Fleury met l’OM au tapis

Battu ce dimanche par Fleury (1-2), l’OM, qui court toujours après un premier succès, est bon dernier de D1. Alors qu’elles menaient, les Olympiennes ont de nouveau été renversées. Et dans les rangs sudistes, que ce soit le staff ou l’équipe, on commence à attendre désespérément la fin du tunnel.

 

 

Même si c’est tout ce qui compte en fin de saison, les seuls points au classement en disent souvent peu sur l’état de forme et la qualité d’une équipe. Ainsi, au lendemain de cette 8e journée, si l’OM (12e) et Fleury (11e) comptent tous deux 3 points, le contraste sur et hors du terrain était saisissant ce dimanche au stade Auguste Gentelet. « On est fières, on a fait un beau match et on est contentes. J’espère que ça va lancer la saison ! L’année dernière avec Marseille on avait démarré début novembre aussi, en espérant qu’on fera aussi bien… 4e ça nous va hein ! (rires) », lançait ainsi, avec un large sourire, la défenseure de Fleury Leonie Multari, arrivée de Marseille cet été, à l’opposé de l’état d’esprit de la milieu Nora Coton Pelagie, qui déclarait pour sa part : « Forcément je suis très déçue, c’est très frustrant. Je ne sais pas ce qui nous manque, si c’est de l’envie, de la chance… mais ça va commencer à être très inquiétant », se désolait celle qui s’est battue comme un beau diable tout au long de la partie.

 

 

« Etre dans l’action, pas dans la réaction »

 

C’est une rencontre de la peur, qui se jouait ce dimanche dans le sud de l’Ile de France, entre deux équipes qui couraient toujours après leur premier succès de la saison. « Il faut être dans l’action, pas dans la réaction », exhortait pendant l’échauffement Christophe Parra en direction de ses joueuses, sous le soleil et la fraîcheur essonnienne. Un message qui passait plutôt bien, l’OM marquant très rapidement suite à une combinaison sur coup franc (1-0, 13e).

 

Servie par Asseyi, Cindy Caputo ne manquait pas l’occasion de donner l’avantage à son équipe. Poussées par des supporters Floriacumois eux aussi un peu refroidi par le temps, les rouge et noir venaient souvent trouver le déséquilibre sur les côtés, notamment à droite où la vitesse de Sarah Palacin restait un poison : « La difficulté c’était de faire attention à ne pas se faire prendre dans le dos. Ça a été le cas avec la position d’Amani entre les lignes, qui bloquait les deux centrales », décryptait après coup Christophe Parra, qui a donné de la voix dans le premier acte pour demander à ses joueuses de venir presser l’adversaire à la perte du ballon. « Aller chercher haut, ce n’était pas forcément le plan de jeu de base. On voulait dynamiser le mouvement », racontait le tacticien olympien.

 

Fleury s’est repris après la pause 

Pour le coach de Fleury, Lionel Cure, « c’est surtout la finition qui a péché en première mi-temps. On voulait passer par les côtés mais on n’était pas assez nombreux devant le but. Notre trio du milieu a récupéré beaucoup de ballons et ça nous a bien aidés. On était présents dans les duels, donc ça a été plus simple ». Menée à la pause, son équipe est revenue avec de bien meilleures intentions dans le second acte, malgré la pluie et un vent glacial, afin de rapidement recoller au score grâce à une frappe de l’indispensable Salma Amani, déviée par le dos d’une Marseillaise, qui venait tromper Geneviève Richard (1-1, 61e).

