Geyoro, l’ascension gracieuse

Elle découvre l’équipe de France A en ce début d’année 2017, après avoir marqué la seconde partie de l’année 2016 de son empreinte. Championne du monde et d’Europe, vice-championne du monde, titulaire au PSG, le tout à 19 ans, Grace Geyoro a de beaux jours devant elle… Portrait d’un grand espoir du football féminin français.

 

 

« Elle porte bien son nom. Grande classe, grand talent ». Cette description succinte de Grace Geyoro, formulée par Pierre-Yves Bodineau, son entraineur en U19 Nationales du PSG jusqu’au titre de l’été 2016, résume bien la nouvelle appelée en équipe de France. Un appel aussi évident qu’attendu pour cette jeune milieu de terrain qui a réalisé de très belles prestations aussi bien en club qu’en sélection ces derniers mois. En attendant de la voir rejointe peut-être par plusieurs de ses coéquipières parisiennes, focus sur la jeune milieu de terrain.

 

Parcours parisien

La native de la République Démocratique du Congo, arrivée en France à l’âge de deux ans du côté d’Orléans, a commencé à jouer dans le Loiret (Orléans puis Saint-Jean de Braye) avant de rejoindre le Paris Saint-Germain en 2012. Pendant quatre ans, elle va évoluer au sein de l’équipe des moins de 19 ans, un parcours chez les jeunes qui s’arrête le 5 juin 2016 avec un titre national U19 remporté en finale du Challenge face à l’Olympique lyonnais, double tenant du titre (3-1). Entre temps, elle aura pris part à quelques rencontres avec l’équipe première, faisant ses débuts contre Issy lors de la deuxième journée de la saison 2014-2015. Elle jouait un quart d’heure, dans un rôle plutôt offensif. Elle renouvelait l’expérience la saison suivante, en entrant en jeu dès la première journée face à Rodez. Elle fêtait sa première titularisation lors de la seizième journée face à Nîmes, puis disputait les trois dernières rencontres de championnat de l’année dans la peau d’une titulaire, au milieu ou au poste de latérale droite. Elle prenait part également à une rencontre de Coupe de France (en 16e face à Lorient) et une de Ligue des champions (demi-finale retour contre Lyon).

Suite au titre U19 en juin 2016 marquant la fin de sa carrière chez les jeunes en club, elle intégrait pour de bon l’équipe fanion, liée au PSG jusqu’en 2019. En quelques mois, la dernière appelée chez les Bleues a confirmé, match après match, son très gros potentiel. Principalement à son poste de milieu défensive, où son travail de l’ombre l’a fait passer à la lumière, ou même improvisée défenseure centrale aux côtés de Laura Georges et Irene Paredes contre Lyon. La voir évoluer à ce niveau n’a rien de surprenant pour ceux et celles qui la suivent depuis plusieurs années. Depuis qu’elle a quitté le Pôle de Clairefontaine pour intégrer le PSG à temps-plein et s’entrainer avec l’équipe première, elle a beaucoup progressé en côtoyant notamment Shirley Cruz, son modèle au club. Une progression soulignée par Bodineau, très élogieux envers cette pépite de la formation parisienne à l’état d’esprit extraordinaire, ou Patrice Lair, son entraineur avec l’équipe fanion. Elle fêtera ses vingt ans en juillet, mais elle s’est très rapidement imposée comme une titulaire indiscutable de la formation parisienne cette saison, la troisième pièce du milieu de terrain aux côtés des expérimentées Cruz et Vero Boquete.

 

Parcours en sélection

Avec près de 40 sélections en sélections de jeunes, passée par toutes les catégories d’âge, des U16 aux U20, Grace Geyoro est une habituée du maillot bleu depuis 2012 et son arrivée au PSG. Quelques mois à peine après avoir porté pour la première fois la tunique tricolore, elle était sacrée championne du monde des moins de 17 ans en Azerbaïdjan. Dans un article publié par la FIFA lors de la dernière Coupe du monde des moins de 20 ans, elle déclarait que ça avait été « humainement, une super expérience, mais footballistiquement, ça m’a plombée ». La plus jeune du groupe champion du monde n’a en effet pas disputé la moindre minute lors du Mondial. « Ça m’a fait totalement fait perdre confiance en moi. Ne pas jouer une seule minute, ne pas pouvoir montrer ce que je vaux… c’était horrible ! J’avais l’impression d’être inférieure aux autres et du coup j’ai perdu mon niveau ». Elle reprendra confiance grâce à ses entraineurs, Gérard Prêcheur à Clairefontaine, et Pierre-Yves Bodineau à Paris.

