Kinésithérapie-ostéopathie, le grand dossier

Les kinésithérapeutes-ostéopathes occupent aujourd’hui une place centrale au sein des différents staffs techniques des équipes de D1 et D2. Nous vous proposons un grand format sur une profession au combien importante dans le sport. Rôles, interventions, actions… Foot d’Elles vous livre ses explications.

 

 

Qu’ils évoluent dans l’élite ou en deuxième division, de plus en plus de clubs décident de tendre vers le professionnalisme en se dotant d’un staff technique complet destiné à prendre en charge leurs équipes premières. Parmi les professions phares, nous retrouvons la kinésithérapie-ostéopathie, pratique qui permet notamment de réduire les temps d’indisponibilité des unes, tout en traitant, de façon quotidienne, les blessures des autres. Nous sommes partis à la rencontre de quatre kinés qui ont accepté de nous en dire davantage sur cette profession.

 

 

Leurs actions 

 

 

Yannick Millet (OL) : << Il y a deux grands axes dans mon travail auprès du groupe professionnel. D’abord et avant tout le suivi des matches en compétition. Ensuite, je mets en place un suivi personnalisé des joueuses, puisque j’interviens quotidiennement au club. Ces interventions ont généralement lieu avant les séances d’entraînement. Cela me permet de cerner les problèmes qu’il peut exister concernant chaque joueuse. Je travaille toujours en collaboration avec le médecin du club. Nous avons créé, dans l’enceinte du club, un centre médical exclusivement dédié aux filles. Elles possèdent ainsi leur propre espace de travail, ce qui constitue un véritable atout. >>

 

Matthieu Tenailleau (La Roche-sur-Yon) : << Je suis en charge de la coordination du pôle santé depuis la montée en D1. Je me suis mis en relation avec plusieurs professions (médecins, diététiciens, ostéopathes). Mon rôle consiste à être à disposition des joueuses le lundi soir notamment, où je fais une permanence auprès de l’équipe première. J’établis des programmes de reprise pour les joueuses qui en ont la nécessité. Il faut savoir que les filles ont un accès privilégié à mon cabinet, car je travaille en libéral. Lorsqu’une joueuse a besoin d’un rendez-vous, je la prends en charge très rapidement, c’était d’ailleurs une des attentes de Malika Bousseau, entraîneur de l’équipe, cette saison. Je pratique également des soins d’urgence. Il faut une bonne coordination entre les différents partis, de façon à ce que tout fonctionne correctement. >>

 

Sébastien Peronnier (GMCFF) : << Je suis responsable de tout le service médical au sein de l’équipe D2 cette année. Je m’occupe notamment des prises en charge par les kinés, des rendez-vous médicaux pour des examens complémentaires. Je suis à la tête du staff médical, et j’ai pour fonction de coordonner toutes les actions à ce niveau-là. Par ailleurs, je fais valoir mon rôle de kiné au sein de l’équipe, avec tout ce que cela implique. J’interviens également lors des matches. Il s’agit, pour moi, d’établir un diagnostic précis et assez rapide, de façon à pouvoir dire au coach si la joueuse peut reprendre sa place sur le terrain. >>

 

Julien Normand (Juvisy) : << J’interviens tout au long de la semaine, et même le week-end lors des matches, auprès du groupe D1. Cette saison, nous avons mis en place un staff médical complet, à la fois pour l’équipe première, et pour nos jeunes U19. Je suis en charge de la coordination au sein de la structure médicale. Mon rôle consiste à prendre en charge toutes les pathologies des joueuses, soit en salle de soins, soit en salle de musculation (lors d’une phase de réathlétisation par exemple). Je travaille également sur toute la partie d’avant-entraînement, qui peut aller de la simple pose de strap à une manipulation plus approfondie. Nous retrouvons quasiment les mêmes types d’intervention à l’entraînement et en situation de match. Notre objectif consiste à ce que la joueuse soit dans de bonnes dispositions afin de débuter une rencontre le week-end. Je suis le kiné de la D1 pour la troisième année consécutive. Il faut également savoir que, depuis cette saison, je suis en charge de toute la partie communication au sein du staff médical du club. >> 

 

La prévention des blessures, une nécessité 

Si les rôles des kinésithérapeutes-ostéopathes sont multiples, la prévention des blessures ainsi que la réduction des temps de cicatrisation apparaissent comme primordiales. « Nous avons des protocoles à mettre en place et à respecter en fonction des blessures », commence Yannick Millet, professionnel en place à l’Olympique Lyonnais et qui travaille, comme la plupart de ses confrères, en libéral. « Le suivi d’une équipe de football professionnelle réside essentiellement dans de la traumatologie fraîche ». En effet, le kiné d’une équipe doit très régulièrement faire face aux mêmes types de pathologies. Son rôle consiste également à prévenir tout type de blessure, élément que les dirigeants du FCF Juvisy ont bien compris. « Depuis deux saisons, nous avons mis en place un système de statistiques complet à ce sujet », explique Julien Normand, kinésithérapeute au FCF Juvisy. « Nous répertorions tout type de blessure, ce qui nous permet d’avoir une base de travail et des données à exploiter en fin de saison ».

 

 

<< Nous avons des protocoles à mettre en place en fonction des blessures >>

 

 

Car s’il est important de travailler tout au long de la saison avec les joueuses, le protocole est, lui, mis en place bien avant, de façon à permettre au staff de disposer d’un maximum d’informations susceptibles d’être réutilisées en cas de blessure. Des informations qui permettent au corps médical d’être réactif suite à la blessure d’une joueuse. « Nous devons par ailleurs être en mesure de prévenir toute récidive », assure Matthieu Tenailleau, spécialiste au club de la Roche-sur-Yon. Si la montée de sa formation dans l’élite a entraîné quelques changements cette année, sa méthode de travail, quant à elle, reste dans la continuité de ce qui a été effectué depuis plusieurs saisons. « L’idée consiste à permettre à chaque joueuse de retrouver le terrain progressivement ». Pour cela, « nous effectuons un gros travail de prévention, de gestion, et surtout d’analyse », déclare-t-il.

 

 

La coordination comme maître mot

A l’heure d’interroger ces spécialistes, tous ont été unanimes quant à la nécessité d’avoir une bonne coordination au sein du staff technique et, plus particulièrement, à l’intérieur du corps médical. « Je suis constamment en relation avec le coach », explique Sébastien Perronier du GMCFF. « Nous avons des réunions qui permettent de faire le point chaque semaine. Le préparateur physique sert également de lien entre mon action et le terrain ».

Même discours à l’Olympique Lyonnais, où Yannick Millet met en avant le bon relationnel existant au sein de sa formation. « Il est très important que tout le monde s’entende bien, de façon à ce que le message passe auprès du groupe », poursuit celui qui intervient également au ballet de danse professionnelle à l’Opéra de Lyon. Pour lui, la démarche psychologique à suivre est quelque peu différente de celle qu’il est nécessaire d’adopter avec des hommes. « Je constate certains changements en termes de communication notamment. Une fille va davantage se confier à son kiné, avec qui elle n’aura pas les mêmes attentes relationnelles ». Julien Normand, qui a également eu l’occasion de travailler au contact de sportifs, apporte une précision sur le sujet. « Il y a plus de rigueur chez les filles, et elles connaissent, selon moi, bien mieux leur corps que les hommes. Elles ne vont pas attendre une grosse blessure pour demander une prise en charge ». 

 

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

 

Crédit photos : William Morice (FCF Juvisy) / Matthieu Tenailleau / dvrs4free.com.

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