Fabien Lévêque : « Les Bleues peuvent gagner la Coupe du Monde »

Il est journaliste et commentateur pour le groupe France Télévisions depuis 2008. Après avoir commenté de nombreuses rencontres, en tant que correspondant à Marseille, puis à Madrid, Fabien Lévêque est un des précurseurs du football féminin sur le petit écran. Aujourd’hui en duo avec Marinette Pichon, ancienne joueuse de l’Equipe de France, le natif de Saint-Nazaire commente la D1 féminine et l’Equipe de France. Interview.

 

 

Il y a maintenant trois ans, nous lui avions consacré une interview, afin d’évoquer la place et l’évolution du football féminin depuis plusieurs années. Aujourd’hui, à l’heure où l’Equipe de France s’apprête à disputer un mondial au Canada cet été, Fabien Lévêque dresse le bilan d’une discipline en plein essor. S’il avouera prendre énormément de plaisir à commenter chaque confrontation, le commentateur de 34 ans nous parlera de l’équipe nationale, avant de nous livrer son oeil d’expert sur la D1, élite d’une football féminin Français.

 

Où en est le football féminin aujourd’hui ?

F.L : « J’ai tendance à penser qu’il y a de l’évolution au sein de ce domaine. Le football féminin est de plus en plus mis en lumière, tout comme les autres sports féminins. Pour prendre un exemple, je parlerai de l’Equipe de France de rugby, qui a fait un parcours exceptionnel lors de la Coupe du Monde l’année dernière. Par ailleurs, pour la première fois nous avons eu l’occasion de proposer un match de championnat sur notre antenne, à l’occasion des 24 Heures du Sport féminin. J’ai l’impression que l’on accorde désormais une place plus importante au sport féminin, et c’est une bonne chose. Pour être honnête, depuis des années nous faisions face à un gros déséquilibre entre les disciplines masculines et féminines, et je trouvais cela un peu dommage. A l’heure actuelle, des efforts sont faits dans une optique de progression d’équité, et c’est encourageant pour la suite.

 

 

Fabien Lévêque incarne la voix du football féminin pour le groupe France TV

 

 

Ressentez-vous désormais plus d’intérêt du grand public pour la discipline ?

– En tant que commentateur de matches de football, je suis toujours très surpris d’entendre, de la part d’observateurs ou même de spectateurs, des « je suis étonné(e) par le niveau de jeu proposé ». A dire vrai, certains sont encore partagés à l’heure d’évoquer la place et la médiatisation du football féminin ; mais lorsque ces mêmes personnes se rendent au stade pour assister à des matches, elles sont souvent surprises par le spectacle produit. Au tout début, le grand public n’était pas convaincu que les filles étaient également capables de produire du très beau jeu. Aujourd’hui, certaines choses ont évolué ; je pense qu’il y a un véritable engouement naissant autour du football féminin et, au-delà, du sport féminin en général. Les spectateurs prennent du plaisir à se rendre aux matches, et je pense pouvoir affirmer que c’est une réelle avancée.

 

 

« Certains sont encore partagés »

 

 

 

Prenez-vous toujours autant de plaisir à commenter ce football féminin ?

– Toujours ! Je suis ravi de pouvoir commenter des matches, ainsi que de suivre et de constater les évolutions. J’ai, par exemple, pris énormément de plaisir à commenter la « finale » du Championnat de France entre le Paris Saint-Germain et Lyon (0-4) à Charléty. J’ai vraiment vu une superbe rencontre, d’une qualité impressionnante. Peu de temps auparavant, j’avais eu l’occasion de commenter, avec Marinette Pichon, le match international France – Etats-Unis. J’avais alors, une fois de plus, vu beaucoup de spectacle sur le terrain. Il y avait encore beaucoup de monde pour assister à cette opposition. On voit qu’il se passe quelque chose autour de cette Equipe de France. J’espère très sincèrement que les choses vont se poursuivre et que la Coupe du Monde qui se disputera au Canada cet été sera l’occasion de mettre de nouveau en lumière le football féminin français. Au regard des derniers résultats, les joueuses de Philippe Bergeroo ne doivent craindre personne, et peuvent se rendre au Canada avec une énorme ambition. Je suis intimement convaincu que les Bleues peuvent remporter la Coupe du Monde cette année.

 

Qu’a changé l’arrivée de Philippe Bergeroo à la tête de l’Equipe de France ?

 

Fabien Lévêque : « Je n’y vois que du positif »

 

 

Quel regard portez-vous sur la progression de la D1 ?

– Nous avons encore un championnat à deux vitesses, c’est un constat qui me paraît évident. L’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain restent encore, à l’heure actuelle, les deux leaders incontestables de la division. Derrière, des clubs comme Juvisy, Montpellier, ou encore Guingamp, tentent de résister et de s’approcher du duo de tête par tous les moyens. Cependant, je suis ravi de voir que nous avons tout de même un véritable « cœur » du championnat bien plus homogène qu’auparavant. L’arrivée du PSG a tout de même permis d’instaurer une certaine forme de concurrence en tête de D1. Lyon se sent un peu moins seul, mais nous voyons bien que le vécu qu’a aujourd’hui l’Olympique Lyonnais est irremplaçable. Paris a beau s’approprier les meilleures joueuses du monde tous les ans, rien ne remplace l’histoire de tout un club, et il faudra encore quelques années aux joueuses de Farid Benstiti pour parvenir au même niveau que Lotta Schelin et consort.

 

 

Que faudrait-il pour que le Championnat de France poursuive son évolution ?

– Je pense qu’il faudrait avant tout plus de moyens. Si nous voulons avoir des joueuses qui progressent considérablement, il faut forcément passer par une approche 100 % professionnelle. Aujourd’hui, seuls les deux clubs qui résident en tête du championnat le sont, et nous voyons bien que le statut professionnel est indispensable. L’organisation et la structuration viendront par la suite, mais il faudrait avant tout accorder plus de moyens financiers au football féminin. Les filles doivent toutes pouvoir bénéficier d’infrastructures professionnelles de façon à pouvoir s’entraîner correctement au quotidien. Je pense que, lorsque nous serons arrivés à ce niveau-là, nous pourrons constater une autre dimension dans l’évolution. Tant que la D1 continuera de se jouer à deux vitesses, nous aurons toujours un écart colossal entre les formations. Je suis demandeur de voir des grands noms du football masculin français se donner les moyens de monter une équipe féminine ».

 

 

Propos recueillis par Benjamin Roux.

Crédits photos : / Montage audio-vidéo : Thibault Roux.

 

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