Bordeaux, un très bon cru

Cinquième du championnat avant le déplacement à Paris, ce week-end, lors de la dixième journée, Bordeaux a réussi à s’assurer, déjà, une saison plus sereine que la dernière. Le fruit d’une stratégie pérenne et d’un travail de fond efficace réalisé par le club.

 

 

 

 

Et si cette semaine, l’attention au sein de l’équipe féminine des Girondins de Bordeaux ne s’était pas plus portée sur une salle d’opération que sur les terrains ? Blague à part, on parie sans trop se mouiller que tout l’effectif bordelais avait une pensée pour la Brésilienne Carol Rodrigues, touchée aux ligaments croisées du genou droit il y a deux semaines, et qui passait sur le billard jeudi, à quelques jours du choc entre ses partenaires et le PSG. « C’était quelqu’un qui avait une vraie influence positive sur le groupe ! Malgré le fait qu’elle soit étrangère, elle amenait une vraie énergie positive dans l’équipe, et ça se répercutait sur l’ensemble de l’effectif, raconte son entraineur, Jérôme Dauba. Quand on a appris sa blessure, tout le groupe a été affecté », précise-t-il.

 

 

« Un groupe très uni et solidaire »

 

Comble du désastre, l’attaquante, auteure de 3 buts en D1 jusqu’alors, s’est blessée à l’entraînement, suite à un contact avec sa gardienne. « C’est un peu compliqué pour elles. Mais c’est une équipe qui ne calcule pas, qui joue, tempère Patrice Lair, le coach du PSG, où se déplace Bordeaux ce week-end. Elles ont pris quelques pions à Montpellier (le 19 novembre dernier, défaite 4-1, NDLR), mais on va se méfier parce qu’on n’a pas le droit à l’erreur », rappelle-t-il. Avec raison d’ailleurs, car Bordeaux n’a pas brillé que par sa Sud-Américaine cette saison. « C’est notre état d’esprit qui nous permet de faire ce bon début de saison, parce qu’on a un groupe très uni, très fort et solidaire, où les joueuses s’entendent très bien », résume Jérôme Dauba.

« Ils ont fait un bon recrutement, assez intelligent », estime la future adversaire des Girondines, Eve Perisset, rejoignant de ce fait l’avis de bon nombre d’observateurs. Si le club promu en 2016 a laissé partir près de dix joueuses à l’intersaison, et pas des moindres (Launay dans les cages, mais aussi Hamidouche, Laurent, Sumo et Salomon, pour ne citer qu’elles), il a su compenser par un recrutement intelligent, notamment la Néo-Zélandaise Erin Nayler en remplacement de Launay, Ali Nadjim en attaque ou Solène Barbance dans l’entrejeu. L’arrivée (en prêt), ce jeudi, de l’attaquante Lindsey Thomas, en provenance de Montpellier, pourrait elle aussi se révéler être une bonne pioche. 

 

Une chute d’entrée, puis la montée en puissance

« Elles ne disent rien mais elles font leur petit bonhomme de chemin », conclut l’ancienne Lyonnaise, résumant assez bien la situation d’une équipe qui pointe, après 9 journée, à la 5e place du championnat, avec trois points de moins que sur l’ensemble de la saison passée (13 contre 16). Pourtant l’aventure avait bien mal commencé, en septembre, face à Lille, au terme d’une rencontre marquée par le triplée d’Ouleymata Sarr (0-3) : « C’était le premier match officiel de 80% de l’effectif sous leurs nouvelles couleurs. Ce jour-là il y avait 7 recrues qui avaient été titulaires ! Je pense qu’elle se sont mis un peu de pression, celles de l’an dernier se sont mises la pression aussi, un peu trop, et ça nous a complètement fait déjouer », rapporte Dauba.

Depuis, les Bordelaises affichent un bilan fait de hauts et de bas (4 victoires, 3 défaites et un nul), mais convaincant sur le terrain. Les victoires face à Marseille (1-0), à Albi (3-1) ou Fleury (1-0), ont boosté un groupe jeune (un peu moins de 21 ans de moyenne d’âge). Et les courtes défaites enregistrées contre Lyon (0-2) et le Paris FC (2-3), ont confirmé l’impression de progression laissée par l’équipe girondine. « Ça aurait pu être un très bon début de saison s’il n’y avait pas eu les deux contre-performances face à Rodez (1-1 lors de la 6e journée, NDLR) et Lille », appuie Jérôme Dauba, qui loue l’implication de son équipe à l’entraînement.

L’objectif désormais : Battre un club du Top 4

Et le FCGB ne souhaite pas s’arrêter là, à entendre son coach, qui a déclaré viser désormais une victoire face à l’un des clubs du Top 4. « Face au PFC c’est pas passé loin… c’est ça qui est frustrant !, admet Dauba. J’ai fixé cet objectif pour faire prendre conscience aux joueuses qu’on a changé d’approche et de statut par rapport à l’an dernier. A l’époque on jouait ces équipes-là en sachant qu’on ne pouvait pas rivaliser. Cette année, on pense pouvoir le faire, sans dire non plus qu’on a la prétention de pouvoir les battre. C’est un challenge, ça me permet de leur dire qu’il faut franchir un palier », explique le tacticien.

Celui-ci peut compter sur le soutien de son président Stéphane Martin, qui se dit très satisfait du début de saison du club, à qui les Girondins ont alloué plus de moyens que la saison passée : « On s’installe petit à petit ! La structure s’organise, se rationnalise beaucoup, on a plus de contrats fédéraux que la saison dernière et on continue à accompagner cette équipe. Maintenant on sait qu’il y a des clubs qui ont une antériorité beaucoup plus importante que nous, et des budgets beaucoup plus gros, donc aller chercher la coupe d’Europe ce sera compliqué dans l’immédiat mais au moins je pense que cette année on va passer le stade de la lutte pour le maintien et s’établir comme un club bien ancré en première division. Ce qui est pas mal quand on sait d’où on vient !», s’enthousiasme le successeur de Jean-Louis Triaud, dont le club à repris Blanquefort depuis 2015, seulement.

 

« Un club qui fait du bien à la D1 »

 

Une progression fulgurante, qui tentera de contrarier le géant parisien ce week end au Camp des Loges. « Ce sera un match disputé, mais attention à la vitesse de Nadjma [Ali Nadjim] sur les côtés, prévient Patrice Lair. Ils peuvent nous poser des problèmes. C’est une équipe qui progresse bien. Bordeaux, ça fait partie de ces clubs qui font du bien à la D1, donc tant mieux », rappelle-t-il, en précisant qu’il ne fera pas de cadeaux aux protégées d »Ulrich Ramé (directeur technique du club) et François Brunet (présidente d’honneur de la section féminine) à une semaine d’un déplacement crucial à Lyon.

D’ailleurs, le groupe parisien, des joueuses au coach, ont rappelé qu’ils feront tout pour ne pas laisser les Fenottes prendre leur distance en tête du classement. « On a la motivation de le faire parce que quand on est compétiteurs et qu’on joue face à de telles équipes, on a envie de faire partie de ceux qui les ont battu », décrypte Dauba. Ce serait une première cette saison, et nul doute que cela réchaufferait le cœur de Carol Rodrigues, qui observera le match de ses partenaires depuis son poste de télévision.

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel

Crédits photos : FCGB / capture d’écran Twitter / Twitter FCGB / Vincent Roussel pour Foot d’Elles

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer