Algarve – épilogue : l’autoroute allemande

L’Allemagne a remporté ce mercredi 12 mars son 3e tournoi de l’Algarve, au bout d’une finale dominée de bout en bout face à des championnes du monde japonaises bien décevantes (3-0). L’Islande prend la 3e place au détriment de la Suède, et les États-Unis terminent à une inhabituelle 7e.

 

 

 

L’Allemagne encore l’Allemagne

 

L’incertitude n’aura régné qu’une mi-temps. Et encore… La Mannschaft était bien trop forte dans tous les compartiments du jeu, et on voit mal qui pourrait arrêter aujourd‘hui cette machine parfaitement huilée. En tout cas, pas les Nadeshiko qui auront bien essayé pendant une grosse demi-heure avant de céder de plus en plus de terrain, puis de sombrer totalement en seconde période…

 

Il fallut attendre la 25e minute pour déguster la première action dangereuse. Fatmire Alushi mettait dans le vent la Montpelliéraine Rumi Utsgi, titularisée arrière gauche, et centrait devant le but. Iwashimizu dégageait en catastrophe… Deux minutes plus tard, la seule et unique occasion japonaise répondait à cette première tentative allemande. Nahomi Kawasumi, décalée dans la surface côté droit, envoyait un bon tir que Schult (préférée à Angerer dans les buts) ne pouvait que dévier vers sa ligne. Josefine Henning se jetait alors, offrant littéralement son corps en sacrifice devant Ogimi. Surgissaient aussi Sawa et Krahn, le ballon rebondissait sur Henning, allongée sur la ligne et Schult parvenait à récupérer le cuir avant que celui-ci ne l’ait entièrement franchie ! Tournant du match ? Allez savoir… Mais cette incroyable occasion japonaise avait plutôt tendance à motiver les Allemandes qui se créaient une nouvelle opportunité à la 37’. Alushi — sans doute la meilleure joueuse de la partie — adressait un superbe centre. Célia Šašić s’élevait et reprenait de la tête avec puissance. Yamane, battue, voyait avec soulagement le ballon frôler son poteau droit… La mi-temps survenait sur un score nul et vierge, mais on sentait bien que l’Allemagne avait commencé à prendre le dessus…

 

Confirmation dès la reprise. Nadine Keßler remplaçait sa coéquipière de club Lena Goeßling (toujours aussi étrangement un ton en-dessous depuis quelque temps) et ne mettait que… 20 secondes à faire parler la poudre ! Premier ballon touché, première frappe des 16 mètres, Kumagai qui dévie légèrement la trajectoire Yamane surprise ne peut que l’effleurer, lucarne, premier but (46’, 1-0)… Cinq minutes plus tard, Dzsenifer Marozsán, discrète en première période, mais rayonnante en seconde, donnait un caviar en profondeur à Alushi, laquelle déposait une nouvelle fois une Utsugi très à la peine, et centrait au premier poteau. Anja Mittag surgissait et déviait le ballon au fond des filets d’une somptueuse « madjer » (50’, 2-0)… De là, la rencontre tourna définitivement au sens unique et les cylindrées allemandes semblèrent rouler sur une autoroute… À l’heure de jeu, Marozsán décrochait le titre de meilleure buteuse du tournoi en inscrivant son 4e but de la compétition d’une frappe limpide des 20 mètres dans le petit filet (61’, 3-0). Quelques instants plus tard, Yamane devait s’employer et sortir une grande parade pour empêcher un coup-franc de Šašić de terminer dans sa lunette. Le ballon revenait sur le pied gauche de Mittag, seule aux 6 mètres, qui dévissait complètement… Les Allemandes faisaient tourner l’effectif, mais continuaient à pousser sur le même rythme, tandis que les Nadeshiko paraient au plus pressé, asphyxiées en milieu de terrain et inexistantes sur le front de l’attaque, à l’image de Yuki Ogimi. Il fallut une belle intervention de Saki Kumagai, seule Japonaise à n’avoir pas déçu, face à Šašić pour éviter que la défaite ne prenne des allures de déroute (73’).

