Arnaud Simon (DG Eurosport France) : « Marquer une étape supplémentaire »

C’est le lundi 22 septembre prochain que sortira « Femmes 2 Foot », premier magazine télévisé exclusivement dévolu au football féminin. Eurosport, jusqu’à présent diffuseur numéro un de cette discipline, lance un ambitieux talk show qui devrait, à coup sûr, séduire un large panel de téléspectateurs. Entretien avec Arnaud Simon, directeur général d’Eurosport France, qui nous en dit plus sur le lancement de cette émission.

 

 

 

Eurosport va être la première chaîne à consacrer un magazine d’une heure exclusivement dévolu au football féminin. Quand vous êtes-vous dit : « Si on essayait quelque chose d’innovant que personne n’a encore testé » ?

 

« Nous avons une volonté forte de nous positionner sur le sport féminin, et notamment le football, depuis plusieurs années. Cependant, il nous manquait quelque chose, il fallait marquer une étape supplémentaire. Le championnat n’est pas encore prêt à recevoir un match par semaine, ce qui est un objectif à atteindre le plus rapidement possible. Aujourd’hui, il apparaît comme difficile de pouvoir proposer une rencontre par semaine, étant donné les horaires et la programmation des matchs notamment. On veut proposer un spectacle de qualité, c’est notre ambition, et nul doute que les choses devraient se concrétiser d’ici quelques temps. Le processus est en pleine évolution. Lancer un talk-show toutes les semaines, qui serait une sorte de carrefour du football féminin avec un cadrage sur la D1. Revenir sur les rencontres disputées dans ce championnat, avec de l’analyse, essayer aussi de récupérer un certain nombre d’images qui sont faites sur la plupart des rencontres, ce qui est un enjeu peu évident, étant donné que cela est parfois réalisé avec une petite caméra vidéo. On essaie de trouver une solution pour proposer d’autres images ».

 

Il poursuit.

 

« Nous compléterons tout cela avec ce qui fait l’actualité du football féminin en général, la Ligue des Champions, les clubs, les équipes nationales. On est sur une saison qui nous ammène tout de même, rappelons-le, vers une Coupe du Monde au Canada l’année prochaine. Parler football féminin comme on parlerait de football masculin, voilà un des éléments que nous souhaiterions mettre en avant. Pour moi, il n’y a pas de différence. Nous essaierons d’avoir un regard global sur ce qui se fait dans ce sport, c’est-à-dire de montrer comment se passe, par exemple, le championnat en Angleterre. On peut d’ailleurs se permettre, dans une émission, de consacrer une dizaine de minutes à ce sujet (ce sera une de nos particularités). Où en est la Bundesliga féminine ? Comment évolue le championnat Suédois ? En conséquence, un regard complet sur ce qu’il se passe autour de nous dans le développement du football féminin ».

 

Les championnats étrangers seront donc discutés …

 

« On en parlera. Nous serons même parfois en mesure de montrer des images, notamment en Allemagne. Il y aura des reportages sur la ligue des champions à travers notre couverture européenne. Quand je parlais des équipes nationales, je faisais bien sûr allusion à l’équipe A, mais nous discuterons également des équipes jeunes, car nous avons cette volonté de les suivre. On essaiera d’avoir un panorama complet du football féminin, c’est ce qui nous manquait réellement depuis que nous diffusons ce sport sur notre chaîne. Cependant, le socle restera la D1 féminine, le championnat français, dont nous sommes diffuseur officiel et que nous voulons faire grandir, main dans la main, avec la fédération ».

 

 

 

 

Qui seront les différents intervenants au sein des magazines que vous allez proposer ?

 

« Cécile Locatelli, Romain Balland, Candice Prévost, seront les traditionnels présentateurs, comme depuis plusieurs années concernant les sujets sur le football féminin. L’objectif est d’élargir le plus possible en ayant des témoignages de personnes qui ont une certaine expérience, une vraie connaissance du football féminin. Et puis je le dis toujours mais, cette année, nous sommes en mesure de savoir qu’il va y avoir une véritable bagarre entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique lyonnais pour le titre, que Juvisy saura profiter des opportunités si l’occasion venait à se présenter. Il y aura donc des moments de tension, des polémiques, et il est hors de question que le talk show ne soit qu’une version aseptisée de ce qu’est le football féminin. Il faut se calquer, avec forcément des valeurs différentes, sur ce qui se fait actuellement dans le football masculin en général. Il pourra y avoir des polémiques, nous pourrons parler des nouvelles stars du championnat, est-ce qu’elles sont efficaces, pas efficaces. Vous savez, la D1 féminine est une division qui a finalement peu l’habitude qu’on parle d’elle de façon régulière ».

 

Cela veut dire que vous ne ferez donc pas de différence avec un traitement que l’on pourrait trouver dans le football masculin ?

 

« Effectivement. Vous savez, à certains moments, il y aura peut-être des frottements, car on va soulever de vraies problématiques : des équipes décevantes, un coaching défectueux, etc. Si l’équipe nationale a aujourd’hui pris l’habitude d’être scrutée, analysée, encensée ou même critiquée, la D1 féminine n’a pas encore pris ce pli là. Il apparaît important, et toujours avec un oeil bienveillant (cela va s’en dire, car nous avons toujours la volonté de développer cette discipline), de faire quelque chose qui ne soit pas complètement lice. L’objectif n’est pas de réaliser un magazine dans lequel on dirait, à longueur de temps, « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », pas question. Pour tout vous dire, ça va secouer aussi, il va se passer des choses en tous cas ».

 

Si le concept continuait à évoluer de façon positive, envisagez-vous de parler de la D2 féminine ?

 

« Nous allons déjà le faire cette saison, mais sous un angle « coup de projecteur » en quelque sorte. Par exemple, concernant l’équipe de Marseille, il sera intéressant de se dire finalement où en sont les formations adossées à de grandes marques de football masculin. On aura un regard particulier sur cette division. Au-delà de ça, il faut tout de même être réalistes. Nous sommes là pour faire un talk show qui intéresse au maximum, qui soit vivant, avec un enjeu sportif fort. Je dirai que nous parlerons de la D2 féminine plus à travers l’angle d’un club que l’on veut faire découvrir pour de nombreuses raisons. Je ne pense pas que nous aurons un revêtement régulier sur le sujet. Nous nous attaquons à la D1, c’est déjà un enjeu et un challenge important pour l’instant ».

 

 

 

 

Quels seront vos objectifs en terme d’audiences cette saison ?

 

« Très honnêtement, nous ne nous sommes pas fixés de véritable objectif d’audience. C’est trop neuf pour le savoir. Programmer cette émission le lundi nous paraissait assez évident, de façon à avoir un recul assez important pour pouvoir faire un tour complet de ce qu’il s’est passé le week-end. C’est aussi la soirée phare de la chaîne, étant donné que le talk show arrivera juste après le grand match de ligue 2. Si nous lançons cette émission le 22 septembre prochain, c’est parce que nous estimons qu’elle est en parfaite adéquation avec notre engagement sur le football féminin. Ce dernier a du sens par rapport à ce que nos abonnés attendent de nous. Prévoir les audiences sur ce magazine, je ne saurai pas vous dire. Je pense que c’est une construction qui prendra du temps, très probablement, et c’est un talk qui montera en puissance en fonction du scénario que vont nous proposer les clubs cette année.

 

C’est bien de lancer cette émission une année de Coupe du Monde, car il y aura beaucoup de choses à dire sur les championnes françaises, l’équipe nationale, mais aussi sur les autres formations, car on garde toujours cette culture internationale. Et puis soyons optimistes, si les Bleues réalisent un beau parcours au Canada, cela ne pourra être que bénéfique pour la D1, et pour cette émission qui vivra sa deuxième saison. Prenons notre temps, essayons de faire un talk qui soit de qualité et qui plaise à toutes celles et ceux qui aiment le football féminin ».

 

Voyez-vous que les audiences décollent depuis les débuts du football féminin à la télévision ?

 

« C’est en progression, effectivement. L’audience dépend véritablement du match que l’on programme. Il y a encore de gros écarts entre certaines équipes sur la D1 féminine, et il est très clair qu’un OL-Juvisy ou encore un PSG-OL va rassembler plus de monde qu’une rencontre de milieu de tableau, par exemple. Cependant, on se doit de diffuser tous les types de rencontres, car comme je vous le disais précédemment, la construction passe par là. Nous sommes sur des audiences prometteuses, mais qui ont tendance à rester encore un peu fragiles. C’est un vrai engagement sur le football féminin français, en collaboration avec la Fédération, notamment sur le fait d’avoir des stades de qualité, de façon à pouvoir garantir un spectacle total à la télévision. Pour revenir sur l’exemple de tout à l’heure concernant la Coupe du Monde, une Equipe de France qui performe pourrait être un élément déclencheur qui ferait grimper les audiences si les Bleues venaient à réaliser un parcours spectaculaire. Encore une fois, l’audience à proprement parler, dépend principalement des enjeux et des résultats qu’il peut y avoir sur telle ou telle rencontre ».

 

Avez-vous pour ambition de devenir le « Canal Football Club » du foot féminin sur Eurosport ?

 

« D’abord, quel que soit ce que feront les autres à l’avenir, on aura été les premiers, c’est important de la souligner. La D1 féminine faisait parti du partenariat que nous avons avec la Fédération Française de Football. Chaque émission détient son propre style, sa patte, ses moyens. Le Canal Football Club est une belle réussite, c’est une grosse machine, il faut savoir adapter l’émission avec la plus grande exigence possible par rapport au produit que l’on veut montrer. Par exemple, en ligue 1, les matchs sont filmés à l’aide de quatorze voire quinze caméras, avec un standard très haut. Nous n’en sommes, pour l’heure, pas encore à ce niveau sur le Championnat de France féminin. Au fur et à mesure que d’autres rencontres seront produites, on sera peut-être capables de montrer plus d’images et faire plus de décryptage. Après, que l’on soit la chaîne phare et de référence sur le football féminin, je vous dis oui tout de suite, car tel est le cas aujourd’hui et c’est un véritable engagement de notre part ». 

 

 

Crédits photos : cdusport.com, EPL, Eurosport.

 

Suivre Benjamin Roux sur Twitter

 

blender bitcoin bitcoin mixer bitcoin blender blender io cryptomixer