D1 : Le titre est joué, et alors ?

Près de quatre mois se sont écoulés depuis le début de la saison 2013/2014 de Division 1 féminine. Treize journées plus tard, l’heure est au bilan. Si le titre semble déjà promis à l’Olympique lyonnais, la deuxième place reste encore jouable pour les trois autres membres de l’indéboulonnable top 4. En bas de tableau, l’AS Muret a déjà un pied et demi en D2. Pour les autres, la lutte pour le maintien devrait faire rage jusqu’au bout. De quoi encore susciter l’intérêt pour le championnat de France de football féminin jusqu’au mois de juin.

 

Lyon, le grand 8

 

Invictus. Il n’est pas question ici du poème de William Ernest Henley ou du film de Clint Eastwood mais bien de l’Olympique lyonnais,  imbattable en championnat depuis bientôt quatre ans. Depuis le 14 mars 2010 et une défaite 2-0 à Juvisy pour être précis. Dès lors, l’OL n’a plus trébuché en championnat – soit 87 matches consécutifs sans défaite en D1 – et continue d’écœurer ses adversaires, semaine après semaine… 13 matches disputés et autant de succès accumulés, le club rhodanien compte le même nombre de points que l’an passé à ce stade de la saison (52). Alors certes, les filles de Patrice Lair ont inscrit 30 buts de moins par rapport aux 13 premières journées de la saison précédente, mais les victoires, elles, sont toujours au rendez-vous.

 

Il est vrai que Lyon s’est fait quelques frayeurs en cette première partie de saison. Les victoires délicates contre Arras (2-3) et Yzeure (0-1) peuvent en témoigner. Certains y voyaient peut-être un signe, celui d’une faiblesse toute relative qui permettrait à ses poursuivants de pouvoir titiller le champion de France en titre… Que nenni ! L’OL sait plus que jamais s’adapter à son adversaire et hausser son niveau de jeu quand nécessaire. Les confrontations face à ses concurrents directs en attestent. 3-0 contre Juvisy à Gerland, la même correction, mais à Charléty face au Paris-Saint-Germain. Un large succès sur la pelouse montpelliéraine (1-4) et une nouvelle démonstration à Bondoufle face au rival historique juvisien (0-4). Si l’ogre lyonnais nous a laissé sur notre faim lors de certaines prestations, il ne cesse néanmoins de dévorer ses adversaires les uns après les autres.

 

 

Avec déjà six longueurs d’avance sur son dauphin du Paris Saint-Germain et la Ligue des champions en moins à disputer, le septuple champion de France en titre se dirige tout droit vers un huitième sacre consécutif. Un de plus que la formation masculine, couronnée à sept reprises entre 2002 et 2008. Un record qui devrait tomber d’ici quelques mois, aucune équipe n’étant à priori capable de barrer la route au rouleau compresseur lyonnais.

 

Objectif Ligue des champions

 

Si la première place semble promise aux Lyonnaises, la deuxième est encore jouable pour trois formations. Paris (46 points), Juvisy (43 points) et Montpellier (43 points) sont plus que jamais à la lutte pour décrocher leur ticket pour la Ligue des champions.

 

Premier prétendant à cette place européenne, le club de la capitale est en pôle position à la trêve, mais parait moins serein que la saison précédente. Les absences successives de Linda Bresonik et de Shirley Cruz, deux joueuses clés dans l’entrejeu parisien, sont certainement en partie responsables de cette fébrilité. Alors que le PSG avait par deux fois disposé de Juvisy l’an passé,  il s’est incliné plutôt logiquement à domicile début décembre contre la Juv’ (1-0). Un résultat non-préjudiciable pour autant, du fait des contre-performances de son rival francilien.

 

 

Le club essonnien pourrait en effet nourrir des regrets s’il restait bloqué sur la troisième marche du podium à l’issue de la saison. Outre les défaites logiques contre Lyon, Juvisy a laissé filer trois points précieux en accueillant le promu sojaldicien (défaite 1-2). Un faux-pas dommageable, qui s’ajoute au probable retrait des points glanés contre Saint-Etienne. Le club essonnien ayant laissé jouer une joueuse non-inscrite sur la feuille de match, la Fédération française de football devra statuer prochainement sur l’application de la sanction infligée au club. En cas de retrait des quatre points acquis au cours de la rencontre, la Juv’ reculerait au 4e rang, à sept unités de la deuxième place. Un retard qui condamnerait certainement les coéquipières de Gaëtane Thiney à revoir leurs ambitions à la baisse.

 

En embuscade au quatrième rang, Montpellier semble finalement à sa place. Malgré l’excellente intégration d’Öqvist et de Makanza, la confirmation d’Utsugi et la véritable éclosion de Toletti, les Héraultaises peinent face à leurs concurrents directs et ferment logiquement la marche du Big Four. Défaites contre Paris (1-2), Juvisy (1-2) et Lyon (1-4), les filles de Jean Louis Saez semblent les moins bien armées pour aller chercher une place en Ligue des champions. Une compétition que les Montpelliéraines n’ont plus disputée depuis 2009.

 

 

Rien n’est joué derrière, ou presque…

 

Derrière aussi ça joue ! La lutte pour le maintien s’intensifie un peu plus journée après journée. Cinq équipes semblent véritablement concernées par la relégation. Saint-Etienne (10e), Arras (9e), Rodez (8e) et Hénin-Beaumont (7e) se tiennent en seulement deux points avec trois victoires chacun à la trêve.

 

Yzeure (11e) est légèrement en retrait avec quatre unités de retard sur Arras et surtout dix points de moins que l’an dernier à la même époque. Les départs de Laura Bouillot, Faustine Roux, Caroline Dolo, Stéphanie Maitre, Émilie Gonssollin ou de Lalia Dali font du mal aux Yzeuriennes qui peinent, notamment offensivement. Deuxième plus mauvaise attaque du championnat avec huit petits buts inscrits, le club auvergnat a l’avantage d’avoir déjà affronté Montpellier à deux reprises. Un mauvais moment de moins à passer, auquel ses concurrents directs pour le maintien devront se soumettre tôt ou tard.

 

Plus en retrait et condamné à l’exploit, l’AS Muret n’a jamais décollé plus haut que la 11e place depuis le début de la saison. Lanterne rouge avec 14 points et aucune victoire au compteur, le promu compte déjà 10 unités de retard sur le premier relégable. Bouffée par des problèmes internes, la formation entraînée par Salim Belhamel devrait malheureusement retrouver la D2, un an seulement après l’avoir quittée.

 

 

Et pendant ce temps-là, au milieu de tableau…

 

Trop bon pour jouer la relégation, pas assez pour viser une place dans le top 4. Depuis quelques années maintenant, l’En Avant Guingamp a pris l’habitude de naviguer dans le ventre mou du championnat. 5e lors de la 13e journée de D1 en 2012, l’EAG recule d’un rang cette année, mais conserve le même nombre de points (33). Encore trop irrégulier, le club breton peut étriller Hénin-Beaumont (4-1) et s’incliner lourdement quelques semaines plus tard contre Saint-Etienne à domicile (0-3). Il reste 11 journées aux Guingampaises pour égaler leur meilleure performance en D1 avec une 5e place au bout. Il faut remonter 13 ans plus tôt, en 2000, pour retrouver trace de cette prouesse. Pour la petite histoire, les Toulousaines étaient sacrées championnes de France cette année-là. Une autre époque…

 

Pour chiper cette 5e place, Guingamp devra bousculer la surprise de ce début de saison, l’ASJ Soyaux. Le promu est pratiquement assuré de disputer une deuxième saison consécutive parmi l’élite. Le club sojaldicien comptant déjà 33 unités à la trêve. Si l’on se réfère au classement final de la précédente saison, 36 points étaient nécessaires pour se maintenir en première division, tandis qu’il en fallait 45 l’année d’avant. Un bon début de championnat, dû à la bonne alchimie qui s’est créée entre recrues et cadres au sein de l’effectif. Soyaux s’appuie à la fois sur ses piliers tels que Marina Pascaud – au club depuis 1999 – Siga Tandia, Anaïs Dumont ou Jennifer Maier, mais aussi sur ses nouvelles venues comme Laura Bourguoin  Gwendoline Djebbar (4 buts chacune), ou Viviane Boudaud. L’apport des jeunes pousses, Alice Benoit, Amandine Guérin et Lydia Belkacemi est primordial également. Un mélange heureux qui permet au promu de talonner Montpellier au classement. Les Héraultaises qui seront par ailleurs les futures adversaires de l’ASJ le 19 janvier prochain.

 

 

Le championnat continue 

 

Il n’y a pas que la première place qui compte. Car il faut bien le reconnaître, le titre est probablement déjà joué, Lyon étant destiné à être couronné pour la 8e fois. En revanche, la lutte pour la deuxième place qualificative pour la Ligue des champions, la course au maintien, l’épopée sojaldicienne et la série d’invincibilité lyonnaise constituent, entre autres, de véritables intérêts pour la suite de la saison. A titre de comparaison, le vainqueur de Roland-Garros est quasiment connu à l’avance chaque année, pourtant l’évènement n’en reste pas moins passionnant.

 

Consulter le classement de D1

 

 

Crédit photos: Giovani Pablo / Q. Lafont-olweb

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer