FIFA 19 – l’avènement de Kim Hunter

Marronnier vidéoludique, la franchise FIFA, éditée par EA Sports, donne une place légère aux femmes depuis FIFA 16. Mais cette année, EA passe la seconde. Cette année, on plonge au coeur du destin de Kim Hunter. Bienvenue dans The Journey : Champions.

Qui est Kim Hunter ?

Dans FIFA, depuis FIFA 17, il existe un mode de jeu plus narratif, complétant ainsi les matches classiques, le mode compétitif, et le mode carrière. FIFA utilise le Frostbite, le moteur graphique maison d’EA qui a fait les beaux jours de Battlefield, mais aussi de franchises plus axées sur le jeu de rôle, comme Mass Effect. Pour faire simple, c’est un moteur très puissant qui permet d’obtenir une qualité d’images dans les cinématiques très élevée, offrant une dimension cinématographique aux jeux qui l’exploitent. Pourquoi s’en priver, même dans un jeu qui, de prime abord, ne s’y prête pas.

Et puis, très concrètement, la question se pose à chaque itération de la franchise : comment lui redonner des couleurs, comment susciter l’intérêt, quel nouveauté ? Si, jusqu’à la création de The Journey, les jeux se suivaient et se ressemblaient à peu de choses près, comme une vague mise à jour perpétuelle, FIFA 17 change la donne et introduit un personnage qui vit sa propre histoire. En filigrane, la promesse de suivre sur plusieurs saisons sa progression. Ce personnage est un jeune homme noir nommé Alex Hunter, fils et petit-fils de champions et de joueurs pros très prometteurs. On suit donc sa progression jusqu’à ce qu’il soit convoité par les plus grands clubs européens.

Dans FIFA 18, Hunter fait un tour en MLS, la ligue pro américaine. Il rencontre alors sa demie-soeur, Kim Hunter, et c’est là où cela devient intéressant : jusqu’ici, nous pouvions uniquement jouer les sélections nationales dont la liste s’étoffait tous les ans avec quelques nouvelles équipes, rien de bien follichon, même si l’effort est louable. Avec le second chapitre de The Journey, on se met enfin dans les crampons d’une joueuse, pour le temps d’un match. Pire, d’un remplacement : l’Allemagne reçoit les USA et Kim Hunter, rookie âgée de 16 ans, fait ses premiers pas en tant que remplaçante au milieu du gratin américain. C’est un clin d’oeil plutôt sympa de la part d’EA.

Mais dans FIFA 19, coup de tonnerre : pendant la campagne de promotion, Kim Hunter fait son grand retour, et on apprend que son aventure sera jouable, au même titre qu’Alex Hunter et Danny WIlliams, le bad guy du chapitre précédent. Appelée en USWNT, elle devra faire ses preuves constamment pour gagner sa place et la mener du championnat de qualifications de la CONCACAF – qui d’ailleurs voit la même affiche virtuelle comme réelle en finale, USA v. Canada – pour finalement jouer en Coupe du Monde pour tenter de remporter la quatrième étoile. 

Mélanie Tremblay, the bad, bad girl.

Ce faisant, elle rencontrera sa rivale, Mélanie Tremblay, une jeune canadienne arrogante aux objectifs ambigus, et évoluera avec Alex Morgan. 

Nous ne reviendrons pas vraiment sur les éléments de gameplay – honnêtement, nous sommes partis sur ce test en mode amateur en solo, débutante en multijoueur, parce que clairement nous sommes des joueuses de FIFA du dimanche -, juste avec parcimonie : il y a des éléments de jeu de rôle basiques comme un arbre de compétences à affiner en fonction de l’expérience et des choix à faire, qui détermineront la personnalité de Kim et certaines étapes de l’aventure. Certes, ce n’est pas du niveau d’un Dragon Age ou d’un Mass Effect, mais c’est suffisamment surprenant pour le noter.

L’aventure avec Kim Hunter : une plongée romancée mais intéressante au coeur de l’USWNT

EA surprend avec cette campagne. Ce n’est pas simplement rajouter un mode avec une femme pour surfer sur une quelconque tendance à l’approche de la Coupe du Monde 2019. Ils ont donné un corps à Kim Hunter, au-delà des entraînements et des matches qui parsèment la campagne. 

Le jeu parle de sujets réalistes sans tomber dans l’écueil de la question de la féminité sur un terrain de football. Au contraire, EA témoigne d’un effort de documentation sur le sujet, spécifique à l’Amérique du Nord : Kim Hunter n’a que 17 ans et, après la Coupe du Monde, doit choisir parmi les offres universitaires qu’elle a reçu, pour évoluer en NCAA avant de devenir pro. C’est en effet le schéma choisi par une majorité écrasante de joueuses de la génération d’Alex Morgan. Deux exceptions : Mallory Pugh et Lindsey Horan qui ont toutes les deux zappé la case université pour passer pro directement, respectivement au Washington Spirit et au PSG. Et c’est le dilemme principal de notre héroïne, dont le père la pousse à accepter la bourse de Berkeley, mais dont le coeur dicte une carrière professionnelle dès la sortie du lycée. Et les échanges avec Alex Morgan montrent la fragilité de cet équilibre et de ce tournant majeur dans l’histoire du soccer américain. 

Kim Hunter doit aussi se faire à la pression nouvelle des agents et des professionnels de la communication et du marketing, que cela soit auprès d’Alex Hunter qui rejoint le Réal Madrid, comme dans son propre cas, puisqu’elle attire les regards des recruteurs et des scouts en triomphant (ou non) à la Coupe du Monde. 

Au-delà de cela, il y a une vraie immersion au coeur de l’USWNT, avec une coach qui n’est pas Jill Ellis ou Dawn Scott mais donc la sexualité est un léger clin d’oeil à la patronne des USA – pour cela, il faut aller fouiner sur les réseaux sociaux virtuels du jeu -, des répliques qui vont chercher des anecdotes assez fines, comme quand Megan Rapinoe chantait « Born in the USA ». Et des personnalités qui sont intéressantes.

On regrettera cependant le manichéisme simplet du scénario : Melanie Tremblay est la rivale principale et directe de Kim, sa version canadienne. On connaît évidemment bien la rivalité historique entre les deux voisins de l’Amérique du Nord, mais était-ce bien nécessaire de faire de Tremblay une caricature de l’arrogance et de la méchanceté gratuite ? 

Même si ce n’est pas encore parfait, même si on aurait aimé voir quelque chose de plus évolué, on se laisse vraiment charmer par cette aventure, courte et plutôt bien équilibrée. La conclusion laisse un futur en suspend pour Kim, un futur brillant, qui pourrait se prolonger dans un futur chapitre. Malheureusement, c’est la fin de l’aventure, telle que prévue par EA, puisque The Journey contient trois chapitres principaux. Dommage. Mais précurseur.  


FIFA 19 est disponible sur PC, PS4, Xbox One et Nintendo Switch (le mode aventure n’est pas disponible dans la version Switch !)

Images : EA Sports

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