Christophe Benmaza (Nantes Saint-Herblain) : « Nous devons passer un cap »

Actuellement 6e au classement, le club de Loire-Atlantique ne manque pas d’ambition pour les prochaines saisons. Zoom sur Nantes Saint-Herblain grâce au regard de son entraîneur et responsable technique Christophe Benmaza.

 

 

 

A huit journées de la fin, cette 6e place est-elle satisfaisante pour le club ?

 

Elle n’est pas satisfaisante parce que elle ne reflète pas le travail et le potentiel du groupe. Après, objectivement, cette place est logique au vu de l’hiver que nous avons passé et de ce que nous avons proposé sur le terrain. Il faut néanmoins relativiser, c’est une place dans une poule qui n’est pas la même que l’an dernier. L’objectif affiché était d’obtenir une douzaine de victoires. Nous sommes à la moitié et il reste 8 matches, cela va être très dur de tenir et d’atteindre cet objectif, mais c’est encore faisable. 

 

Quel regard portes-tu sur la saison de Nantes Saint-Herblain ?

 

C’est une grosse saison pour la D2 et le football féminin vu le niveau de la poule, qui est monté de deux crans pour moi cet été. Je vois des joueuses plus concernées, d’un meilleur niveau. Je vois également des clubs plus structurés et une D2 qui prend donc toute l’importance qui est la sienne. Je pense que le groupe B est le groupe le plus difficile des trois en D2. En début de saison il y avait 5 à 7 équipes qui postulaient au podium. C’est un groupe très disputé avec des surprises tous les week-ends. En ce qui concerne l’équipe, nous ne faisons pas une grosse saison par rapport à ce que nous souhaitions au départ, surtout d’un point de vue comptable. Nous vivotons et trouvons régulièrement nos limites. C’est sans parler d’une période hivernale très mal négociée et ce, dans tous les secteurs. Notre série de défaites depuis Blanquefort nous a fait beaucoup de mal. Malgré tout, je suis persuadé que c’est une saison qui va se révéler très riche en enseignements. Très prolifique. On le voit sur le terrain, le contenu est inconstant, mais en progression et de nouveaux potentiels s’affirment, l’équipe prend une autre dimension. Le plus important, c’est que cette saison aura surtout permis de mettre en lumière pas mal de choses. C’était une saison nécessaire pour nous et qui nous servira beaucoup j’en suis sûr. Je suis encore l’un des seul à le penser mais dans quelques temps, on pourra dire que c’est une bonne saison, pas au niveau sportif mais dans la progression, la structuration du club, et l’expérience emmagasinée par tous les acteurs du NSH.

 

 

 

 

Pour le moment, votre équipe semble plus à l’aise à l’extérieur qu’à domicile. Comment l’expliquer ?

 

Peut-être que nous sommes plus concernés les dimanches où nous allons jouer à l’extérieur. Les filles considèrent sans doute que le rôle à jouer n’est pas le même qu’à domicile. L’environnement est diffèrent aussi. Nous n’avons pas excellé à domicile en chutant contre La Roche, ou contre Angers dernièrement. Je ne vois pas de différences notables sur ce que nous proposons, mais nous sommes capables du meilleur comme du pire, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Ce qui est sûr c’est qu’à l’extérieur, j’ai un groupe un peu plus réceptif et une atmosphère de travail un peu plus saine .

 

Depuis quelques saisons Nantes Saint-Herblain oscille entre la 3e (une fois) et la 5-6e place. Selon vous, que manque-t-il pour viser un meilleur classement ?

 

Ce sont les petits détails dont je parle souvent, nos limites. Des petits détails qui font le haut niveau, et la mentalité essentiellement. A partir du moment où tu veux faire du haut niveau, tous les secteurs du club doivent aussi être à un haut niveau. En terme de rigueur et de professionnalisme, Saint-Herblain doit passer un cap. Nous avons commencé un travail de fond et de structuration du club il y a 2 ans maintenant, mais nous sommes encore loin de l’avoir fini. Il nous faut absolument renforcer la structure. A un moment, nous étions un club au service des joueuses… Une partie d’entre elles venaient trouver au foot du loisir, de la détente, elles venaient plutôt consommer. Pour passer un cap, nous faisons en sorte d’inverser la tendance et d’avoir des joueuses au service du club, au service d’un projet. Nous parlons surtout de profils, avec des filles concernées et investies. Nous cherchons donc à développer une vraie dynamique et une identité club… Question d’habitudes et d’uniformité surtout. Nous avons eu un trou de presque deux mois. Plus solides et structurés, bien armés, nous n’aurions jamais eu ce passage à vide. Nous devons nous doter de plus de moyens, surtout humains, pour nous permettre une meilleure gestion à l’avenir et à tous les niveaux.

