Brigitte Henriques, vice-présidente engagée

Alors que l’équipe de Noël Le Graët a été réélue pour un nouveau mandat à la tête de la FFF, Brigitte Henriques a été nommée vice-présidente. Stratégie, bilans, évolution depuis son arrivée en 2011, audiences et développement médiatique à moins de deux ans de la Coupe du Monde… Entretien.

 

 

Lorsque vous arrivez le matin à la Fédération, le regard de vos collègues à la machine à café est-il le même aujourd’hui que lors de votre arrivée en 2011 ?

B.H : << Depuis six ans, il n’y a pas un jour où je n’arrive pas avec le sourire et l’envie de relever des défis. Je suis installée dans de très bonnes conditions de travail, je suis consciente de la chance que j’aie. Ce regard n’a pas changé, tout simplement parce que je suis toujours restée moi-même. Nous avons plutôt bien réussi à instaurer la pratique du football féminin dans la culture. C’est la plus belle victoire de ces six dernières années. Les choses ont évolué, c’est une grande satisfaction. Je voulais que chaque direction interne à la fédération intègre le public féminin. Pour moi, la mixité représente un homme et une femme qui, par leurs différences, finissent par optimiser le fonctionnement d’une structure. Ma vision de la mixité est de laisser chacun s’ouvrir.

 

Quelle stratégie allez-vous adopter pour ce mandat à la Fédération Française de Football ? Qu’est-ce qui va être mis en place ?

Auparavant, j’étais secrétaire générale de la FFF, et j’avais pour mission d’assurer le lien entre le comité de direction et le Président Noël Le Graët. Je m’étais occupée du bilan à la fin de notre premier mandat et j’avais participé à la campagne qui nous a menés à ce nouveau mandat à la tête de la fédération. J’ai été nommée vice-présidente, et je suis aujourd’hui chargée de représenter notamment Monsieur Le Graët. Je suis amenée à regarder tous les dossiers de près, alors que j’étais, jusqu’à présent, centrée principalement sur le plan de féminisation. Notre programme « Ambition 2020 » s’articule autour de plusieurs axes. Nous voulons continuer à développer la pratique du football chez les jeunes filles, particulièrement dans les catégories U18 et U19. Nous avions réfléchi à développer la pratique « loisirs » par le passé, et nous voulons le relancer. La généralisation du sport « loisir » fait partie des thématiques qui nous tiennent à cœur. La compétitivité à tous les niveaux est notre seconde ambition (gagner et performer à la fois avec les professionnelles, mais aussi avec les sélections jeunes). Dans cette perspective, nous avons un gros chantier sur la structuration des clubs (renforcement des bénévoles, dotations matérielles, etc.), quels qu’ils soient. Je me réjouis que le fait de voir des femmes pratiquer le sport de haut niveau, et notamment le football, soit entré dans les mœurs. Nous sommes aujourd’hui à un record historique de 130 000 licenciées.

 

Que pensez-vous de l’engouement grandissant du public pour le football au féminin ?

C’est tout simplement extraordinaire, ça me fait vibrer. A mon époque, personne n’aurait présagé un tel avenir pour la discipline. Quand je vois l’hommage reçu par Camille Abily lors de son dernier match avec l’équipe de France, ou encore l’engouement suscité par les joueuses sur le terrain (comme sur les réseaux sociaux), je me dis qu’il y a eu une vraie avancée. J’ai la chance d’être au cœur de ce développement, avec les moyens qui me sont donnés par Noël Le Graët et la Fédération. Nous allons continuer à aller de l’avant.

 

Les audiences vous satisfont-elles ?

L’augmentation est significative. 3.5 millions de personnes ont suivi l’Euro, les parts de marché étaient impressionnantes et France Télé, qui diffusait les rencontres, a souvent terminé leader alors que la programmation était de qualité en face. L’équipe de France attire de plus en plus, nous avons hâte de voir l’appel d’offres concernant la D1 féminine, car les diffuseurs se positionnent. Tout le monde est en train de comprendre qu’il y a un marché porteur. Quand je vois TF1 qui a acheté les droits pour plusieurs millions d’euros, alors que cette somme était « seulement » de 800 000 euros en 2015, c’est très positif. La qualité des matches proposés par le groupe France Télévisions cet été m’a rendue positive. Nous avions du contenu, des avant-matches, des débriefings intéressants… Les médias ont compris qu’il y avait un marché derrière.

