Jérémy Choplin/Elodie Martins (FC Metz) : L’interview croisée

La D1 pour l’une, la Ligue 1 pour l’autre. A l’image du projet « Mêmes Rêves de Foot », footballeurs et footballeuses se rassemblent… Elodie Martins et Jérémy Choplin, joueuse et joueur du FC Metz, se sont prêtés au jeu de l’interview croisée, pour un rendu très sympa ! Entretiens.

 

 

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre toute première rencontre disputée sous les couleurs du FC Metz ?

 

Elodie Martins : « Depuis que l’AS Algrange et le FC Metz ne font plus qu’un, j’ai disputé mon premier match à domicile en amical face à Nancy. Je garde un très bon souvenir de cette rencontre, c’était une sorte de derby, et nous l’avions emporté au terme d’une partie très disputée. Il y avait beaucoup d’engagement, et nous sommes restées solides. Personnellement, j’ai eu la chance d’inscrire le troisième but de mon équipe, qui était le premier pour moi sous cette nouvelle tunique. J’ai été très satisfaite par la performance effectuée ».

 

Jérémy Choplin : « C’était un match un petit peu particulier pour moi, face à Laval en Ligue 2 si mes souvenirs sont bons, car nous l’avions emporté dans les arrêts de jeu. Je disputais, pour ma part, ma toute première confrontation au stade Saint-Symphorien. Je me souviens d’une partie assez tendue et fermée jusqu’à la fin, où nous avions à l’époque pris les trois points grâce à un but de Gaëtan Bussmann. Pour une première rencontre, c’était vraiment un très bon souvenir pour ma part ».

 

 

 

 

 

Le FC Metz était en D2 (Ligue 2 chez les masculins) la saison dernière. A l’heure d’évoluer dans l’élite des footballs féminin et masculin français, quelles principales différences pouvez-vous noter entre ces championnats ?

 

Elodie Martins : « Au niveau du rythme, tout va très vite en D1 ! L’impact physique est beaucoup plus important et, tactiquement, on est vraiment un cran au-dessus, cela se ressent véritablement sur le terrain le week-end. La saison dernière, nous n’avions par exemple pas à faire face à des formations comme l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain, qui dominent le football français à l’heure actuelle. En Division 2, il n’y a pas vraiment de surprise, tout le monde peut battre tout le monde, et personne n’est imbattable, c’est ce qui fait, pour moi, le charme de cette compétition ».

 

Jérémy Choplin : « Il y a beaucoup différences, notamment sur le plan physique. Techniquement et tactiquement, nous voyons très bien que c’est un cran au-dessus. Tout est très propre, cela joue bien plus vite qu’en Ligue 2 par exemple. Cependant, je garde un très bon souvenir de cette antichambre de l’élite, où l’on trouve également beaucoup de qualités ».

 

 

A quel point est-il difficile de se faire aujourd’hui un nom dans le domaine du football ?

 

Elodie Martins : « Pour moi, il est bien plus compliqué de se faire un nom dans le football féminin que dans le football masculin. De mon point de vue, si nous ne sommes pas repérées dès l’âge de 16-17 ans, les choses deviennent beaucoup plus difficiles pour une joueuse. L’élite française est particulièrement difficile à atteindre, il faut véritablement avoir quelque chose en plus pour se démarquer ».

 

 

 

 

 

Quels sacrifices avez-vous dû faire dans votre vie pour pratiquer le football à haut niveau ?

 

Elodie Martins : « Premièrement et pour bien expliquer les choses, j’ai dû négocier une rupture conventionnelle avec mon employeur. L’entreprise pour laquelle je travaillais n’était pas en mesure d’aménager un planning et des horaires qui m’auraient permis de m’entraîner tous les jours. Aujourd’hui, je me retrouve au chômage de façon à pouvoir vivre pleinement cette saison sur le plan footballistique. Concernant ma situation familiale, j’ai une fille de neuf ans, je ne suis pas souvent disponible le soir, donc la garde alternée avec son père est un petit peu compliquée parfois, mais nous arrivons toujours à trouver des solutions. J’ai la chance d’avoir mon petit ami auprès de moi, qui est toujours là et qui fait tout pour que je puisse réussir ».

 

Jérémy Choplin : « Des sacrifices, il y en a eu, notamment au sein de la famille. Je suis parti de chez moi dès l’âge de quatorze ans. Le monde du football professionnel est un petit peu particulier, nous sommes loin de nos familles, c’est assez dur, pour être passé par là. A notre âge, on aime sortir, voir nos amis, avoir une vie affective. Cependant, et cela arrive très régulièrement, nous ne pouvons pas avoir accès à tout ça lorsqu’il y a match ou entraînement le lendemain. Par ailleurs, nous savons tous qu’en travaillant dur et en réussissant, ce n’est que du bonheur ».

 

 

Que faut-il selon vous pour devenir un(e) bon(ne) joueur(euse) de football professionnel(le) ?

