Faut-il s’inquiéter pour le football « nordique » ?

Longtemps parmi les meilleures nations au monde grâce à une pratique plus développée du football féminin, les pays scandinaves et l’Allemagne restent sur des résultats décevants, notamment lors de cette Coupe du Monde. Alors que la concurrence devient de plus en plus forte partout sur la planète, faut-il s’en faire pour ces trois pays ?

 

 

Le football féminin s’universalise, est désormais joué partout dans le monde, et les écarts entre les meilleures nations mondiales et celles qui sont en plein progrès se rétrécissent. Quid des pays scandinaves et de l’Allemagne, pionniers de la discipline ?

Trois titres mondiaux, onze titres européens, un titre olympique. Trois places de finaliste en Coupe du Monde, sept lors d’un Euro. Six places de demi-finaliste en Coupe du Monde, huit lors d’un Euro, quatre aux Jeux Olympiques. Depuis 1984 pour l’Euro, 1991 pour la Coupe du Monde et 1996 pour les Jeux Olympiques, compétitions disputées tous les quatre ans, les titres ou places honorifiques récoltées par l’Allemagne, la Norvège et la Suède en font tout simplement un trio (et alors que la Suède n’a qu’un titre européen à son palmarès… en 1984) historiquement parmi les toutes meilleures nations au monde, que ce soit au niveau européen (tous les titres) ou mondial. A l’issue du Mondial canadien cependant, le meilleur des trois, l’Allemagne, a terminé 4e. La Norvège et la Suède se sont arrêtées en huitièmes de finale. Pas forcément pire qu’il y a quatre ans (quart de finale, phase de poule et 3e place respectivement), alors, confirmation d’une tendance ?

 

Avenir incertain pour la Suède

Historiquement la « moins bonne » nation des trois, avec un seul titre européen à son palmarès -mais trois places sur des podiums mondiaux-, la Suède a été décevante lors de la Coupe du Monde. Sur le papier, elle a réussi à se sortir du « groupe de la mort » avant de tomber face à l’Allemagne en huitième de finale. Ce n’est donc pas catastrophique. Mais c’est l’impression laissée, celle de joueuses perdues, sans plan ni fond de jeu, et incapable de se sublimer au niveau offensif (un seul but marqué par une attaquante, la défenseure Linda Sembrant meilleure buteuse avec deux pions). Alors oui, le présence de Pia Sundhage n’est pas étrangère à cette déroute. Mais ce sont les dernières années de carrière de la colonne vertébrale suédoise, et la relève peine à se montrer.

Parmi les vice-championnes d’Europe U19 en 2009, seule Jakobsson s’est réellement imposée en sélection, et encore, depuis cette saison surtout. Elles sont un peu plus à commencer à se faire un nom parmi les championnes d’Europe -toujours en U19- 2012, Amanda Ilestedt et Elin Rubensson en tête. La Suède n’a participé qu’à une seule Coupe du Monde chez les jeunes, le Mondial U20 2010 (quart de finale). Allant de pair avec un championnat qui a perdu de sa splendeur d’antan, l’équipe nationale a connu de meilleurs jours. Il faudra que des jeunes joueuses se révèlent et que celles déjà installées en équipe nationale arrivent à se hisser au niveau international, ce que certaines peuvent faire par périodes. Lles Fischer, Schelin et autre Seger, parmi des meilleures joueuses du monde à leur poste, sont encore là, elles ne sont pas éternelles.

 

La Norvège, retour sur le devant de la scène ?

Bien que toujours présent à l’échelle européenne (deux places de finaliste, une troisième place lors des trois derniers Euros), la Norvège connaît des soucis depuis plusieurs années pour s’exprimer au plus haut niveau mondial. Après avoir disparu dès la phase de groupes il y a quatre ans, elle s’est inclinée dès les huitièmes de finale cette année. Aurait-elle franchi la phase de poule si elle avait été placée dans un groupe plus relevé ? Impossible de le savoir. Ce qui est certain, c’est que la Norvège qui dominait au plus haut niveau mondial (finale et titre lors des deux premiers Mondiaux) a disparu depuis longtemps. Elle est désormais une équipe solide, mais moyenne -toujours capable de trouver les ressources mentales pour atteindre bien figurer au niveau européen cependant. Trois de ses cadres, Hjelmseth, Ronning et Guldbransen sont au bord de la retraite.

L’avenir n’est pourtant pas tout noir. A l’exception de ces trois cadres, la plupart des joueuses sont plutôt jeunes, et notamment les deux stars de la sélection, Ada Hergerberg et Caroline Hansen (nées en 1995). Avec l’expérience accumulée au fil des années, la Norvège reviendra plus forte pour les prochaines échéances. La présence de Caroline Hansen (blessée et forfait pour la Coupe du Monde) et son génie semblent cependant indispensables aux futurs résultats d’une équipe qui a montré au Canada un gros manque de créativité.

 

L’Allemagne, juste un concours de circonstances ?

Après sa défaite à domicile il y a quatre ans en quart de finale contre le Japon, futur vainqueur, l’Allemagne a montré ses limites cette année, face à la Norvège, puis la France, et enfin les Etats-Unis et l’Angleterre. Si la qualification face à la France n’a tenu à rien, l’équipe, visiblement fatiguée, a ensuite été victime d’une belle sélection des Etats-Unis et de faits d’arbitrage, avant de rendre les armes face à l’Angleterre lors du match pour la troisième place. En cause également, outre la présence en pointillés de Dszenifer Maroszan (sans parler de la Meilleure Joueuse du Monde en 2014 Nadine Keßler), le coaching de Silvia Neid, que les supporters ou confrères entraineurs ne se sont pas privés de critiquer. Alors, faut-il s’inquiéter, alors que l’Allemagne fait toujours partie du top 2 mondial et qu’une 4e place en Coupe du Monde satisferait bon nombre d’équipes ?

 

Le point d’interrogation pour le futur réside en défense. La charismatique et si précieuse gardienne Nadine Angerer prend sa retraite, un manque a été constaté au poste de latérale gauche, et la défense centrale n’apporte pas des garanties incroyables malgré le bon tournoi d’Annike Krahn. En ce qui concerne le milieu de terrain et l’attaque en revanche, il est difficile de craindre le futur. Entre les joueuses déjà dans l’équipe même si avec un temps de jeu restreint, pour un certain nombre jeunes, voire ayant 20 ans ou moins, et les jeunes joueuses évoluant dans les sélections de jeunes (ndlr : rappelons que l’Allemagne est championne du monde en titre en U20), cela devrait aller. La question principale qui se pose désormais, c’est comment faire en sorte d’arriver en forme physiquement pour les compétitions estivales quand les saisons des joueuses sont en général très longues et éprouvantes…

 

 

Crédits photos : tv2.no, witters

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