Des Français conquis par le football féminin cet été ?

En témoigne la dernière Coupe du Monde de football au Canada, le sport féminin intéresse et attire de plus en plus. Une meilleure médiatisation depuis quelques années, et des équipes plus professionnelles… Les femmes ont aujourd’hui une place à part entière dans le domaine du sport. Reportage.

 

 

Quarante-sept pourcents. C’est le chiffre-clé qui ressort de l’étude réalisée cet été par Repucom, leader mondial et français des études et du conseil dédiés au sport et à l’Entertainment, à l’issue d’une Coupe du Monde féminine au Canada qui aura battu un record d’audience pour une chaîne de la TNT (4,2 millions de téléspectateurs ont suivi le quart de finale entre la France et l’Allemagne). En effet, 47% des Français souhaitent voir davantage de football féminin sur le petit écran (1000 répondants à l’enquête, hommes et femmes âgés de 16 à 69 ans). Un chiffre éloquent, qui montre l’importance de la discipline aux yeux du grand public. Des audiences en forte progression ont été constatées à l’issue de ce dernier grand rendez-vous international. Près d’un Français sur deux serait donc favorable à une diffusion plus importante de ce sport féminin.

 

Les Français ont une bonne image des disciplines féminines

« Les Français ont de plus en plus accès au sport féminin à la télévision, notamment via le digital », explique Bruno Lalande, directeur de la stratégie Europe, Middle east & Africa chez Repucom. Si la discipline se démocratise aux yeux du grand public (la cible des 16-34 ans est la plus touchée et convaincue par le football féminin), « elle attire également de nombreux diffuseurs », poursuit-il. Parmi les principaux, on notera la présence des diffuseurs officiels W9 (Coupe du Monde), Eurosport et France 4 (D1). « Je dirai que, quelle que soit la discipline, les diffuseurs s’investissent pour une couverture des plus grands événements », poursuit Bruno Lalande. En effet, la stratégie consiste bien évidemment à capter un maximum d’audience, dans un sport en plein développement.

 

Une évolution des mentalités

Les femmes dans le sport sont un des plus grands changements intervenus au cours des cinquante dernières années. « Nous avons d’ailleurs publié, début 2015, un rapport complet sur le sujet », indique Damien Roge, manager marketing de cette firme aux plus de 1400 salariés. Women and Sport, une étude et un regard complets sur l’augmentation et l’importance croissante des fans de sport féminin. On y apprend qu’en plus de l’intérêt pour cette discipline qui est en constante évolution, la pratique sportive chez les femmes s’intensifie. D’après l’étude réalisée par Repucom, près d’un Français sur deux souhaiterait que les ambassadrices du football féminin soient reconnues pour leurs succès sportifs aux yeux de leurs supporters. A l’inverse, plus d’une personne interrogée sur deux estime qu’il y a trop de football masculin à la télévision. Les marques et autres sponsors cherchent ainsi à établir une véritable connexion avec une nouvelle génération de fans dévouée à la pratique féminine. « Dans cette optique, nous avons montré, via une étude, que les femmes (de 30 à 49 ans) dépensent, en moyenne, plus que les hommes dans l’habillement sportif », explique Bruno Lalande. « Je pense que beaucoup de choses sont en train de changer à l’heure actuelle », précise-t-il. Avant d’ajouter. « Nous avons tous, en tant que citoyens, un devoir de transmission de la mixité aux générations futures ».

Le football comme précurseur

Parmi les sports les plus plébiscités par le grand public, le football arrive largement en tête. La discipline féminine ne déroge pas à la règle, et « cela n’a rien d’étonnant », confie Bruno Lalande. « Malgré une kyrielle d’obstacles à laquelle les femmes ont longtemps été confrontées (l’autorisation de la pratique sportive de certaines disciplines par les femmes ne date que de quelques décennies, Ndlr), et même si certaines idées reçues ont parfois la vie longue, je pense que les choses sont en train de changer depuis quelques années ». Un véritable changement, dont le football a été précurseur. Sport populaire par excellence, cette discipline est au cœur de nouveaux enjeux, notamment par le fait que de nombreux acteurs se mettent à investir. « Si l’on pense directement à l’Olympique Lyonnais et au Paris Saint-Germain à l’heure de parler de développement, il ne faut pas oublier tout le travail accompli par la Fédération Française de Football, notamment dans son travail de formation », insiste Bruno Lalande. Celui qui a largement participé à l’élaboration de l’étude sur le potentiel de croissance du football féminin français poursuit. « Le football féminin arrive en tête des sports les plus demandés à la télévision, car cette discipline reste reine en France comme dans le monde de manière générale ».

 

Des actrices reconnues

Lors de la dernière Coupe du Monde de football, l’équipe de France s’est arrêtée au stade des quarts de finale (élimination contre l’Allemagne aux tirs au but). Si certaines joueuses et autres personnalités sportives féminines restaient dans une certaine forme d’anonymat il y a quelques années, la donne a très clairement changé aujourd’hui. « On dénombre davantage de têtes d’affiche dans le football féminin », déclare Bruno Lalande. Le football féminin est en train de se populariser, et cette donnée a largement été confirmée par l’indice « Repucom Celebrity DBI », mesurant l’impact marketing des célébrités. Après étude, « nous nous sommes aperçus que les joueuses de football étaient de plus en plus reconnues par les Français, et apparaissaient comme de véritables ambassadrices pour les marques », explique celui qui est notamment en charge de la stratégie Europe chez Repucom. « Cela est notamment dû au fait que des précurseurs ont préempté ce terrain depuis plusieurs années. On peut penser à Jean-Michel Aulas, qui s’est grandement investi avec l’équipe féminine de l’Olympique Lyonnais ».

 

« A un moment où la France recherche des solutions de performance, nous avons les ressources avec et par la mixité », déclare Bruno Lalande. Par ailleurs, certaines équipes féminines émergent, les têtes d’affiches notamment, et les Français s’y intéressent davantage. « Il faut poursuivre dans cette optique-là, en donnant véritablement envie au public de se rendre au stade ». Même si « c’est un travail qui prendra du temps », la mixité doit être transmise aux générations futures. « Elle accélérera forcément la performance », termine-t-il.

 

Propos recueillis par Benjamin Roux

 

Crédits photos : Repucom (avec AFP) 

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