J-L Saez : « On est dans la continuité »

Installé depuis deux ans en tant qu’entraîneur de Montpellier, Jean-Louis Saez connait un début de saison idyllique : 6 matches, 5 victoires, 1 nul et aucune défaite. Un bilan qui permet au coach originaire d’Arles-Avignon de figurer à la deuxième place du classement, à quelques jours d’un choc important face à Juvisy. Entretien.

 

 

Un match choc vous attend ce week-end, face à Juvisy, qui est sur une impressionnante série (5 victoires), quelles vont être les clés de cette rencontre ?
J-L.S : « Ça va être un match où les deux équipes sont proches de l’autre. Je ne connais pas bien Juvisy, même si c’est une équipe qui est stable depuis 4-5 ans. Nous allons surfer sur notre dynamique actuelle. Lors des trois dernières confrontations on les a battues, donc on est confiants mais sur un match on sait très bien que Juvisy va vouloir chercher à s’imposer. Ça va être un match âpre et difficile.

Quelle joueuse redoutez-vous le plus ?
– A Juvisy, c’est surtout le collectif qui m’inquiète. Depuis qu’ils ont été européens il y a quatre ans, ils ont un groupe qui a peu changé, à part Soubeyrand dans l’entre jeu. C’est un groupe qui se connait bien, qui travaille depuis longtemps ensemble, et qui comme nous a envie d’exister derrière Paris et Lyon. L’avance qu’ils ont par rapport à nous c’est que notre groupe travaille ensemble depuis un an, alors qu’eux ont plus de recul, et qu’ils essayent de rester dans la continuité par rapport aux bons résultats obtenus. En même temps, je pense que nous avons aussi beaucoup d’ambition. Je crois en tout cas beaucoup en mon équipe.

 

Comment expliquez-vous le bon début de saison de Montpellier ?
Je dirai qu’on est dans la continuité de la saison précédente, sur la deuxième partie de championnat. Continuité aussi dans le travail, dans le groupe. On n’a pas eu beaucoup de départs et pas beaucoup d’arrivées, donc c’est toujours intéressant de travailler dans la continuité.

La gestion plutôt intéressante de votre mercato peut-elle expliquer ce départ canon ? Le groupe s’est-il grandement renforcé ?
– La construction du groupe s’est faite l’année dernière, la difficulté c’était d’assurer la transition avec la génération précédente, une génération performante mais qui était en fin de cycle (Diguelman, Lattaf, Ramos), des filles qui avaient tout connu avec Montpellier mais qui arrivaient dans une période plus compliquée. Le plus dur c’était le changement sur la saison précédente. Là, c’était de réajuster par rapport aux départs que nous avions connus (Makanza, Lavogez…). On a travaillé pour renforcer le groupe avec de jeunes joueuses en devenir, comme Andressa Alves où Virginia Torrecilla. On a voulu axer le travail sur des jeunes joueuses qui acceptent le challenge, et puis après de jeunes talents comme Marion Romanelli et Marie-Charlotte Léger qui rentrent dans le profil de Montpellier, c’est-à-dire de jeunes joueuses qui ont eu de bons résultats en jeunes, à qui l’on va donner du temps de jeu et qui vont progresser. On avait aussi besoin de joueuses expérimentées comme Laura Agard. Avec elles on a quatre joueuses qui ont plus de 25 ans. Or il faut toujours quelques cadres, c’est le rôle de Rumi Utsugi, Linda Sembrant, Laetitia Tonazzi.

Marie-Charlotte Léger, justement, connait un début de saison chargé en émotions (6 buts inscrits en D1, 1ère convocation en équipe de France). Vous vous attendiez à ce que ça aille aussi vite pour elle ?
– Déjà l’année dernière, elle avait fait un bon départ avec Metz. Aujourd’hui ce qu’elle peut avoir en plus, sans dénigrer Metz, c’est de se consacrer entièrement au football. En parallèle elle prépare aussi un BPJEPS, mais elle s’entraîne jusqu’à cinq fois par semaine, donc je pense qu’elle va franchir un palier. Ce que j’attends d’elle, c’est d’avoir la continuité qu’elle n’avait pas eu avec Metz. Je pense qu’on a un meilleur collectif que là-bas donc ça doit lui permettre de continuer à travailler. Mais je ne suis pas surpris, c’est une fille de 19 ans que j’avais déjà repérée lorsqu’elle était à Hénin. Elle a une marge de progression, et nous sommes un club qui peut lui permettre de franchir un palier.

