A Toulouse, une exposition pour mettre les préjugés «Hors-jeu».

Pendant encore deux semaines, aux alentours du Capitole de Toulouse et dans certains arrêts de métro, le portrait d’une dizaine de joueuses trôneront fièrement afin de défendre et de faire connaître ce sport. Une juste remise en place du rugby féminin, qui tend plus globalement à défendre la place des femmes dans le sport.

 

 

 

 

Jusqu’au 27 mai dans les rues de Toulouse, habitants et touristes croiseront tous les jours 35 portraits affublés de la question « Qui suis-je ? », au niveau de l’avenue Alsace-Lorraine, dans le centre-ville, ainsi que dans plusieurs stations de métro toulousain. Ces portraits, ce sont ceux de 35 joueuses de rugby féminin, qui vont tenter de lutter contre la sous médiatisation de ce sport, d’où son nom, «Hors-jeu» : «De tous les sports, le rugby est particulièrement identifié à l’homme car il est fondé sur des attributs masculins : la force, la virilité, le combat. Le rugby féminin est égal en tout point au rugby masculin mais il évolue loin des regards, sur des terrains souvent vides de spectateurs », explique Yona Maassen, la photographe à l’origine du projet, sur le site de l’exposition (où est également disponible l’intégralité des portraits).

 

Intégré tardivement

«En août 2014 j’ai commencé à suivre les différentes équipes de rugby féminin du Challenge Armelle Auclair, l’équivalent de la Pro D2 masculine. J’avais choisi comme fil conducteur, les joueuses du Stade Toulousain Rugby Féminin dont c’était la première saison sous les couleurs emblématiques du Stade. Cette expérience m’a amené à me questionner sur le fonctionnement et le développement du rugby féminin en France. J’ai alors décidé de créer une exposition conçue comme une campagne de sensibilisation sur la condition des femmes dans le sport, au travers de portraits grand format de rugbywomen de l’ensemble du Top 8, plus haut niveau du rugby féminin français», décrit la photographe. Le rugby féminin, à l’instar du football, n’a été que tardivement intégré à la Fédération Française de Rugby (1989). Le statut de sportive de haut niveau n’a d’ailleurs été accordé aux femmes qu’en 2000, par la loi Buffet. En France, il y a quelques 13 000 licenciées, sur 373 900 joueurs enregistrés à la FFR. Sans compter les 8000 licenciées à l’UNSS.

 

Aurélie Morandin a arrêté le rugby cette saison, pas parce qu’elle était en colère, mais pour se remettre à sa passion, le judo, qu’elle pratique depuis vingt-cinq ans. Elle évoluait depuis 5 ans à Toulouse, et explique pourquoi elle a décidé de rejoindre ce projet: « En fait ils (Yona Maassen et Xavier Laroque, les autres porteurs du projet, ndlr) tenaient vraiment à faire une exposition sur le rugby féminin, donc j’ai intégré l’aventure. Cela fait une bonne année que je travaille concrètement dessus. Mon rôle au départ c’était la structuration des dossiers. Ensuite, je me suis penchée sur la création du site internet car c’est moi qui l’ai réalisé, via une plateforme puisque je n’avais jamais fait ça avant ! ». Souriante, et très concernée par le sujet, elle s’est donc occupée de la partie administrative du projet, tandis que sa collègue s’occupait des photos, et que Xavier Laroque, qui fait partie de l’association « Le studio français », s’occupait de la mise en place de l’évènement. Le choix de la photo comme moyen d’exposition est très simple : «En fait, « Le studio français » travaille sur l’éducation à l’image, donc ils sont équipés et compétents en ce qui concerne la photographie. L’idée a murie puisqu’au départ nous voulions suivre une équipe et faire une web-télé dessus, mais c’est plus compliqué. La photo s’est avérée comme un moyen plus facile pour approcher les gens sans avoir des tonnes de personnes pour vous barrer le passage» se remémore Aurélie Morandin.

 

Des Expos «Mêmes Rêves de Foot» cet été

Les footballeuses auront aussi le droit cet été de voir leur sport défendu, au cours de l’Euro 2016 masculin. L´exposition «Mêmes Rêves de Foot», organisée à Saint-Denis du 11 juin au 10 juillet et à Boulogne-sur-mer du 4 juin au 2 juillet, va, elle aussi, promouvoir le foot féminin et son état d’esprit. Pour l’ex-toulousaine, le foot a un temps d’avance sur le rugby, pour une raison très simple : « Personnellement je pense que l’avantage du foot féminin, c’est qu’il y a des gens comme Jean-Michel Aulas qui, un jour, ont décidé de mettre la main à la poche pour faire grandir une équipe féminine. Quand il commence à y avoir des sponsors sur une équipe, forcément, c’est bon pour les autres équipes, qui voient elles aussi les sponsors arriver. Donc je pense que le foot féminin s’est vraiment développé grâce à cela, sans oublier les bonnes performances de joueuses. Dans le rugby, c’est moins le cas. Il n’y a aucune aide de la part des structures garçons. Il n’y a aucune joueuse du championnat de France de rugby qui vit intégralement de ce sport. Certains clubs font travailler les joueuses au sein même du groupe, en tant qu’éducatrice par exemple, mais d’autres sont factrices, travaillent chez décathlon ».

 

 

Mais la cause des sports féminins doit être une cause partagée, surtout entre ces deux sports : « Pour moi le foot et le rugby ont vraiment un point commun, c’est-à-dire que ce sont plus souvent des sports assimilés à des garçons, et il faut lutter contre ces préjugés pour valoriser la place des femmes dans ces sports », explique-t-elle, avant d’ajouter : «Il y a le jeu aussi, qu’il est important de développer. Maintenant que le foot féminin s’est développé, on entend souvent les gens dire que c’est du super jeu, que c’est moins rapide mais tout aussi agréable à regarder. Le rugby l’est un peu moins, puisqu’il y a toujours ce côté macho, encore plus que dans le milieu du foot je pense. Ce qu’il faut montrer c’est que le rugby féminin, c’est juste du rugby. Pour autant quand les filles sortent du vestiaire, elles ne sont pas habillées comme des camionneurs. Je pense que c’est comme dans le foot, il y a des trousses de maquillage dans les vestiaires, un peu de verni à ongle quand l’occasion s’y prête. Notre but c’est de lutter pour les sports féminins et de lutter contre les préjugés».

 

 

Exposition Hors-jeu : A Toulouse, jusqu’au 28 mai, à consulter aussi sur le site internet Hors jeu.
Expositions Mêmes Rêves de foot : A Saint Denis du 10 juin au 10 juillet, et à Boulogne-sur-mer du 4 juin au 2 juillet. Plus d’information sur Foot d’Elles.

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