Histoire d’Euro(s) : La Finlande, un Euro très confidentiel

En 2009, l’Euro s’installe en Finlande, dans une édition où la France réalise la meilleure performance de son histoire à l’époque. Charles*, supporter des Bleues et qui avait alors réalisé un long déplacement jusque dans les terres du nord, se souvient.

 

 

 

Les commentaires d’internautes et de fans affligés de voir les immenses bâches déployées dans les tribunes au cours de nombreux matches lors de l’Euro 2017 ont fleuri ces derniers temps. Si le niveau global de cet Euro sur le terrain est remarqué, le manque de spectateurs en tribunes aussi. Charles, un supporter des Bleues qui a réalisé de nombreux déplacements au fil des années, était de la partie en 2009, alors que la compétition se tenait en Finlande. Et il serait ravi d’assister à des matches où ont été enregistrés, en moyenne, depuis le début de la compétition, 6 000 fans par rencontre. Alors que la demi-finale entre l’Angleterre et les Pays-Bas pourrait établir un nouveau record de spectateurs pour un match de football féminin chez les Bataves, lui préfère louer le développement de la discipline : « Ca a évolué dans le bon sens. J’ai commencé à m’intéresser au foot féminin vers 2003-2004, donc ça n’a plus rien à voir maintenant ».

30 supporters, « à tout casser »

Retour 8 ans en arrière, dans un pays choisi pour ses efforts fournis en faveur du football féminin, à la place… des Pays-Bas, qui ont de ce fait pris leur revanche cette année. Alors venu pour assister à trois matches, ce supporter n’avait pu rester que… 3 jours : « J’ai dû caler ces jours en fonction de mon travail, mais ça tombait bien. J’ai pu voir France-Norvège, Angleterre-Russie, et un match de la Finlande à domicile », explique celui qui se souvient de quelques surprises une fois sur le sol Finnois : « la Finlande, c’est beau et sympa, par contre c’est très cher aussi ! ». Il retient donc aussi de cette édition le peu de supporters qui garnissait les tribunes d’alors, hormis quand l’équipe nationale finlandaise, qui ne s’est pas qualifiée pour l’Euro cette année, foulait les rectangles verts : « Entre les Français et les Norvégiens on comptait quelques soutiens, mais il n’y en avait pas des masses. Tous les supporters français étaient bien présents pour cette rencontre, mais ça représentait une trentaine de personnes à tout casser ».

 

Un gouffre comparé aux chiffres réalisés aujourd’hui, mais qui permettait aussi une toute autre intimité, se rappelle Charles : « Après les rencontres, ce qui était bien, c’est qu’on avait souvent l’occasion de discuter avec les joueuses. Je me revois encore échanger pas mal de temps avec Camille Abily après le match contre la Norvège ». « Je me souviens que ça sonnait très creux, rembobine l’ex-international tricolore Sonia Bompastor. Des souvenirs que j’ai ça n’avait aucune incidence sur le jeu (sourire). Mais à titre personnel c’est vrai que je n’y faisais pas particulièrement attention. J’avais conscience que le football féminin était loin de ce que pouvait être le football masculin. Et puis il y avait aussi cette notion de jeu. Il faut être réaliste, et je pense qu’à l’époque dans le contenu des matches c’était moins attrayant, moins flamboyant que ce que pouvaient faire les garçons et que ce que font les filles actuellement. C’est vrai que depuis deux-trois ans on sent qu’il y a un cap qui a été franchi, et que les joueuses sont de vraies athlètes, pas seulement en France ».

 

Le peu de supporters présents n’empêche par Charles de faire d’heureuses rencontres à Helsinki, où il réside pendant son séjour : « J’avais réservé ma chambre dans une auberge de jeunesse. Lorsque je suis arrivé pour m’enregistrer, il y avait une autre personne à la réception qui portait un maillot de l’équipe de France. Donc je me suis présenté en lui demandant s’il était aussi un supporter des Bleues, sauf qu’il m’a répondu : « Non non, c’est parce que ma fille joue » ! En fait il s’agissait du père de Delphine Blanc (internationale tricolore de 2006 à 2010, NDLR), qui résidait dans le même établissement que moi ». Dernière surprise pour notre supporter tricolore, la présence de sièges en bois « plutôt inconfortables », sur lesquels il a dû prendre place pour la rencontre entre la Finlande et l’Ukraine. Sur le terrain, s’il a assisté à une belle remontée anglaise face à la Russie, les coéquipières de Kelly Smith l’emportaient 3-2 après avoir été menées 2-0.

« Toujours déçu avec l’équipe de France »

 

Charles a vécu une fin de match moins sensationnelle mais tout aussi cocasse entre Françaises et Norvégiennes : « Les dix dernières minutes étaient franchement étranges. En fait les meilleurs troisièmes passaient aussi, donc ce résultat (1-1) qualifiait les deux équipes. Ça en devenait comique. On voyait la gardienne passer le ballon au défenseur, puis inversement, et personne ne pressait dans l’équipe adverse pendant 10 minutes ». S’il est donc parti avant le quart de finale face au Pays-Bas (perdu aux tirs au but, 5 à 4), celui-ci dit ne pas regretter : « De toutes façons on est toujours déçus avec l’équipe de France. Cette génération de joueuses n’y arrive pas, elle n’a pas le mental. Il n’y a qu’à voir le nombre de compétitions où elles ont échoué depuis la Finlande. Il y a 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016… franchement au bout d’un moment il faut arrêter », pestait-il avant le quart de finale entre la France et l’Angleterre… « Les joueuses tapent sur les sélectionneurs, à tort ou à travers puisqu’on voit que ça ne vient pas forcément de là, vu qu’on en est déjà au troisième ». Pour les mêmes résultats.

 

 

De l’intérieur, l’expérience avait aussi été vécue de manière mitigée, comme l’explique Bompastor : « Malgré l’échec sur le plan sportif lors de cette compétition, Bruno Bini, pour sa première compétition internationale, arrivait avec un management qui sortait de l’ordinaire. Il mettait en place son projet de vie dans le groupe, et ça c’était mieux passé que lors de mes deux autres Euros (en 2001 et 2009), notamment à l’intérieur du groupe ». Ce qui n’avait pas empêché les Bleues de mettre les choses au point entre elles : « Je me souviens notamment qu’après le match il y avait eu pas mal de discussions, parce que plusieurs joueuses cadres n’avaient pas assumé leur statut lors de la séance de tirs au but », raconte celle qui dirige aujourd’hui le centre de formation féminin de l’OL. Difficile de rester discrètes avec aussi peu de bruit dans les tribunes.

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

 

*Le prénom a été modifié

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