 

Elodie Martins : « D’abord et avant tout, je pense qu’il faut beaucoup de travail. Comme je le dis régulièrement, on n’a rien sans rien ! Être assidue aux entraînements est également important, cela permet de garder la condition physique et de trouver ses marques au sein du collectif. Tout se prépare la semaine, vous savez, et je pense pouvoir dire qu’une bonne semaine de travail reflète, dans la plupart des cas, une bonne performance le week-end en championnat. Mentalement, il faut être solide, c’est un aspect non négligeable ».

 

Jérémy Choplin : « Le travail prime avant tout. J’étais, durant ma carrière, au centre de formation du Mans, et je n’étais pas un joueur au-dessus du lot, il fallait tout donner pour être le meilleur et se différencier des autres. J’ai toujours eu cette volonté de vouloir apprendre, progresser, et être à l’écoute de mes entraîneurs. C’est ce qui m’a permis de gravir les échelons et d’être arrivé là où je suis aujourd’hui. Pour parvenir à ses fins, il faut d’abord et avant tout un grand sérieux dans ce que l’on entreprend, quelque soit le domaine ».

 

 

 

 

 

Comment imaginez-vous la vie et le quotidien d’un(e) joueur(euse) de football professionnel(lle) ?

 

Elodie Martins : « Je pense qu’ils ont de la chance ! (rires) Plus sérieusement, ils sont rémunérés pour vivre de leur passion, ce qui est quand même exceptionnel, à mon sens. Le matin, petit déjeuner, travail sur le terrain vers 10 heures, repas du midi, retour sur le terrain l’après-midi, et retour en famille le soir. Je trouve cela très bien, voilà comment j’imagine la vie de Jérémy Choplin, par exemple ».

 

Jérémy Choplin : « Cela doit être beaucoup plus compliqué que nous, du simple fait de la médiatisation qui reste aujourd’hui plus forte dans le football masculin que chez les féminines, même si l’écart se resserre. Le football féminin commence à prendre une dimension, et à occuper une place importante dans le monde du foot en général, c’est très positif. Dans tous les clubs où je suis passé jusqu’à présent, j’ai connu des équipes féminines, nous voyons qu’au fur et à mesure des années, le football féminin grandit ».

 

 

Suivez-vous respectivement les performances de l’équipe masculine en Ligue 1, et de l’équipe féminine en D1 ?

 

Elodie Martins : « Je suis une très grande fan, notamment de Jérémy Choplin ! Dès que je peux, je vais les encourager le week-end au stade. Si je ne suis pas en déplacement et qu’ils jouent à domicile, je suis automatiquement à Saint-Symphorien ! (rires) Même la saison dernière, j’ai fait un déplacement à Auxerre pour les voir jouer lors de l’une des dernières journées. Je suis vraiment de très près l’équipe, et je suis toujours à fond derrière les garçons. Je tenais d’ailleurs à les féliciter pour ce qu’ils font actuellement en Ligue 1, c’est vraiment très beau et j’espère que tout va continuer ainsi ».

 

Jérémy Choplin : « J’ai quelques amies dans le football féminin, ce qui me permet d’aller voir certains matches lorsque mon emploi du temps me le permet. J’ai des connaissances au PSG, à Rodez, et en Equipe de France notamment, pas encore à Metz, mais je me suis d’ores-et-déjà rendu à plusieurs rencontres de l’équipe féminine. Il y a deux semaines, je suis allé voir les filles jouer contre l’AS Saint-Etienne, c’était très sympa, on trouve toujours une très bonne ambiance dans ce type de rencontre ».

 

 

 

 

 

Quelles sont les différences principales entre football féminin et masculin ?

 

Elodie Martins : « L’aspect physique diffère sensiblement dans nos deux disciplines. Dans le football masculin, ils sont beaucoup plus puissants, par leur morphologie avant tout. Techniquement et en terme de vision de jeu, nous n’avons rien à leur envier. Nous pratiquons le même sport, et seule la puissance est une caractéristique qui nous différencie. Pour être complète, je pense qu’il y a un tout petit peu moins de simulation chez les femmes que chez les hommes ». (rires)

 

Jérémy Choplin : « Il y a moins de médiatisation qu’en Ligue 1 certes, mais les structures développées dans le football féminin tendent à devenir professionnelles, ce qui montre bien l’engagement des clubs à l’égard du développement de leur pôle féminin. Les filles deviennent de plus en plus des sportives de haut niveau ».

 

 

Un mot sur l’exposition « Mêmes rêves de foot » lancée par Foot d’Elles. Qu’en pensez-vous ?

 

Elodie Martins : « Je trouve ce concept très intéressant. Le football féminin évolue de plus en plus, et je trouve que Mêmes Rêves de Foot donne finalement une touche en plus à cette discipline que nous pratiquons. C’est vraiment très positif et je vous tire mon chapeau pour tout cela, car c’est super sympa ! »

 

Jérémy Choplin : « Je trouve ça excellent ! Figurez-vous que j’ai une amie au Paris Saint-Germain qui n’est autre que Kenza Dali, et qui avait fait une interview avec vous à ce propos, je connaissais donc Foot d’Elles. Je lis vos articles, de grande qualité au passage, assez régulièrement de façon à me tenir informé de ce qui se passe dans l’actualité du football féminin, c’est toujours sympa ».

 

 

 

 

Crédit photos : fcmetz.com

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