 

 

Auteure de gestes importants jusqu’ici (8e, 37e), la portière canadienne allait se montrer moins irréprochable sur corner, moins de 10 minutes plus tard. Peut-être gênée par ce Mistral « made in Fleury », Richard voyait le ballon frappé par Corboz rentrer dans ses cages, et les locales prendre l’avantage. « Je suis frustré, encore une fois un dénouement de match et une physionomie de match qu’on vit depuis bien longtemps, pestait Parra après le coup de sifflet final. Est-ce que c’est mental, psychologique ? Je pense que c’est surtout des erreurs individuelles qui, à un moment donné, pénalisent le groupe. Il faut plus de concentration, plus de rigueur, plus de réflexion et plus d’attention », racontait le coach qui rappelait : « Il y a eu beaucoup de déchet technique. Ça a été un petit peu mieux quand on perdait 2-1, on a essayé de plus jouer et de mettre plus de profondeur ».

 

« En avance par rapport à l’année passée »

 

Et cela a failli payer pour ses joueuses qui ont eu une ultime occasion en toute fin de match (88e), encore sur coup franc. D’abord repoussé par la gardienne, le ballon était ensuite repoussé sur sa ligne par… l’ancienne sudiste Léonie Multari : « J’avais un peu de pression, on a toujours envie de bien faire face à son ancien club », racontait la numéro 4, laissée libre par le club cet été et auteure d’un match solide. La meilleure des revanches pour la joueuse de 21 ans. « Ça me tenait à cœur. Y’a pas de contentieux avec Marseille, c’est une équipe que j’aime beaucoup, je ne leur souhaite que du bien pour le reste de la saison, j’espère que ça ira mieux ».

 

De l’autre côté du prisme, Parra toujours : « Je suis frustré, encore une fois un dénouement de match et une physionomie qu’on vit depuis le début de la saison ». Interrogé sur les émotions vécues l’an dernier, peut-être difficiles à oublier, le coach olympien se risquait à déclarer : « Dans l’ordre de marche du travail, dans la mise en place du groupe, je trouvais que cette année, on était en avance par rapport à l’année passée. Sur l’ensemble du week-end on a senti des filles concernées. Ce n’est pas un problème d’approche du match, mais de leader transformationnel ».

 

 

Deux réceptions de taille à venir pour l’OM 

« C’est alarmant, en tout cas nous on s’inquiète. Mais on sait comment est la D1, que tout peut basculer. Il y a des équipes qui font de bons débuts de saison et qui deviennent catastrophiques, et inversement », racontait Coton Pelagie. Reste que du côté des supporters, on est beaucoup plus pessimiste quant à la capacité de cette jeune équipe à réaliser la même « remontada » que l’an passé. « Quand on change un effectif en profondeur comme ça a été le cas cette saison, c’est difficile de repartir, déclarait la capitaine Caroline Pizzala (photo ci-contre) avant de rallier le bus marseillais dans un stade presque vide. On a eu un recrutement très tardif, des filles qui sont arrivées lors du premier match de championnat, donc qui n’ont pas fait la préparation avec nous. Du coup les automatismes ne sont pas là, et quand en plus on ne gagne pas c’est compliqué… Maintenant il va falloir relever la tête, et aller chercher des points », affirmait-elle.

 

A l’époque où, la saison passée, l’OM s’était lancé en obtenant une victoire surprise face à feu Juvisy (2-1), le spectre de l’exploit revient, à l’heure d’un Classico à domicile qui s’annonce comme capital : « L’année dernière contre Paris on a gagné chez nous, donc pourquoi pas ! face aux grosses équipes on élève toutes notre niveau de jeu, de façon inconsciente. Peut-être qu’on créera la surprise comme on l’avait fait la saison passée », dixit Pizzala. « De toute façon la première victoire, il va falloir qu’elle arrive rapidement, s’alarmait la capitaine. Comptablement sinon, ça risque de devenir compliqué. Si on peut le faire contre Paris, et que les circonstances nous permettent de gagner on ne va pas s’en priver ». A défaut d’exploit, l’OM, qui recevra ensuite l’OL, devra attendre un déplacement à Rodez, le 10 décembre, pour tenter de l’emporter enfin. Mais il sera peut-être trop tard.

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel 

 

Crédits photos : Vincent Roussel pour Foot d’Elles 

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