 

L’Allemagne, qui disputait sa 7e finale en dix participations au tournoi de l’Algarve, remporte donc son 3e trophée après 2006 et 2012, et s’affirme plus que jamais, moins d’un an après son 6e sacre consécutif à l’Euro, comme l’épouvantail numéro un pour la prochaine Coupe du Monde (Canada, 2015). Son impressionnante solidité défensive (2 buts encaissés sur les 15 derniers matches), alliée à une efficacité offensive tous azimuts (58 pions sur la même période), le tout s’appuyant sur un milieu exceptionnel (Marozsán, Goeßling, Keßler, Laudehr, Alushi) lui laisse en effet les plus grands espoirs…

 

Quant à leurs adversaires japonaises, maintenant tournées vers la Coupe d’Asie qui se jouera du 14 au 25 mai au Vietnam, elles savent que leur talent et leur courage ne suffiront pas si elles veulent garder leur couronne mondiale l’an prochain. Les chantiers prioritaires de Norio Sasaki ? L’efficacité offensive, ainsi que les réserves à faire monter en équipe nationale. Deux problèmes que Silvia Neid ne connaît certainement pas…

 

Le résumé du match

 

Les bonnes surprises de l’Islandottir et de la Chine

 

L’Islande avait montré le bout de son nez au dernier Euro, parvenant pour la première fois en quart de finale de l’épreuve. Sept mois plus tard, la sélection confirme sa progression en prenant la 3e place en Algarve. Pour décrocher cette petite timbale, il aura fallu une belle performance, battre la Suède 2-1. Deux buts inscrits en moins de 2 minutes (Gunnarsdottir, 28’ et Thorsteinsdottir, 31’) auront fait plier des Suédoises seulement capables de sauver l’honneur par la turbine Göransson  (90’). Ces dernières ne s’étaient sans doute pas remises de la déception de voir leur qualification pour la finale s’envoler dans les ultimes secondes sur le pénalty de Miyama lors de la dernière rencontre de poule.

 

Autre belle surprise, celle de la Chine, cliente décidément difficile lors de ce tournoi. L’Allemagne et l’Islande ne s’étaient imposées qu’en toute fin de match (1-0) et la Norvège avait cédé (0-1). Pour cette rencontre attribuant la 5e place, le Danemark, qui venait de passer cinq buts historiques à Hope Solo, crut sauver sa peau in extremis en égalisant à la 87’ sur un penalty de Troelsgaard, après avoir couru plus de 80 minutes au score (Lei Jiahui, 6’). Mais dans l’épreuve des tirs au but, ce furent bien les Chinoises qui l’emportèrent 6-5… et qui prennent date pour la Coupe d’Asie, car réussir à leur marquer des buts sera tout sauf simple…

 

Le résumé de Suède-Islande

 

 

Les États-Unis pour l’anecdote, la Norvège sombre, le Portugal vous remercie d’être passé…

 

Paradoxe ? Une troisième défaite de rang des États-Unis après celles subies face à la Suède (0-1) et au Danemark (3-5) aurait fait la une. Sa victoire pour une piteuse 7e place face à la Corée du Nord (3-0, buts de Wambach 11’ et 58’, O’Reilly 88’) ne retiendra rien d’autre qu’une attention polie et, sans doute, un ouf de soulagement côté supporters…

 

La Norvège est, parait-il, vice-championne d’Europe. On a du mal à le croire à la vue de son tournoi, ponctué par quatre défaites en autant de matches. Et franchement, s’incliner devant la Russie (1-0, Sochenva 88’) ne fait guère sérieux. Allez, on oublie tout et on se remet à bosser pour la CM 2015 ?

 

Un objectif que les deux derniers du tournoi ne se fixeront même pas… L’Autriche (11e), battue au premier jour par le Portugal (2-3) a pris sa revanche (2-1), grâce à Prohaska (3’) et Zadrazil (27’). Les Portugaises, en hôtesses bien élevées, leur ont offert ce cadeau d’adieu, se contentant de sauver les meubles par Silva (71’).

 

L’édition 2014 de l’Algarve est terminée avec, comme d’habitude, un football féminin de haute qualité, beaucoup de beaux buts, des exploits, de jolis sourires, quelques grimaces, et — hélas — un public toujours aussi famélique… Rendez-vous à la sortie de l’hiver 2015 pour une 22e édition… Ne changez rien… Ah si : invitez les Bleues, tiens !

 

 

Le classement final

 

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