#ExÆquo, nouvelle campagne contre les discriminations dans le sport

Laura Flessel et son ministère des Sports ont lancé, le 15 mars 2018, une campagne de communication visant à lutter contre les discriminations dans le sport. Avec un slogan beau comme du Racine (« #ExÆquo, parfois l’égalité est une victoire ») et un casting de rêve (Laura Georges, Antoine Griezmann…) pour combattre la laideur du cauchemar sexiste, raciste, homophobe et handiphobe trop fréquent dans le sport et contraire aux valeurs sportives.

 

« Le sport doit être le fer de lance de l’égalité », résume la ministre et ex-épéiste en s’exprimant par une subtile métaphore. Et d’ajouter qu’il faut « déconstruire les stéréotypes » afin que « racisme, homophobie, sexisme ou encore préjugés à l’encontre des personnes en situation de handicap » sortent enfin des stades où ils n’auraient jamais dû pénétrer.

Des armes pacifiques pour éradiquer les discriminations

« Parler de respect, d’ouverture aux autres, c’est tout l’objet de cette campagne de communication. » La ministre entend ainsi pratiquer une pédagogie incitative et positive plutôt que coercitive et stigmatisante. Laura Flessel rappelle qu’un changement des mentalités se doit d’accompagner les ambitions sportives de la France, où se tiendront en 2018 les Gay Games, la Coupe du Monde féminine de football U-20, l’Euro féminin de handball, en 2019 la Coupe du Monde féminine de football, en 2023 la Coupe du Monde de rugby à XV et en 2024 les Jeux olympiques et paralympiques d’été.

Pas question de laisser la beaufitude et les discriminations s’exprimer dans les stades avant, pendant et après de tels événements. D’où la nouvelle campagne de communication sur le web et les réseaux sociaux, dans la presse écrite et dans les médias audiovisuels. Au menu, un clip pour les antennes de France Télévisions, quatre vidéos et des bandeaux pour le web, des affiches dans toute la France et un partenariat rédactionnel avec le magazine Elle.

Et puis, voire surtout, une pléiade d’ambassadrices et d’ambassadeurs qui ont donné de leur corps et de leur temps pour la promotion de cette campagne. Avec une triple dominante de football (Laura Georges et Antoine Griezmann), de boxe (Estelle Mossely, Sarah Ourahmoune et Souleymane Cissokho) et paralympique (la sprinteuse et sauteuse Marie-Amélie Le Fur, l’escrimeur et skieur Cyril Moré). Le basket-ball, le rugby, l’arbitrage et le handball complètent l’arsenal de stars avec respectivement Emmeline Ndongue, Frédéric Michalak, Ilyes El Bekkaoui et Florent Manaudou. On présume que la campagne aurait pu s’adjoindre les noms de Marie Bochet et Martin Fourcade si l’octuple championne paralympique de ski et le sextuple (bientôt septuple ?) champion du monde de biathlon n’avaient pas été accaparés par la conquête de nouvelles médailles cet hiver en Corée du Sud.

Une campagne de plus ?

On ne saurait mettre en doute la sincérité de la ministre et la nécessité de l’opération #ExÆquo. Cette énième campagne contre les discriminations dans le sport aura-t-elle plus d’effets positifs que les précédentes ? Bizarrement, le dossier de presse distribué en fanfare par le ministère des Sports ne dit pas un mot du budget alloué à l’opération. Un budget à zéro euro ? Ou trop riquiqui pour être mentionné ?

Cela fait des années que l’on voit des athlètes soutenir des initiatives aussi indispensables que les rondes avec des enfants avant chaque match, les fanions ou maillots floqués du mot RESPECT, afin d’afficher leur lutte contre les violences et les discriminations dans le sport. Résultat, des athlètes – en particulier lors des rencontres à enjeu dans le foot masculin – continuent se faire traiter de pédé ou de gouine, de nègre ou de singe, de bougnoule ou de youpin, et aux lazzis s’ajoutent les chants injurieux, les gestes obscènes et les jets de projectiles.

Les sanctions ? Trop rares et trop clémentes au regard des conséquences psychologiques parfois irréversibles subies par les victimes et leur sport. Quand un beauf aviné traite un sénateur de pédé, une ministre de négresse ou une députée de macaque, ce beauf-là va directement en prison avec sanction pécuniaire au passage. Quand c’est une footballeuse ou une escrimeuse, un skieur handicapé ou une sprinteuse qui subissent les mêmes injures à leur différence, les mêmes beaufs avinés peuvent très vite continuer de sévir.

Pour en revenir à cette belle campagne que nous offre la grande ministre, hormis le magazine Elle, la campagne #ExÆquo ne revendique aucun partenaire de la presse écrite ou audiovisuelle spécialisée dans le sport. Dommage !

Crédits photos : ministère des Sports, Twitter Brice Guyart

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