Jessica Houara d’H., sans terrain mais avec un moral d’acier

Blessée au genou droit en août dernier, Jessica Houara d’Hommeaux n’a pas d’autre choix que de vivre les matches depuis le bord du terrain. Pour FE, la latérale donne de ses nouvelles et évoque entre autres, le 8e de finale de Ligue des Champions qui attend l’OL ce mercredi. Entretien.

 

 

 

Tu as malheureusement connu une des blessures les plus craintes par les footballeuses (rupture des ligaments croisés). Alors pour commencer, peux-tu nous dire comment va ton genou et comment tu te sens aujourd’hui ?

JH – « J’ai été opérée il y a un peu plus de deux mois et pour le moment tout se passe très bien. J’ai rapidement repris la marche sans boiter, alors c’était déjà une bonne chose pour la vie de tous les jours. Depuis, ma rééducation se passe bien et je récupère vite donc je suis contente. Je suis en avance sur pas mal de choses et je n’ai pas de douleurs particulières, mais nous restons prudents pour ne pas sauter les étapes. Il ne faut pas oublier que l’opération a nécessité une greffe alors il faut aussi le prendre en considération pour que cela se passe bien jusqu’au bout.

 

Le temps ne te paraît pas trop long, du mauvais côté de la main-courante ?
– Si forcément. Quand je vois les copines aller sur le terrain pour l’entrainement et que moi je reste en salle, c’est toujours compliqué. Idem quand elles partent au match ou en déplacement. Par exemple, l’autre jour, nous étions ensemble pour l’anniversaire de Kadeisha Buchanan, et les filles ont toutes dit « allez, à demain » car elles partaient au Kazakhstan le lendemain (lundi)… Et moi je leur ai répondu « ah non, pour moi ce sera jeudi ! ». Alors oui c’est frustrant, mais en même temps je relativise en me disant que je vais avoir une faim de ballon énorme quand je reviendrai. J’essaie de transformer cette frustration en quelque chose de positif. On peut parfois tomber dans une sorte de lassitude quand on joue depuis des années, alors je me dis aussi que cette blessure va me permettre de retrouver la passion comme au début ou presque. Finalement, c’est peut-être un mal pour un bien.

 

Que sais-tu de l’adversaire kazakh que vous allez affronter mercredi* ? Et à quel genre de match t’attends-tu ?
– Pour être honnête, je ne connais pas du tout l’équipe du BIIK Kazygurt, mais pour en avoir discuté avec quelques copines du PSG, qui les avaient joué la saison dernière, c’est visiblement plus les conditions qui sont difficiles, que l’adversaire en lui même. Entre le long voyage, le décalage horaire avec un match qui se jouera à 7h00 du matin (heure française), et un terrain de mauvaise qualité, les conditions ne sont pas franchement réunies pour jouer le meilleur des footballs, mais la qualité intrinsèque de notre équipe est au dessus de la leur. Malgré tout, il faudra faire le travail là-bas pour se faciliter la tâche la semaine prochaine, et profiter pleinement de ce match retour à la maison.

 

Penses-tu que l’Olympique Lyonnais soit encore plus fort que les saisons passées ? Et si oui, pourquoi ?
– Franchement oui je pense. Je les vois jouer depuis le début de saison, et le fait de les observer de la tribune me permet de voir beaucoup de choses et surtout d’avoir un regard extérieur… 

Sur certains matches, notamment celui contre Montpellier (victoire 5-0), je me suis dit « ah ouais quand même ! ». Le recrutement a été très très bon et de grande qualité. Chaque recrue a vraiment apporté un plus au groupe, alors que l’équipe était déjà forte et performante. On joue de manière peut-être un peu différente parce qu’on a un coach (Reynald Pedros) qui aime le beau jeu et les attaques placées, comme on pouvait le faire la saison dernière, mais qui aime aussi qu’on joue un peu plus dans la verticalité parfois, pour varier encore davantage notre jeu et pour nous permettre de marquer plus de buts.

 

L’arrivée de Lucy Bronze à Lyon, a beaucoup fait parler, et l’Anglaise réalise un très bon début de saison. Qu’est que cela te fait de voir une joueuse de ce niveau au poste de latérale droite, auquel tu évoluais jusqu’à ta blessure ?
– Pour tout dire, à la base, j’avais demandé un départ du club, alors il cherchait à recruter au poste de latérale droite. Le club attendait d’être sûr d’avoir une recrue à ce poste avant de me libérer, mais cela a pris plus de temps que prévu et finalement cela m’a bloqué. J’étais en contact très avancé avec un club et tout semblait ok, mais cela faisait deux mois et demi qu’ils attendaient alors c’est tombé à l’eau. En effet, l’arrivée de Lucy s’est fait très très tard parce qu’elle était encore sous contrat avec Manchester City et que le club mancunien a mis longtemps à accepter qu’elle parte. Du coup, mon départ n’a pas pu se faire et Lucy est arrivée quand même, car les négociations étaient en cours.
Au-delà de ça, je savais que cette saison serait une saison avec une grosse concurrence parce qu’il faut être honnête, Lucy Bronze est une des meilleures latérales droites d’Europe, voire du monde. À un moment donné, le coach m’avait dit qu’il voudrait me faire jouer sur côté gauche, mais finalement la blessure est arrivée… Alors maintenant, je bosse pour revenir au meilleur niveau possible. Je sais que ce ne sera pas facile et que cela prendra du temps, mais je vais travailler dur en espérant pouvoir jouer un peu d’ici la fin de saison, afin d’avoir une nouvelle porte de sortie qui puisse me permettre de trouver un club dans lequel je pourrai jouer, et prétendre à une place en équipe de France. Mais bon, pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Chaque chose en son temps…

 

A défaut de te voir sur les terrains, nous avons pu te découvrir en tant que consultante dans l’émission 19h30 PM, sur Canal+ Sport. Comment cela s’est fait ?

– En fait, quand Pierre Menes a appris ma blessure, il m’a appelé pour prendre des nouvelles, et m’a ensuite proposé de rejoindre l’émission le temps de ma blessure. 

Il m’a présenté le projet : faire une émission d’une heure dédiée au football, chaque vendredi avant le match, entouré de femmes uniquement. Il m’a dit de prendre un peu de temps pour y réfléchir et de le tenir au courant. Je me suis fait opérée et je l’ai rappelé quelques jours plus tard pour lui dire que j’étais d’accord ! Ce n’est pas un secret, après ma carrière de joueuse, j’aimerais me reconvertir dans les médias alors forcément je me suis dit que l’opportunité était trop belle pour ne pas en profiter. Évidemment, je remercie Pierre de m’avoir fait confiance, parce qu’il ne m’avait jamais vu comme consultante. J’ai aussi accepté parce que l’émission a lieu le vendredi soir et que cela n’empiétait pas sur ma rééducation qui reste ma priorité numéro un. J’ai 30 ans et je sais que je suis plus près d’une fin de carrière que du début, alors cela me permet aussi de découvrir le métier, et de préparer l’après foot. Évidemment, dès l’instant où je pourrai reprendre les entrainements collectifs, j’arrêterai l’émission pour me reconcentrer sur le terrain à 100%. Dès le départ, c’était le deal avec Pierre.

 

Enfin, tu fais partie des personnalités sportives qui ont montré leur soutien à l’association ELA sur les réseaux sociaux, via le #MetsTesBaskets notamment. Pourquoi cet engagement avec l’association ELA (contre les leucodystrophies) ?
– En fait, je suis marraine de l’association ELA depuis un certain temps déjà. Même si je n’ai pas une grosse notoriété, je pense que c’est important de mettre le si peu de notoriété que j’ai, au service d’associations comme ELA, ou également comme je peux le faire avec UNICEF. C’est important pour moi de m’engager auprès d’associations comme celles-ci, et c’est un plaisir de pouvoir leur donner un coup de pouce. Ce n’est malheureusement pas toujours évident d’être présente physiquement sur les évènements, alors je me rattrape sur les réseaux sociaux pour essayer de toucher et de sensibiliser un maximum de gens. Si je peux apporter un peu de bonheur et d’aide à ces enfants et adultes atteints par la maladie ou qui vivent des situations difficiles, alors je le fais ».

 

 

Propos recueillis par Sandrine Dusang

 

Crédits photos : olweb, Maya Mans, Twitter Jessica Houara d’Hommeaux

 

* L’Olympique Lyonnais affrontera le BIIK Kazygurt ce mercredi 8 novembre à 7h00 du matin (heure française). Le match sera diffusé en direct sur OLTV.

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