Histoire d’Euro(s) : L’Allemagne inaugure l’entrée dans le nouveau millénaire

La France n’a pas beaucoup brillé lors de la 8ème édition du championnat d’Europe, où elle n’aura remporté qu’un match. Mais cela n’empêche pas Sonia Bompastor, l’ancienne défenseure des Bleues, de garder de bons souvenirs de cette bataille disputée dans le fief d’alors du football féminin.

 

 

 

Fût un temps (pas si) lointain, où l’équipe de France s’estimait tout juste heureuse de pouvoir prendre part à la plus belle des joutes européenne. En 2001, les Bleues composées, entre autres, de Marinette Pichon, Corinne Diacre, Hoda Lattaf ou Sandrine Soubeyrand, font figure de nation qui monte, sans pouvoir prétendre toutefois à un parcours comme l’Autriche lors de cet Euro 2017 : « Ce qu’on voyait dans cette compétition était totalement différent de ce qu’on vivait à l’époque en France, où le football féminin était complètement amateur puisque Louis Nicollin, qui a été le premier à s’intéresser au football féminin, dans les années 2002-2003, n’était pas encore là, raconte Sonia Bompastor, qui vivait son premier Euro. La seule chose à laquelle j’avais la chance de participer c’était à Clairefontaine, au centre de formation. On était en avance sur pas mal de club au niveau des infrastructures, des entraîneurs et de l’apprentissage ».

 

Le niveau global de la sélection reste pourtant loin des cadors du moment, à savoir l’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Norvège. Il n’est du coup pas surprenant de voir les Françaises sortir dès les phases de poules d’une édition où s’affrontaient deux fois moins d’équipes que cette année aux Pays-Bas (8). Quatrième du groupe A derrière (dans l’ordre) le Danemark, la Norvège et l’Italie, l’ex-internationale française garde toutefois d’excellents souvenirs de la compétition : « J’étais jeune (21 ans, NDLR), je partais pour faire la compétition en tant que remplaçante puisque j’étais arrivée dans le groupe France en 2000. Malheureusement pour Peggy Provost, qui est actuellement l’adjointe d’Olivier Echouafni, elle s’était blessée au poste d’arrière gauche, du coup Elisabeth Loisel, la sélectionneure de l’équipe de France à l’époque, m’a titularisée. J’avais fait les quelques matches qu’on a joués, mais comme c’était dans la peau de titulaire, étant jeune, je ne m’étais pas pris la tête et ça c’était plutôt bien passé ».

 

Le sursaut français

Après deux défaites d’entrée, dont une probante (0-3) contre la Norvège et une autre plus spectaculaire face aux… Danoises (3-4), les tricolores font preuve d’un beau sursaut d’orgueil lors de leur ultime match de la compétition, contre l’Italie. « On était déjà éliminées mais malgré ça, on jouait pour l’honneur, et on a gagné 2-0 », se remémore l’ancienne défenseure, qui terminera sa carrière après avoir joué 156 rencontres sous le maillot bleu. Un match dont elle garde un souvenir encore vivace, en raison d’un fait de jeu marquant : « Tout au long du match j’avais eu pas mal de fois dans ma zone Patricia Panico, qui était à l’époque une attaquante très réputée ! Elle a joué de nombreuses années en équipe nationale, et je me rappelle notamment d’un accrochage entre nous deux où elle avait totalement pété les plombs, et prit un carton rouge. C’était quelque chose qui m’avait marqué parce que moi je débutais au haut niveau, et qu’elle était une joueuse d’expérience, de caractère, et vu que les Italiennes ont pas mal de vices (sourires) … En fait j’avais été assez surprise de voir comment elle avait pu s’énerver sur l’action et prendre un rouge comme ça face à moi, une jeune joueuse ! Elle avait totalement perdu ses nerfs, bon peut-être aussi parce qu’elle était agacée par le résultat ». La défaite empêchait effectivement les joueuses de Carolina Morace, battues à la différence de buts par les Norvégiennes, d’accéder en demi-finale.

 

Ce qui n’a pas empêché les fans de venir nombreux dans les enceintes réservées (5) à l’événement. Lors du match d’ouverture à Erfurt, qui opposait l’Allemagne et la Suède, ils n’étaient pas moins de 10 000. Un chiffre à des années lumières de ce que connaissent alors les joueuses de l’Hexagone : « Forcément pour nous c’était bien plus élevé que ce qu’on connaissait en France, parce qu’à l’époque, en championnat, si on avait 100 supporters au bord du terrain c’était déjà une grosse affiche. Là, comme ça se déroulait en Allemagne les stades étaient pas mal garnis ».

 

« Les conférences de presse duraient au mieux 2 minutes ! »

 

En revanche, du côté des médias, on jouait beaucoup moins des coudes en zone mixte : « Pour la France on devait avoir 1 ou 2 média(s) spécialistes du foot féminin, et puis à l’époque il devait y avoir un journaliste de L’Equipe qui suivait la compétition, parce qu’il connaissait Elisabeth Loisel, mais c’était tout », tente de se rappeler Bompastor. « Les conférences de presse d’après match, elles, étaient soit inexistantes, soit duraient deux minutes (rires) ! », s’amuse aujourd’hui l’ancienne défenseure. De quoi mettre beaucoup moins de pression quant au résultat final… Le doute qui envahit aujourd’hui les Bleues, au point de les paralyser, sans pouvoir y trouver de remède : « Pour l’avoir vécu de l’intérieur, c’est vrai qu’à force de le dire, on est moins spontanées et on se pose des questions, tente d’analyser la native de Blois. A force de voir le même scénario se répéter, c’est vrai qu’on peut commencer à se prendre la tête. En France, il est difficile de trouver des joueuses qui, dès le plus jeune âge, sont des « tueuses ». Moi je le vois presque tous les jours à Lyon avec Ada Hegerberg. C’est impressionnant. A l’entraînement, au moindre petit jeu, même si elle marque un but de raccroc, elle va le fêter ! Pour elle, inscrire un but c’est quelque chose d’ancré. Dès qu’elle marque, elle a ce geste de rage pour montrer qu’elle est super contente d’avoir marqué ! ».

 

Et celle qui est devenue aujourd’hui directrice du centre de formation de la section féminine de l’OL où elle a évolué de 2006 à 2009, puis de 2010 à 2013 de conclure : « Nous en France je ne pense pas qu’on l’ait. Ça existe mais ce n’est pas dans la culture de notre pays. Je le vois pour observer les jeunes du centre de formation de Lyon, quand elles gagnent elles sont contentes mais si elles perdent ça ne les dérangent pas plus que ça généralement… Elles n’ont pas cette rage de vouloir marquer ». Une fièvre dont les Bleues auraient bien eu besoin pour enflammer quelques parties, comme face à l’Angleterre la semaine dernière…

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