Après avoir disputé l’Euro U19 en 2015 (deux matches disputés, élimination en demi-finale), elle fait ensuite partie des cadres et de l’important contingent parisien lors de l’Euro suivant. Indispensable dans l’entrejeu français, elle ne quittera pas le terrain de la compétition, marquant deux buts décisifs, lors du troisième match de poule face aux Pays-Bas, puis en finale face à l’Espagne. Après le titre mondial, elle ajoute donc un titre européen à son palmarès, avant de disputer la Coupe du monde des moins de 20 ans en fin d’année. Toujours aussi indispensable -elle est la seule joueuse de champ à avoir disputé l’intégralité des deux compétitions-, elle joue un rôle important dans le très beau parcours des Tricolores vice-championnes du monde, inscrivant un nouveau but en finale. Elle a marqué de son empreinte les deux compétitions internationales qu’elles a disputées, et aurait mérité une nomination parmi les meilleures jeunes joueuses la planète si la catégorie moins de vingt ans existait.

 

La progression, et la marge

Son activité, son coffre, ses récupérations dans les pieds, sa lecture du jeu, sa vitesse (elle est « une fausse lente », comme la décrit Bodineau), son jeu simple, Grace Geyoro étale ses qualités match après match, en club ou en sélection, toujours avec classe et grâce. Aline Riera, commentratrice Eurosport, n’avait pas hésité à la qualifier à maintes reprises de « machine à laver » pendant la Coupe du monde des moins de 20 ans. Une observation très juste de sa capacité à récupérer le ballon dans n’importe quelle condition et le rendre proprement à une coéquipière. En plus des qualités sus-mentionnées, Geyoro est également une leader sur le terrain, et a même porté le brassard. Sa coéquipière en club et en sélection, Hawa Cissoko, déclairait à la FIFA « Sur le terrain, c’est une leader. Elle n’a pas peur de dire les choses, même à moi avec mon fort caractère… On a vraiment besoin d’une joueuse comme elle. Je pense qu’elle a plus de jugeote que moi, elle est plus posée. »

Grace Geyoro est également une tireuse de penalty fiable, et si elle marque peu, elle marque « bien », dans les matches décisifs ou les finales de préférence. Mais cela ne fait pas oublier que, du haut de ses 19 ans, elle a encore une grosse marge de progression. Le domaine où elle peut certainement le plus progresser actuellement étant certainement la projection vers l’avant (et l’égoïsme). Elle sait le faire, et elle le fait bien. Mais trop peu souvent -à notre goût. Ses objectifs principaux, elle les énumère pour la FIFA : « Pour moi, à mon poste, on doit surtout passer proprement et bien défendre. (…) Nous, on est des travailleuses de l’ombre. Tacler, récupérer, ressortir le ballon, ce sont des choses normales que les gens ne voient pas forcément ». Elle est cependant consciente, comme Cissoko (« Grace préfère donner une passe décisive que de tirer, mais elle a une super frappe ! »), qu’il lui faut plus se porter vers l’avant et prendre sa chance : « Il faut que je frappe plus au but. Tout le monde me le dit mais je n’y pense pas. J’ai une bonne frappe mais en match ça ne me vient pas à l’esprit. »

 

Grace Geyoro, que Bodineau compare à Amandine Henry, va donc devoir se faire violence pour agrandir encore de façon plus constante son éventail de qualités pour mériter la comparaison avec son ainée dont les perforations puissantes sont une marque de fabrique. En attendant, la jeune Parisienne a débuté une nouvelle aventure avec l’objectif de gagner une place pour l’Euro qui débutera quelques jours après son vingtième anniversaire. Si elle continue sur sa lancée, elle a toutes les chances d’y parvenir. 

 

Crédit photos : UEFA, FIFA, OM.net

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