire de notre mieux, la fédération s’implique également dans le développement, mais il faut faire encore plus de façon à ce que le football féminin soit reconnu à sa juste valeur. Tout a été très bien fait par la FFF de façon à porter l’équipe de France féminine, il faut maintenant que le championnat devienne une véritable locomotive. Plus on parlera de la discipline sur les réseaux sociaux, dans la presse, ou encore à la télévision, plus les supporters seront nombreux à venir au stade chaque semaine. De mon point de vue, les médias ne parlent pas assez des équipes qui composent notre championnat. Je pense qu’il faudrait une meilleure reconnaissance de la D1, par des articles, des analyses, des reportages, etc. Cela commence à être fait, mais il faut désormais en faire plus. Si on ne parle pas du championnat, il n’y a que peu de chance pour que les supporters viennent au match le week-end.

 

Quelles seront les ambitions du Montpellier Hérault pour les années à venir ?

Nous n’allons pas arriver en disant : on va gagner la Ligue des Champions. Essayons déjà de passer quelques tours en faisant de belles performances. Rappelez moi au mois d’août lorsque j’aurai un regard plus avancé sur la saison prochaine, tant sur l’effectif que sur le calendrier. Cependant, je peux vous dire que nous jouerons les trois compétitions à fond. Nous savons que la saison sera entrecoupée de trêves internationales… A un moment donné, je pense qu’il faut avoir une réflexion sur le calendrier, car les joueuses ont du mal à s’adapter et à jongler entre tous ces matches. C’est un peu compliqué à gérer. Il faut harmoniser le calendrier de façon à avoir des périodes bien définies pour chaque compétition. Je sais que l’élaboration d’un calendrier n’est pas facile à faire, mais je pense néanmoins qu’il est indispensable de réfléchir plus sérieusement à tout cela de façon à ce que les équipes de D1 aient moins de problématiques de ce genre à gérer. >>

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

 

Crédits photos : MHSC. 

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer