Depuis qu’ils ont appris leur qualification, ils ne rêvent que de ça. Les joueuses et joueurs de l’Amicale Sport et Loisirs des handicapés physiques et valides de Vaucresson vont représenter la France à la Coupe d’Europe des clubs de football fauteuil en octobre prochain à Hou au Danemark. Ils devraient y défier les meilleurs équipes d’Angleterre, d’Irlande, et de Danemark.
La coupe d’Europe, un trophée français
L’équipe a obtenu son billet grâce à sa place de finaliste de la Coupe de France. L’Amicale va participer à sa deuxième Coupe d’Europe (la première s’était déroulée à Douai). Mais, lorsqu’elle se déplace sur les compétitions, outre les autorisations à obtenir auprès du collège Toulouse-Lautrec qui accueille la section, cela nécessite une logistique importante à cause des fauteuils des huit membres de l’équipe (six hommes, deux femmes) et du matériel à transporter : « On ne peut pas prendre le train, ni l’avion car cela reviendrait trop cher. On fera le trajet en deux jours avec nos véhicules habituels », précise Stéphane Pupin, président de l’Amicale. Pour un coût total d’environ 16 000 euros.
Un appel aux dons
Les responsables de l’association ont donc décidé d’avoir recours au projet de financement participatif via la plateforme de la Financière du Sport (la campagne dure jusqu’au 5 juillet) car ils ne se voyaient pas annuler le voyage pour manque de moyens : « On ne peut pas dire aux joueurs de ne pas y aller car on n’a pas les fonds. C’est le sportif qui prime. C’était ma seule peur, désormais on est lancé même si cela sera peut-être compliqué, on essaiera de chercher des partenaires jusqu’au dernier moment ». Malaurie Pouchet, qui rêve de cette compétition, confie : « Il faut nous aider à pouvoir y aller, que l’on puisse continuer à gagner cette Coupe ». Via la Financière du Sport, ils espèrent récolter un minimum de 2 000 €. Une somme qui permettrait de financer l’hébergement du voyage aller adapté aux fauteuils.
Le foot fauteuil, un sport à part entière
L’Amicale souhaite proposer des activités sportives identiques aux personnes valides et en situation de handicap et permettre aux jeunes d’accéder au haut niveau : « Il s’agit d’ouvrir de nouveaux horizons à des personnes qui n’auraient pas pensé pouvoir pratiquer certaines activités physiques », avance Stéphane Pupin. La section de football fauteuil en est une belle illustration.
Membre de l’équipe de Vaucresson et ayant participé à deux rassemblements de l’équipe de France, Malaurie Pouchet (19 ans) a découvert le football fauteuil il y a sept ans : « J’étais au collège Toulouse-Lautrec (EREA, établissement scolaire spécialisé dans l’accueil de personnes handicapées), il y avait plusieurs activités. Lors d’une journée découverte, une amie jouait déjà depuis le début de l’année et m’a proposé d’essayer. Le coach a remarqué que je m’en sortais déjà plutôt pas mal dès le début. Il m’a proposé de venir jouer. Au début cela ne me tentait pas trop car je n’aimais pas trop le foot. Je disais toujours que les joueurs couraient après un ballon. Je me suis laissée guider et j’ai adoré ». Si elle a dû assimiler les règles et les mouvements du fauteuil, désormais, cette étudiante en LEA ne peut plus s’en passer : « Maintenant, j’adore le foot en règle générale. C’est un sport assez spécial, il y a de la vitesse, des sensations, de la compétition. Je suis très compétitrice ».
« Certains trouvent que cela a l’air facile : « tu es dans un fauteuil, ce n’est pas physique ». Ce n’est pas forcément physique pour moi par exemple, cela dépend des maladies, c’est plus dans le mental. C’est une autre forme de sport, mais il y a toujours la technique et c’est un sport dynamique. Cela reste du foot même si c’est adapté », soutient Malaurie Pouchet (souffrante d’une maladie rare qui touche les os).
Cousin du football
Au tout départ, le foot fauteuil était une activité conçue pour avoir un jeu collectif pour les jeunes les plus dépendants. La discipline est apparue dans les années 80 à Lyon puis à Vaucresson (Amicale créée en 1982). Au fur et à mesure, des professeurs ont mis en place un jeu avec des fauteuils électriques, puis s’est structuré un championnat avec désormais quatre divisions. Le football fauteuil est évidemment très proche du football pour valides. Les équipes évoluent sur un terrain de basket en gymnase en quatre contre quatre (un gardien, trois joueurs) avec un ballon de taille 7 sur deux périodes de 20 minutes. Trois arbitres encadrent la rencontre, deux sur la touche, un au centre. Le fauteuil ne peut pas aller à plus de 10 km/h. Certaines règles ont été adaptées en fonction de la présence des fauteuils sur le terrain. Par exemple, la défense doit se faire en un contre un sous peine de coup franc indirect. La zone du gardien (la boîte) ne doit pas être remplie par plus de trois joueurs.
Depuis sept, huit ans, les fauteuils, munis d’un pare-chocs, se sont beaucoup développés pour pouvoir permettre un jeu plus fluide. « Les rotations permettent aux joueurs une vraie liberté de passe, de construction comme au football. D’un point de vue tactique, c’est assez prononcé vers le haut niveau. Il y a des gestes techniques importants à faire comme les rotations du fauteuil ou des mouvements spécifiques pour le gardien par exemple ». Pour l’instant, la discipline est rattachée à la Fédération handisport mais des démarches sont en cours pour la rattacher à la Fédération française de Football. En attendant, la Coupe d’Europe attend les coéquipiers de Malaurie.