#FIFAWWC – objectif capitalisation

Un an. Dans un an, le coup d’envoi de France 2019 sera donné. En étroite collaboration, la FFF, la FIFA et le LOC se préparent à faire de ce rendez-vous une réussite majeure avec des objectifs ambitieux, d’autant que Canada 2015 avait placé la barre très haut en termes d’audience. Décryptage.

Des chiffres encourageants

La précédente édition qui a vu les Américaines de Jill Ellis être couronnées par l’ultime récompense compétitive a été un franc succès : même si on dénombre une moyenne de fréquentation dans les stades légèrement inférieure à la Coupe du Monde féminine en Allemagne – 25 664 versus 26 428 en Allemagne, cette différence s’expliquant par le nombre d’équipes présentes et de matches joués plus important, à raison de 8 équipes supplémentaires et 20 matches joués -, les audiences TV ont explosé. Dans les chiffres et le nombre de spectateurs et de minutes suivies, la Coupe du Monde féminine de la FIFA 2015 est devenue le second événement footballistique le plus regardés, après la Coupe du Monde masculine. Et ce n’est pas nous qui le disons, mais un rapport KantarSport, commandé par la FIFA.

Ainsi, près de 556,6 millions de personnes ont suivi la Coupe du Monde 2015 à travers le monde. La finale USA v Japon a été l’événement football le plus regardé aux Etats-Unis sur Fox Sports, qui avait pour l’occasion misé gros sur l’équipe nationale, dans une ambitieuse campagne marketing, vivement remarquée. Et c’était en effet une bonne idée, puisque leur retour sur investissement a été monstrueux. En France, c’est W9 qui fait le pari du football féminin, un pari risqué vu les heures de diffusion des matches, le décalage – 8 heures pour Vancouver, 6 heures pour Ottawa et Montréal -. Et pourtant, le match d’élimination en quart de finale contre l’Allemagne – dont les images résonnent encore dans nos coeurs – explose toutes les audiences jamais réalisées par la chaîne de la TNT, en réunissant 4,2 millions de spectateurs en moyenne, avec un pic à 5,3 milllions à 23h30. A titre de comparaison, c’est un peu moins qu’un prime time The Voice, hors auditions à l’aveugle. C’était la première fois que le football féminin était aussi suivi. D’ailleurs, le quart de final France-Allemagne aura également intéressé des supporters étrangers, puisqu’il s’agit du troisième match le plus visionné de la compétition, derrière bien évidemment la finale et la demi-finale Japon – Angleterre, avec 20 millions de personnes derrière leurs écrans.

Au stade, la fréquentation est monstrueuse : 1,3 million de personnes s’est retrouvée prise de la fièvre du football, c’est un record inégalé, qui surpasse le 1,2 million historique de la Coupe du Monde 1999 aux USA. Les foules se pressent tant que l’organisation se retrouve à court de merchandising – maillots, goodies, souvenirs -, ce qui provoque le mécontentement des fans.

Les éditions européennes sont moins performantes : ainsi, en 2011, “seulement” 845 711 personnes se retrouvent au stade, tandis que l’édition suédoise de 1995 est un fiasco, avec seulement 112 213 dans les terres nordiques, contrastant avec le début intéressant de la Coupe du Monde Féminine en Chine et son demi-million de supporters dans les fans. Cet écart peut s’expliquer par la passion très nord-américaine pour le football féminin et la proximité des stades et des frontières, pour les deux acteurs majeurs américains et canadiens. Pour l’Europe c’est un peu plus compliqué, et c’est là où l’organisation devra marquer beaucoup de points. Mais le récent succès de l’Euro Féminin, qui a conquis une audience cumulée de 81,5 millions de personnes – contre 60,8 millions en 2013 -, montre un réel intérêt de la part de la population européenne pour les compétitions.

