Alice Pinguet, 14 ans, gardienne espoir du foot français

Alice Pinguet a 14 ans, et près de 10 ans de foot derrière elle. Gardienne quasiment depuis ses débuts, elle est aujourd’hui dans le viseur de plusieurs grands clubs français. Seule fille dans une équipe masculine au Nevers Foot, elle progresse pas à pas, avec une idée : devenir professionnelle.

 

 

 

 

Quand on la rencontre, Alice Pinguet est attablée devant des pâtes, du jambon et de la salade. Un vrai menu de sportive avant d’aller jouer un de ses derniers matches de la saison avec son équipe de Nevers Foot. Gardienne attitrée des U14 garçons, elle a gagné sa place « sur le terrain » affirme son entraîneur, l’ancien joueur professionnel Christophe Abran. En compétition en début de saison avec un autre gardien, elle a su faire ses preuves et s’imposer dans son équipe. Pas forcément facile quand on est une fille de 14 ans.

Mais Alice Pinguet a de la ressource… et de l’ambition. Après huit ans de foot à Coulanges, le club juste à côté de chez elle, elle a rejoint Nevers foot en septembre dernier pour « progresser plus vite », et rejoindre le niveau Ligue. « J’ai commencé le foot à 5 ans, et après une saison on m’a mise au goal car il n’y avait personne. Ça m’a plu, j’y suis restée », résume la demoiselle. Après quelques années à cumuler foot et natation, elle laisse la piscine à sa sœur, et reste sur le terrain. Fan des Verts comme son père, pour le championnat masculin, et des Lyonnaises chez les filles (sic!), elle remplit chaque année un peu plus sa chambre de trophées. Le dernier en date ? La médaille d’or remporté fin mai avec le Paris Saint-Germain. Car Alice Pinguet est depuis plusieurs mois suivie par de grands clubs. L’Olympique lyonnais est venu la voir jouer à plusieurs reprises, puis le PSG, le DFCO (Dijon), et quelques autres encore.

 

« On a un petit œil sur elle », avoue Guillaume Lemire, le préparateur des gardiennes du PSG. « Elle sent le football et le rôle de gardien de but : elle a certains atouts qui sont intéressants à son âge ». Du haut de ses 1m68 (et elle jure que ce n’est pas fini), elle a une « présence et une prestance » apprécie Lemire. Pour son entraîneur de Nevers, Christophe Abran, « elle est très forte sur sa ligne et a une intelligence sur le terrain » alors qu’il le reconnaît, une fille dans une équipe d’ados, cela aurait pu être compliqué. Il a cadré les choses dès le début. Elle a fait le reste.

 

 

Alice Pinguet avec son père et son coach

 Alice entourée de son père (à g.) et de son entraîneur à Nevers Christophe Abran (à dr.)

 

« Je préfère jouer avec les garçons, avec les filles, c’est mou »

Alice a même été élue meilleure gardienne du Lennart Johansson Academy trophy, le tournoi international de jeunes, en Suède, auquel elle a participé dans les buts du PSG fin mai. « J’avais fait une détection à Paris il y a quelques mois, et ils m’ont rappelée pour le tournoi, j’étais super contente, et le trophée était super grand ! », raconte-t-elle encore impressionnée. « On était à 0-0 dans le temps réglementaire, et après, j’ai arrêté 3 tirs au but sur 4 », décrit-elle. « Elle a bien poussé sur ses jambes », complète son père, qui a regardé le match retransmis sur une chaîne suédoise, avec d’autres membres de la famille et du Nevers Foot à la maison. « Je ne suis pas pour le PSG, mais j’étais fière de représenter une grande équipe », avoue Alice.

 

Un seul CFA pour les filles

Malgré son enthousiasme, elle ne rêve pas de rejoindre un de ces grands clubs immédiatement. « On va demander une dérogation pour qu’elle reste jouer un an de plus en U15 avec les garçons de Nevers l’an prochain », explique son père, son premier fan qui l’a poussée petite à prendre sa licence. « Je préfère jouer avec les garçons », avoue Alice, « avec les filles c’est mou ici, mais au tournoi ça allait » ! Christophe Abran et Michel Pinguet, le papa, préfèrent aussi la garder dans son environnement. Le départ de la maison pour Lyon, Dijon ou Paris risque d’être assez difficile comme ça l’année prochaine, à 15 ans. « Le physique et le mental peuvent changer à cet âge là, pour moi ça ne sert à rien de la faire partir avant 15 ans, et elle peut encore progresser dans son club », conseille aussi Guillaume Lemire, pour qui elle est pourtant « un espoir du foot français ». « Il y en a plein d’autres », nuance-t-il quand même après avoir vanté ses mérites.

Mais la formation des jeunes footballeuses est encore en développement en France. Seul l’Olympique lyonnais a son centre de formation. Paris y pense pour les années à venir, comme de nombreux clubs en France. La Coupe du monde 2019 et l’obligation d’avoir une équipe féminine dans les clubs professionnels pourraient encourager ces derniers à se saisir de la formation des jeunes joueuses. Pour le reste les footballeuses ont le choix entre rester en club, ou rejoindre un des pôles espoirs féminins de la Fédération. Mais ces pôles n’assurent que les entraînements (même si des rencontres inter-pôles ont lieu), et les filles rejoignent chacune leurs clubs respectifs pour les matchs de championnat le week-end.

Pour Alice, le choix dépendra de sa prochaine saison, mais elle l’assure. « Dans ma classe (où elle est aussi douée que sur le terrain), les gens savent que je veux être footballeuse ! »

                                                                 

 

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