 

 

 

 

Le fait d’avoir accolé Nantes à Saint-Herblain est-il synonyme de volonté de faire un grand club en Loire-Atlantique à défaut d’une fusion avec le FC Nantes ?

 

Bien sûr, c’est l’essence même du projet. Nous voulons faire d’abord un grand club et ensuite une grosse équipe… Ce ne sera que la finalité logique. Ouvrir les portes au foot féminin nantais, pouvoir unifier les discours et rassembler les forces sur la métropole, c’était essentiel pour nous. Le club s’est doté d’une politique de formation qui commence à être très cohérente et très efficace. Nous en voyons les premiers résultats en comptant 2-3 générations de jeunes filles qui répondent parfaitement au projet. Nous tachons de leur offrir un outil de travail efficace en proposant un projet sportif qui ne va atténuer ni leur projet de vie, ni leur projet scolaire. Au contraire, il devrait même les renforcer. Bien sûr que nous avons encore du travail, mais cela prend forme et il faut s’en satisfaire, c’est la partie la plus gratifiante du travail, la seule énergie qui nous pousse à continuer. De son côté, la ville de Nantes ne joue pas encore un grand rôle. Nous savons que le soutien d’une ville comme celle-ci est essentiel, elle offre des moyens supplémentaires et juste nécessaires. Il faut que nous apprenions à les utiliser. Nous sommes en train de grandir petit à petit et d’apprendre, c’est vrai également vis-à-vis des institutions. La ville de Nantes ne s’intéresse pas spontanément aux clubs comme le nôtre, mais les clubs ne savent peut-être pas solliciter ou utiliser comme il faut la municipalité. Cela fait partie des étapes du projet. Quand je dis que la saison sera forcément bonne, c’est que cette année, nous n’avons pas reculé, et rien perdu. Notre bagage général, qu’il soit technique, financier ou autre, et surtout notre image continuent à s’enrichir jour après jour. Je reste confiant. Il faut simplement garder en tête que le projet n’est viable qu’a long terme… Lorsque tu sais où tu vas, tu ne peux pas te tromper de chemin.

 

Vous n’êtes concernés ni pour la montée, ni pour la descente, comment allez-vous gérer la fin de saison ?

 

La fin de saison est encore et toujours liée au projet. Ce n’est pas simple, surtout avec un calendrier qui est parsemé. C’est une gestion différente à mettre en place. Quand tu passes les fêtes de Noël dans ces conditions et que tu arrives au soir du 5 janvier sans plus rien à jouer, c’est forcément difficile de faire comprendre à tous qu’il y a toujours du travail. Nous avons une image sportive à affirmer, c’est un devoir, on doit performer et avoir un minimum de résultats jusqu’à la fin de saison, mais maintenant le Championnat sert de base de travail principalement. Si nous avions été sur le podium, certains choix auraient été orientés pour le résultat. Aujourd’hui, je suis plus détaché vis-à-vis de ça. Cela nous enlève de la pression aussi. Pourquoi ne pas dire que c’est un mal pour un bien ? Tout est une question de point de vue. Avec un peu de recul, je considère maintenant qu’on a un tel besoin d’organisation et d’expérience, une telle nécessité de professionnalisation au club, que travailler sans précipitation est la meilleure des choses actuellement. Le club s’était donné un objectif important pour son équipe fanion… Il est toujours valable, mais à plus long terme. Au lieu de tout faire pour y arriver, nous allons surtout tout faire pour durer, le jour où nous y arriverons… Encore une question de discours, de fidélité et d’uniformité.

 

 

 

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Crédits photo : NSH

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