L’Euro aura un réel bienfait : la couverture médiatique progresse certes, avec tous les signaux au vert en termes d’audience et de progression d’audience et de diffusion, mais la compétition en soi a permis de rappeler que le football pratiqué par les femmes était en plein expansion et en pleine période charnière, avec des nations mineures capables de chahuter les plus gros noms. Ainsi, les cartes sont rebattues et les pronostics deviennent d’autant plus excitants. Finalement, l’engouement pour le football féminin est indéniable et si certaines audiences chutent pour les plus grands rendez-vous, comme la finale de l’UWCL et de la Coupe de France, on peut pointer du doigt le calendrier improbable de ces rencontres – et les litres d’eau déversés, mais c’est une autre histoire.

Demain, c’est aujourd’hui

A un an de France 2019, quel état des lieux ? La prudence est de mise : après avoir annoncé en fanfare avoir acquis les droits de diffusion de l’ensemble de la compétition, le groupe TF1 a rétropédalé en sous-licensiant les droits à Canal +. Ce qui veut dire que 25 des plus grandes affiches – grosso modo la moitié de la compétition – seront présentées en clair et le reste des matches seront disponibles sur Canal +. Donc aux abonnés. Génial.

Prudence est de mise quand on sait que ces deux groupes sont en perte de vitesse. Les démenées de Bolloré affaiblissant Canal avec la perte d’un million d’abonnés depuis son arrivée à la tête du groupe, et TF1 qui, en dépit de la multiplication des chaînes et des émissions, a perdu un point de part d’audience en 2017 et est en pleine bataille avec les fournisseurs d’accès.

Fort heureusement, la médiatisation de la Coupe du Monde ne passe pas uniquement par les médias domestiques. La BBC au Royaume-Uni diffusera les matches et couvrira la compétition, en accord avec sa politique actuelle de médiatisation du sport féminin. Et la Fox s’occupera à nouveau de la diffusion aux US, avec potentiellement le même coup de communication autour de l’équipe nationale.

(avant qu’on dise qu’il n’y a que les Américaines mises en avant dans mes articles, regardez bien ce spot de Fox Sport, et pétitionnez pour que les Bleues aient le même)

L’effort devra également venir des villes organisatrices, en coopération avec le LOC, avec une moyenne de places potentielle de 33134 places par match, la plus modeste capacité revenant au Stade des Alpes et la plus importante au Groupama Stadium. Des régions fortes en matière de présence footballistiques ont été choisies, ce qui poussera potentiellement l’engouement local. Enfin, le prestige de la D1F et la réussite française et lyonnaise en Champions League sont aussi des plateformes cruciales pour attirer les fans étrangers, notamment avec le recrutement d’internationales étrangères.

Enfin, lorsque l’on aborde le sport au féminin, il ne faut pas oublier toutes les initiatives et savoir saisir l’occasion : c’est en ça que la capitalisation sur les équipes et le sport, qu’elles soient pro ou amateurs, va devenir un enjeu crucial, au-delà de la compétition. Comment mettre en avant les clubs, les projets, la façon de former les jeunes filles à la fois sur comme en-dehors du terrain, leur assurer de la visibilité et mettre des coups de projecteurs sur ces projets, voilà le véritable enjeu. Qu’on se le dise, en dépit d’un triple titre et un appel de Barack Obama, les américaines ne sont pas parvenues à capitaliser sur leur équipe, on le voit bien avec leurs confrontations successives face à leur fédération, elles qui sont vues comme des pionnières. Les choses avancent, on l’a vu avec la Norvège, l’Islande ou encore les Pays-Bas, en matière d’égalité. Ce serait bête de passer à côté d’une occasion en or comme celle de la Coupe du Monde. Le rendez-vous est pris.

 

PS : merci aux services concernés de bien vouloir prévoir assez de goodies pour tout le monde.

 

Crédits images : FIFA; Maja Hitij/Getty Images;

1 commentaire

  • Salut,

    J’ai hâte que de voir les matchs ! Les Américaines seront très difficiles à battre. Je les ai vues jouer et j’ai été impressionnée par leur performance. En tant que passionnée du ballon rond, j’aime voir du beau football. Penses-tu que l’équipe féminine française à ses chances ? Rendez-vous dans un an.

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