Comment prévenir les violences sur un terrain

Ces dernières semaines, la division 2 de football féminin a fait parler d’elle. Mais pas pour les bonnes raisons. Lors d’un match entre Rouen et Bordeaux, une bagarre a éclaté. Au-delà du constat, Foot d’Elle a cherché les moyens de prévention de cette violence sur les terrains de football. Comment les clubs parviennent à faire évoluer les mentalités des joueuses et joueurs de demain ?

 

 

 

En février dernier, les images de cette bagarre, lors d’un match de Division 2, entre Maude Perchey (Rouen) et Eva Sumo (Girondins de Bordeaux), ont fait le tour de la toile. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait sur un terrain de football féminin. « On ne peut que déplorer ces comportements négatifs et il y en aura toujours. Il ne faut pas les monter en épingle car ils ne sont pas représentatifs mais il ne s’agit pas pour autant de minimiser ce qui s’est passé », insiste Nathalie du Boy de la Tour, déléguée générale du Fondaction du Football. Les deux joueuses ont présenté leurs excuses sur le site officiel de leur club et ont respectivement écopé de sept et six matches de suspension.

Combattre les mauvais comportements

Effectivement, le football féminin a plutôt bonne réputation en général. Celle d’une discipline où le fair-play et les bons comportements dominent. S’il ne s’agit pas de faire de généralité, il est nécessaire de comprendre pourquoi et comment des clubs, à leur échelon, tentent de prévenir ce genre de comportements. La première fois que des violences avaient surgi au haut niveau de manière notable c’était en 2007, déjà en D2. Suite à une rencontre très houleuse entre le Celtic Marseille et la VGA Saint-Maur, une bagarre avait éclaté à la gare de la cité phocéenne. Pour prévenir ces comportements, depuis 2008, le Fondaction du football (auparavant Fondation du Football) s’applique à restaurer une vision citoyenne du sport français le plus populaire et récompense les meilleures intiatives à travers les Trophées Philippe Séguin.

 
Aujourd’hui, plus de 5 000 écoles de foot mettent en place le système « Respect tout terrrain ». « A chaque entraînement, l’éducateur prend 5-10 min pour passer un message sur les valeurs du foot avec un côté toujours un peu ludique et qui fasse réfléchir les jeunes sur leur comportement ». Et avec des résultats : « 80% des clubs nous ont dit pouvoir mesurer les améliorations des comportements chez les jeunes (6-13 ans) qui souvent ne connaissent pas bien les lois du jeu. Nous on le voit avec une baisse des cartons rouges et une baisse des amendes ». D’autres clubs tentent de trouver des concepts innovants, comme le FC Cheylarois (Ardèche) qui, pour combattre les mauvais comportements de ses jeunes joueurs, a créé des groupes de parole avec les 7-11 ans pour définir le fair-play lors d’un tournoi de futsal. De là, des banderoles ont été réalisées par les enfants et une charte du supporter a été rédigée. Ce type de charte (comme la charte de l’esprit sportif à Guyancourt dans les Yvelines), beaucoup de clubs la mettent en avant notamment sur leur site Internet. Mais, dans les faits, lorsqu’une jeune s’sincrit dans leur structure, elle n’est que très peu mentionnée ou rappelée. C’est peut-être aussi de là que tout part.

 
Responsabiliser les enfants

Quand Eric Dando, éducateur spécialisé, a commencé à intervenir au sein de la section sportive du collège Saint-Exupéry de Villiers-Le-Bel en 2011, les problèmes de comportement des jeunes footballeuses du club de Domont inscrites dans l’établissement étaient nombreux. « Au début c’était très compliqué, cela n’allait plus du tout. A chaque entrainement, à chaque match, il y avait un problème… » Pour anticiper ces réactions, Eric Dando se base sur l’expérience de ses jeunes joueuses, l’actualité (le cas de l’affaire Aurier), et des mises en situation afin de définir « tout ce qui peut amener à la violence et voir comment réagir ». Et quand la violence éclate, « on joue beaucoup sur la responsabilité et la gestion du conflit, en nommant notamment des grandes sœurs » lors des matches.

Au cours d’une rencontre, les éducateurs du club ont mis en place des processus lorsque la moindre tension survient. « Dès que l’on sent un conflit naître, on sort les jeunes filles du terrain et on fait en sorte qu’elles discutent entre elles avec la présence d’un adulte. On insiste bien sur le fait que cela ne reste que du sport. Ensuite elles retournent sur le terrain, et à la fin de la rencontre on finit par un goûter pour détendre l’atmosphère. Elles apprennent à se connaître, et là, il y a moins de problème ». Désormais, les incidents ont diminué de moitié sur le pré. « On a noté une évolution positive des comportements qui rejaillit sur les bulletins de note et parfois en classe. La violence envers les professeurs a diminué », confie l’éducateur. Le message semble passer à l’endroit des joueuses de demain. Dommage que certaines d’aujourd’hui l’oublient par moments par énervement.

 

 

Crédit photo : fff.fr

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