Jean-Louis Triaud (Bordeaux) : « L’augmentation du budget sera conséquente »

Alors que la fusion de sa section féminine avec le club de Blanquefort a porté ses fruits cette année, permettant ainsi une montée dans l’élite pour les joueuses de Bordeaux, Jean-Louis Triaud, Président des Girondins depuis 20 ans, évoque avec nous l’évolution de la structure et les objectifs pour la saison à venir. Entretien exclusif.

 

 

 

Quel budget sera alloué à la section féminine pour la saison 2016-2017 ?

J-L.T : << Le budget part de très bas, l’augmentation sera conséquente. Nous allons devoir gérer un certain nombre de problématiques, notamment concernant les déplacements. Les joueuses vont maintenant avoir des distances importantes à parcourir, il va falloir trouver des solutions. La saison dernière, le groupe se déplaçait souvent à 14 joueuses, et le transport était assuré par des véhicules qui nous étaient très gentiment offerts par Mathieu Valbuena. Ces véhicules ont désormais de nombreux kilomètres au compteur, et il va falloir prendre en compte l’augmentation des joueuses au sein de l’effectif, car nous devrons nous déplacer à dix-huit au minimum. Tout cela va faire changer le budget. 

 

Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre équipe féminine depuis sa création ?

– C’est une évolution extrêmement rapide, car nous n’avons pas créé la section nous-mêmes. Nous avions déjà des atomes crochus avec un club de la communauté urbaine de Bordeaux qui avait une équipe féminine et qui ne se débrouillait pas trop mal en D2, mais qui avait cependant des difficultés à joindre les deux bouts. De notre côté, nous avions depuis quelques temps envisagé la création d’une structure féminine. La dirigeante de Blanquefort, qui est quelqu’un d’extrêmement performant, a accueilli ce projet à bras ouverts, et c’est tout naturellement que nous avons donné naissance à la section féminine des Girondins de Bordeaux. Nous avons laissé l’équipe première s’entraîner et évoluer au sein des structures du club de Blanquefort, car notre souci majeur était de trouver des espaces et des locaux pour accueillir ces joueuses (équipe première et environ 160 jeunes filles de tout âge qui viennent s’entraîner et jouer quotidiennement, précise-t-il). Je suis très satisfait par la performance de l’équipe, qui a terminé en tête du classement, ce qui permet une montée dans l’élite dès la saison prochaine, ce qui n’était pas forcément prévu.

 

Quelle idée vous faites-vous de voir votre équipe féminine évoluer parmi les plus grands clubs français la saison prochaine ?

– Il y a déjà eu des changements pour les joueuses la saison passée. Elles avaient beaucoup de difficultés pour joindre les deux bouts, et nous leur avons donné un certain confort financier. Nous avons pour objectif de maintenir le club en D1, ce qui ne sera pas facile. Notre club n’aura cependant rien à voir avec les budgets de Lyon et Paris, qui sont « hors-normes » pour le championnat de D1 féminine. Cependant, ce sera un véritable pas en avant pour cette équipe bordelaise qui sera confrontée aux meilleures formations françaises. Nous allons forcément progresser.

 

 

<< Un véritable pas en avant pour cette formation bordelaise >> 

 

 

Quels ont été vos critères dans le choix du nouvel entraîneur (Jérôme Daubat) ?

– Il y a une dame chez nous qui s’appelle Françoise Brunet, qui a longtemps travaillé pour le club. Elle était élue au conseil municipal de Bordeaux (dans l’équipe d’Alain Juppé notamment, ndlr), et avait toujours milité auprès de moi pour la création d’une équipe féminine. Je n’avais pas forcément les cartes en mains pour mener à bien une telle entreprise. Lorsque Blanquefort a présenté le projet, en proposant l’intégration des féminines chez nous, j’ai trouvé le moment opportun pour discuter de tout cela. C’est Madame Brunet qui a pris les choses en mains. Elle était, dès le début, bien aidée par Ulrich Ramé (illustre gardien du club entre 1997 et 2011, ndlr). Je ne me mêle pas trop des choix sportifs. Je sais qu’ils ont commencé à recruter, et le choix de l’entraîneur les concernent directement. Ce poste de coach entraîne des responsabilités à un tel niveau. Il y a des exigences, en terme de compétences et de diplômes. Je ne connais pas Jérôme Daubat plus que cela, mais je leur fais entièrement confiance et je reste persuadé qu’il saura porter les valeurs du club et emmener cette équipe au plus haut. 

 

Le club arrivant en D1, certains grands matches pourraient-ils avoir lieu au Stade Matmut-Atlantique, enceinte dans laquelle l’équipe féminine avait été présentée ? 

– Le Président de SBA (Société présidée par Bernard Hagelsteen, exploitant du Matmut Atlantique, ndlr) était très sympathique. Il disait que les matches pouvaient éventuellement se programmer après les rencontres de Ligue 1 (en baisser de rideau notamment). Il en a fait un objectif, mais il faut être raisonnable dans les revendications financières. De mon côté, je paye un loyer très cher pour l’équipe masculine à chaque match. Il y aura forcément des frais supplémentaires si deux rencontres sont programmées dans la même journée. Il faudra qu’il fasse un geste et que l’on trouve un arrangement s’il souhaite soutenir et faire jouer cette équipe féminine au Matmut Atlantique. En effet, si nous disputons des matches à 21 heures, on ne peut pas concevoir de faire jouer les filles après. Concernant des matches programmés dans l’après-midi, nous pourrions enchaîner avec les matches de D1. Cela semble plus facile de trouver des solutions cette année, car les règlements de la D1 ne sont pas les mêmes que ceux de la D2. Avec cette montée dans l’élite, nous avons des aptitudes, en terme de choix d’horaires et de jours beaucoup plus fortes, ce qui devrait nous permettre de trouver une solution quant à la programmation et la succession des matches masculins et féminins.

 

Quels seront les objectifs du club dans les années à venir ?

– Quelques clubs leaders ont fait le choix de professionnaliser leur section féminine, en ayant des revenus en conséquence. En ce qui nous concerne, cela dépend aussi de la professionnalisation du football féminin français. Il y a des sports féminins (tennis ou golf par exemple) où des écarts existent avec les garçons, mais pas tant que cela. Aujourd’hui, en terme de revenus, le football féminin doit encore progresser. Tout cela va évoluer. Il y a une dizaine de matches diffusés sur Eurosport et je pense que l’intérêt et l’attrait devraient grandir dans les années à venir. Je crois qu’il va y avoir de plus en plus d’équipes adossées à de grands noms du football masculin qui vont se développer. Des fiefs historiques de la discipline sont déjà dans l’élite, à l’image de Montpellier, Albi, Soyaux, ou encore Juvisy. Avec la montée des Girondins de Bordeaux, du FC Metz et de l’Olympique de Marseille, l’évolution du championnat se poursuit. Si beaucoup de grandes villes montent en première division, certaines petites entités pourraient se trouver dans des situations compliquées comme ça l’a été pour nous avec l’équipe de rugby il y a quelques années. Tout cela pour dire que nous donnerons tout pour rester dans l’élite, mais nous savons que la concurrence sera de plus en plus rude chaque saison. >>

 

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

Crédits photos : club

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