Julien Hallard fait son cinéma

Réalisateur du film « Comme des garçons », sorti en avril dernier, Julien Hallard a remis la lumière sur l’histoire des filles du Stade de Reims, à l’origine de la renaissance du football au féminin en France, à la fin des années 60. Silence, on tourne…

« Nous nous battrons pour jouer au football, comme les garçons. On est des pionnières, alors il faut aller jusqu’au bout. » La bande-annonce du film « Comme des garçons » résume parfaitement le long métrage réalisé par Julien Hallard.

Quand l’histoire mène à un film

L’idée du film nait il y a quelques années. Un peu par hasard. Une radio allumée dans la salle de bain du cinéaste, un reportage qui évoque ces filles de Reims et attire son attention. « Je ne connaissais pas cette histoire, explique-t-il. Le foot féminin commençait seulement à être médiatisé. J’avais entendu parler de Louisa Necib présentée comme la Zidane au féminin. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. J’aimais beaucoup l’idée que tout ça soit arrivé un peu par hasard, comme une blague, et puis que les filles aient finalement pris ça très au sérieux. J’ai voulu m’appuyer dessus mais en faire une fiction, un film « feel good ». C’est un film féministe mais pas non plus sur des femmes qui ont dû braver un interdit. »

« Les actrices me disaient qu’elles avaient déjà joué au foot mais c’était juste pour avoir le rôle »

Max Boublil est choisi pour interpréter le rôle de Paul Coutard, version romancée de Pierre Geoffroy, le journaliste du quotidien L’Union à l’origine de cette équipe. Pour les filles, le casting a réservé quelques surprises. « Elles me disaient qu’elles avaient déjà joué au foot mais c’était juste pour avoir le rôle, rigole le réalisateur. Seule Zoé Hérand avait déjà joué un peu. Vanessa Guide, elle, ne connaissait même pas les règles. Il a fallu beaucoup travailler. Mais pour une actrice, c’est très intéressant d’avoir un rôle de ce type à jouer. Elles étaient très excitées devant le défi. Nous avions des entraînements menées par Aurélie Meynard, une ancienne joueuse de l’équipe de France qui a parfaitement su inculquer les bases techniques. »

Premier rôle féminin, Vanessa Guide s’est vite prise au jeu. « J’ai tout de suite été séduite par le scénario, a-t-elle raconté lors de la promotion. C’est rare de voir une comédie avec autant de femmes. Et puis c’est la volonté d’un homme de mettre des filles à l’honneur. Je me suis entraînée toute seule trois mois trois fois par semaine puis trois mois avec le reste de l’équipe. Même en travaillant autant, je savais que je n’arriverai jamais à avoir le niveau de mon personnage dans le film qui est une fille qui a commencé à jouer à 6 ans avec son père. Je me suis rendu compte à quel point c’était dur le foot. Ces filles de Reims, c’était des pionnières, des battantes. »

Un succès auprès des médias mais pas au box-office

Contrairement à de nombreux films de sport, l’accueil de la critique fut dans l’ensemble très positif. « Une formidable comédie romantique et féministe qui va droit au but », a écrit Femme Actuelle. « Une comédie touchante et drôle portée par des acteurs impeccables, un propos fort (le machisme), une esthétique vintage élégante et une réalisation qui se distingue du tout-venant du rire à la française », a insisté Le Journal du Dimanche. Deux exemples parmi beaucoup d’autres. « Les retombées ont été formidables avec de nombreuses invitations, se réjouit Hallard. Nous avons terminé la tournée de promotion à Reims, avec toutes les joueuses qui avaient inspiré cette histoire. C’était très émouvant de faire le lien entre ces femmes et « mes filles ». Certaines étaient au bord des larmes. Forcément, quelques-unes ont trouvé que ce n’était pas toujours fidèle à la réalité historique et ont eu du mal avec le côté fiction. Mais je les avais prévenues. C’était leur histoire mais pas leur vie. Je voulais avant tout respecter l’esprit de cette aventure. »

« C’est un film féministe et ça fait souvent peur »

Un succès auprès des médias mais pourtant insuffisant pour affoler le box-office. Avec seulement 100 000 entrées, « Comme des Garçons » a peiné à trouver son public. « Cela n’a pas marché comme on l’espérait, consent Hallard. Nous nous sommes heurtés à plusieurs obstacles. D’abord c’est un film de foot et sauf si l’on a un gros casting, les films de sport ont toujours du mal. C’est également un film d’époque et ça peut couper des plus jeunes. Et enfin, c’est un film féministe et ça fait souvent peur. »

Désormais tourné vers d’autres projets de longs métrages, Hallard gardera un œil sur le football au féminin et notamment la Coupe du monde féminine 2019, organisée en France. « La France a les moyens de réussir, avance-t-il. J’aime bien Corinne Diacre. C’est une fille sérieuse, engagée. Il y a aussi un bon réservoir de joueuses. Il faudrait que l’équipe de France connaisse la même réussite qu’un club comme Lyon. Et surtout que la situation des joueuses s’améliore encore car il y a encore beaucoup à faire. » Pour écrire un autre beau scénario.

 


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