 

« Marie-Charlotte a quelque chose de Papin »

 

Qu’est-ce que vous aimez chez elle ?
– Marie-Charlotte elle a quelque chose de Jean-Pierre Papin, elle a une certaine spontanéité devant le but. Mais après ça se travaille, je crois que pour Papin c’était la même chose, il a compris que le travail permettait de consolider ses acquis. C’est ce qu’elle continue à faire chez nous. En même temps elle a ce côté inné qu’il ne faut pas perdre, et qui plus est, elle arme très vite ses frappes, donc c’est surprenant pour les défenses adverses. Elle a aussi une faculté à cadrer ses tirs presque tout le temps, ce qui est très important pour une attaquante.

Vous avez tenu en échec le PSG, vous pensez pouvoir vous bagarrer avec le club parisien pour la 2ème place cette saison ?
– Aujourd’hui, à la 6ème journée, il y a quatre équipes qui se sont détachées, on est content d’être parmi ces équipes. C’est sur les confrontations directes qu’il faudra prendre des points, il faut qu’on soit costaud face à Juvisy et Lyon pour exister dans le trio de tête. A ce stade, on ne va pas s’enflammer, on est content d’être là. On va exister dans les années à venir, mes joueuses sont ambitieuses donc elles sont prêtes à gravir les marches deux à deux, on peut aller plus vite qu’on l’espère. On pourra faire le point à la fin des matches aller, puisque tant qu’on a pas joué Lyon ou Juvisy, le championnat est faussé. Regardez l’année dernière, lorsque l’on avait affronté Lyon puis Paris, on avait rapidement été distancé au classement.

 

L’OL a déjà pris de l’avance en vue du titre…
– Les années d’avance qu’ils ont prises vont être dures à gommer. Pour rattraper le retard il faudrait qu’ils perdent pas mal de joueuses à l’intersaison… C’est un groupe qui se stabilise, aujourd’hui, ils ont de l’avance dans le jeu mais surtout dans la cohérence, ainsi que dans l’expérience et au niveau de leur joueuses, avec des filles qui ont gagné 5-6 titres, qui sont les bases de l’équipe de France, donc c’est dur de rivaliser avec ça. Chez les garçons on ne pourrait pas avoir une telle génération dans un seul club. Il faudra des jeunes joueuses comme à Guingamp, Montpellier pour pouvoir rivaliser. Dans 2-3 ans le championnat va se niveler vers le haut. Paris peut arriver à rivaliser sur un ou deux ans en recrutant les meilleures joueuses européennes, mais seul Paris peut le faire. L’après Lyon, ce sera Paris, après, sur combien de temps ?

Patrice Lair (ancien coach de l’OL) vient d’arriver au club, quelle est sa fonction ?
– Patrice a un rôle de conseiller, un peu comme Michel Mézier le faisait déjà. Il est attaché au club et à la région, il est ici, par exemple, pour observer les équipes adverses, pour repérer quelques joueuses etc,… Quand il est de passage à Montpellier, on discute un peu…

A votre arrivée, vous aviez dit que votre priorité c’était « de redonner de la confiance à ce groupe et de faire en sorte que chacun puisse bien y vivre et s’y épanouir », vous y êtes parvenu ?
– C’est déjà ma première satisfaction, puisque dans le sport il faut toujours un gagnant et un perdant. On ne sait jamais si le poteau va être rentrant ou sortant, ça on ne le maîtrise pas quand on est coach. Donner une vie de groupe, un état d’esprit, l’envie de venir à l’entraînement, de se dépasser, d’aller puiser dans les ressources les plus profondes pour aller décrocher de bons résultats et des titres, c’est ce qu’il faut. Je m’appuie beaucoup sur la notion de collectif d’esprit d’équipe. Et aujourd’hui c’est le jour et la nuit si l’on prend le groupe que j’ai repris en main il y a deux ans, avec lequel ça s’était très bien passé, mais sur lequel il y avait des antécédents que je ne pouvais pas gommer. Cela m’a été facilité par l’équipe dirigeante de Montpellier et le fait que les joueuses avec lesquelles ça s’est terminé, ça se soit fait avec intelligence ».

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

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