Dossier : la D1 attire les étrangères et les Françaises

Cette intersaison a donné lieu à des transferts à sens unique ou presque. De nombreuses joueuses étrangères et internationales ont rejoint les clubs français. A l’inverse, les meilleurs éléments tricolores peinent à s’expatrier. Analyse d’un phénomène qui peut avoir des conséquences sur le rendement de l’équipe de France.

 

 

 

Elise Bussaglia et Marina Makanza sont les seuls départs notables de joueuses françaises vers l’étranger à comptabiliser pendant cette intersaison. Dans le sens inverse, de nombreuses joueuses étrangères internationales sont venues renforcer les rangs des clubs français comme Pauline Bremer, Anja Mittag, Cristiane, Andressa Alves, ou encore Wang Fei. Comment expliquer ce phénomène ? Pourquoi les joueuses françaises ne partent pas tenter une expérience à l’étranger ? A l’inverse, pourquoi le championnat français attire de plus en plus d’étrangères ? Éléments de réponse.

Paris et Lyon, VRP de la D1

Évidemment, la plupart des joueuses étrangères qui sont arrivées cet été ont fourni les rangs des clubs candidats aux titres comme l’Olympique Lyonnais ou le Paris Saint-Germain. Deux équipes aux ambitions claires sur le championnat et la Ligue des Champions, ce que peuvent proposer seulement quatre ou cinq clubs en Europe. « Avant il n’y avait pas de professionnalisme en France, déjà les joueuses étrangères étaient peut-être moins susceptibles de venir, le championnat donnait moins envie. Maintenant, il y a Lyon, Paris, Montpellier et Juvisy qui essaie encore de s’accrocher. Ils proposent des infrastructures idéales, des conditions d’entraînement, de jeu, et surtout ces clubs ont des ambitions de titres nationaux », décrypte Elise Bussaglia.

Clairement, quoiqu’on en dise, le championnat français est de plus en plus attrayant hors de nos frontières : « Des clubs comme le PSG ou d’autres gros clubs français, c’est un honneur d’en faire partie. Venir en France, et essayer quelque chose de nouveau parce que, même si à l’heure actuelle la Bundesliga est le meilleur championnat du monde, vous voyez de bonnes joueuses venir dans les équipes françaises, d’autres suivent. C’est positif pour le championnat et j’espère que d’autres clubs se développeront car je pense que ce championnat n’en est qu’à ses débuts », confie Caroline Seger, arrivée en 2014 dans la capitale. Lors de la saison 2014-2015, près de 12 % des joueuses étaient étrangères.

 
L’étranger, l’exception française

Dans les rangs français, très peu de joueuses ont tenté l’aventure. Pour Camille Abily, en 2009, tout s’est bien goupillé. A l’époque, le championnat français n’était pas professionnel, elle avait pu bénéficié d’un prêt pour partir vivre le rêve américain. « L’intensité là-bas dans l’ensemble était beaucoup plus importante qu’en France. Mais ici, techniquement, nos meilleures équipes n’ont rien à envier aux clubs américains », insiste la Lyonnaise.

Plus récemment, cet été, Elise Bussaglia, trente ans dans quelques jours dont onze saisons passées sur les pelouses de Division 1 (Juvisy, Montpellier, PSG puis Lyon) a décidé de traverser le Rhin pour évoluer sous les couleurs de Wolfsburg : « Moi j’avais envie de connaître autre chose, de changer de championnat, de culture, d’état d’esprit et de voir ce qui se faisait en Allemagne ». Le constat sur le niveau moyen des équipes allemandes est claire : « J’ai fait deux autres matches contre des équipes moins prestigieuses on va dire. J’ai l’impression que le niveau est un peu plus élevé par rapport aux autres équipes du championnat de France qui ont du mal à exister, à sortir la tête de l’eau. En Allemagne, sur le plan athlétique et physique, de la première à la quatre-vingt-dixième minute, il y a un pressing qui se fait, il y a des courses », relève la nouvelle milieu de terrain de Wolfsburg.

Comme souvent, partir à l’étranger est un choix de carrière. Avec le risque d’être moins observée. Aller dans un championnat européen n’est pas irréaliste. Mais la Suède ou encore les Etats-Unis sont des ligues « saisonnières ». Cela se bouscule donc avec la saison française par exemple. Pour les joueuses sous contrat, le mécanisme s’avère plus complexe.

 Elise Bussaglia sous ses nouvelles couleurs allemandes

 

Le cocon français : un manque pour les Bleues ?

En D1, il manque certainement plus d’oppositions de qualité et surtout régulières pour les Françaises. Car les rencontres de niveau européen voir international se résument aux affiches opposant le PSG, Montpellier, Lyon ou Juvisy, « Face à Guingamp, on gagne 8-0 (ndlr : 3e journée de D1). Mais on manque encore d’efficacité. C’est ce qui manque à l’équipe de France : être plus tueuses parce qu’au niveau mental il manque ce petit truc, cette habitude du haut niveau, d’avoir une seule occasion dans un match », concède Camille Abily. Dans la liste des 23 joueuses convoquées pour les matches face au Brésil et à la Roumanie : il y a… une seule joueuse évoluant à l’étranger : Elise Bussaglia. Le sélectionneur qui souhaiterait voir certaines de ses joueuses partir à l’étranger, notamment en Allemagne, n’est pas prêt d’être entendu.

 

Y-a-t-il une solution à court terme ? C’est probablement un problème de moyens. « Mêmes les filles qui ne jouent pas sont mieux à Lyon que dans un autre club (ndlr : Lyon compte 16 internationales A). Parce que tu es professionnelle, tu t’entraînes dans de bonnes conditions. Le jour où un club qui aura les mêmes moyens se présentera, si la joueuse ne joue pas à Lyon, elle va forcément y aller », avoue Camille Abily. Avec les investissements récents dans les sections féminines des clubs professionnels masculins, la Division 1 féminine est probablement sur la bonne voie. Quand Bordeaux, le LOSC ou encore l’Olympique de Marseille accéderont à l’élite, ces équipes pourront, un jour, rivaliser financièrement avec les ogres lyonnais et parisien. Et peut-être rendre le championnat encore plus homogène.

 

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