 

 

<< Nous voulons continuer à développer la pratique du football chez les jeunes filles, particulièrement dans les catégories U18 et U19. >>

 

 

Que répondez-vous aux observateurs qui affirment aujourd’hui que le football au féminin commence à prendre les mauvais côtés du foot masculin ?

Je ne le vois pas forcément de cette manière-là. Je vais vous parler du regard que nous avons pu avoir sur le dernier Euro féminin, qui a été très douloureux. J’ai eu la chance d’être avec le staff de l’équipe de France, et j’ai pu constater tout le travail réalisé par l’équipe et le coach. Malgré tout ça, vous arrivez au premier match de la compétition et aucun voyant n’est au vert. Nous avons vu, sur cette compétition, un autre visage du jeu pour l’ensemble des équipes. Les grosses formations se sont fait sortir (France, Allemagne, Suède). Globalement, les équipes ont progressé considérablement sur le plan athlétique. Tactiquement, ça progresse aussi. L’évolution est positive. Tout le travail de Corinne Diacre à la tête de l’équipe de France va consister à trouver des solutions en produisant un jeu en adéquation avec l’évolution des autres équipes.

 

Que pensez-vous d’un club comme Soyaux, qui se maintient depuis de nombreuses années en D1, parvienne à accrocher une machine comme le Paris Saint-Germain lors de la première journée (1-1) ?

J’y ai joué donc je peux vous en parler, comme Corinne Diacre d’ailleurs (rires) ! C’est la magie du sport, tout se joue sur le terrain. A la fédération, nous accompagnons les clubs sur leur structuration. Nous essayons de favoriser l’intégration professionnelle des joueuses dans leurs entreprises (pour celles qui ne sont pas professionnelles). Elles vont alors avoir un aménagement horaire qui va permettre cette double-activité, car il faut savoir qu’aujourd’hui, quasiment aucun club (excepté Lyon et Paris) ne propose des statuts totalement professionnels aux joueuses. Nous travaillons avec l’ensemble des clubs amateurs. Je suis très optimiste sur le fait que nous puissions continuer ce « mix » entre des équipes totalement professionnelles et des formations amatrices.

 

Le Mondial U20 prévu l’année prochaine en Bretagne va-t-il vous servir de « rampe de lancement » pour la Coupe du Monde 2019 à venir ?

Nous avons la volonté de traiter les deux événements de façon similaire. C’est pourquoi nous avons décidé de centraliser les matches dans une région (en l’occurrence la Bretagne), afin de pouvoir remplir des stades avec des jauges plus petites. Nous l’avons vu lors des dernières compétitions, l’affluence n’était pas forcément au rendez-vous. Nous nous sommes dits : « choisissons une région qui soit une terre de foot, et facilitons l’organisation des équipes en prévoyant le moins de déplacements pour les joueuses ». Je pense que cela va être une très belle Coupe du Monde, car nous connaissons le potentiel de l’équipe dirigée par Gilles Eyquem. Cela va être une rampe de lancement car nous avons une très bonne équipe, et l’événement sera beau.

 

Êtes-vous prêts pour 2019 ?

Très sincèrement, nous avons eu un petit moment de flottement à l’heure du changement de gouvernance de la FIFA, mais les choses sont désormais complètement en place. Cependant, dès l’annonce de l’attribution de la compétition à la France, nous nous sommes mis à travailler dessus. Notre vision politique est la suivante : la Coupe du Monde ne sera réussie uniquement si les stades sont remplis, si la performance de notre équipe nationale est là, mais également si nous avons un héritage tangible et des retombées économiques en adéquation avec celles que nous attendons. Personnellement, je me suis demandée comment il fallait faire pour remplir les stades même lorsqu’il n’y aura pas une affiche entre deux grandes nations. Je me suis dit qu’il fallait emmener les acteurs politiques locaux avec nous, afin qu’ils mobilisent leurs populations très tôt. Il faut considérer que 2019 va être un véritable levier pour chaque territoire. >>

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