A Rodez, la méthode Coué

Fragilisé par une intersaison délicate, et un début de championnat qui lui laissait peu d’espoirs, le groupe Ruhténois, où les bricolages effectués dans l’effectif sont nombreux depuis le début de saison, voulait goûter à la victoire ce week-end face à Soyaux (1-1). Il faudra encore attendre.

 

 

 

On entend souvent les acteurs du foot dire que les moindres détails comptent dans une saison. Un management réfléchi et bien installé, des joueuses avec des repères et de la confiance, des finances stables… A Rodez, ce minutieux travail d’horloger a été bousculé par une intersaison plus que poussive. Prévenus depuis plusieurs mois du départ de Sébastien Joseph, les dirigeants Ruthénois croyaient éviter d’enrayer la machine en actant assez rapidement la nomination de Nicolas Piresse sur le banc de l’équipe première, après une saison compliquée en D1. Mais le départ précipité de celui-ci à Tours, a sonné le club, qui a dû faire appel à Grégory Mlecko dans l’urgence. « On n’avait pas les clés pour bien préparer la saison », illustre aujourd’hui la défenseure Manon Guitard.

 

Un groupe encore en convalescence 

« Il fallait du temps mais je connaissais déjà certaines joueuses, rappelle Grégory Mlecko, l’ancien entraîneur d’Yzeure en D2, appelé dans l’urgence fin juin. Elles ont des valeurs d’ici et du club qui sont importantes ». Un esprit de combat et d’abnégation qui a servi à un groupe confronté à un calendrier délicat d’entrée. Et c’est bien ce que rappelait l’entraîneur de Soyaux Sébastien Joseph, tout heureux de retrouver Paul Lignon et son ambiance, après la rencontre : « C’est une équipe qui a de la solidarité, qui est habituée à jouer le maintien ». Les larges défaites concédées face à Lyon (7-0), Montpellier (6-0), le PFC (4-0), et le PSG (3-0), lors des 5 premières journées ont illustré le gouffre qui sépare le club du Midi du haut de tableau.

Et pour une équipe qui cauchemarde de la zone rouge, les points pris à Bordeaux et face à Guingamp, lors des 3e et 6e journée ont permis de relativiser. « Mentalement les matches contre ces grosses écuries étaient difficiles, on prenait des coups, reconnait Guitard. C’est vrai que ça nous affectait aussi contre l’En Avant et les Girondins, où on jouait avec la boule au ventre au début sur la première mi-temps, parce qu’on se disait que la victoire était impérative, alors qu’il y a encore plein de matches à gagner ! », avoue la latérale passée dans l’axe, aux côtés de la recrue Raquel Infante Pega (photo ci-dessous), cette saison. L’un des nombreux chantiers effectués dans le groupe par Mlecko et son adjointe, Sabrina Viguier.

 

 

« J’ai senti Laurie Cance extrêmement esseulée »

 

 

Avec les départs de Daniel (début août pour la Fiorentina) en défense et de Barbance, Bornes et Cugat, entre autres, sans compter sur les blessures longue durée d’Anne-Sophie Ginestet et Sofia Guellati (qui devraient revenir dans les semaines à venir), la mission première du staff était de « retrouver un équilibre », dixit le coach. Milieu droit de formation, Anne-Marie Banuta est par exemple descendue d’un cran, tandis que l’ex attaquante Océane Saunier a reculé en tant que… numéro 6. C’est justement lors de ces rencontres déséquilibrées que l’animation défensive du groupe s’est mise en place, au détriment de l’attaque.

Un secteur que le groupe s’est remis à travailler depuis le début du mois d’octobre, avec peu de progrès pour l’instant. « Dans le jeu j’ai senti Laurie Cance extrêmement esseulée sur le plan offensif. On attend l’exploit individuel ou le coup de pied arrêté. Sur le plan offensif il faut prendre des risques pour prendre des points », s’alarme Sébastien Joseph, dont l’équipe a longtemps couru après le score hier, suite au premier but de la saison de Flavie Lemaître, sur coup franc, à la 12e minute.

 

Rodez a manqué le break 

« Je fais une course rentrante premier poteau, le ballon passe par-dessus la tête des joueuses qui sont devant moi, et il m’arrive dans les pieds. Je me retrouve devant la gardienne, je fais une petite feinte et je mets le but, basique quoi (sourire) ! », sourit l’attaquante qui a, elle, retrouvé son poste de numéro 9 après une saison passée sur le flanc gauche de l’attaque.

« On a eu des occasions très dangereuses, je touche le poteau au retour des vestiaires (53e)… Si on avait tué le match ça aurait été différent dans l’analyse », explique la numéro 9, qui décrypte : « On a beaucoup joué en contre-attaque sur l’ensemble du match, parce que devant on est rapides. On a de la réussite, le problème c’est qu’on n’a pas suffisamment réussi à se projeter, on n’a pas été assez à aller de l’avant, pour avoir du monde dans la surface. Ce sont des choses qu’on va travailler de plus en plus, et on développera plus d’actions par la suite », raconte celle pour qui la victoire lors de cette 7e journée aurait été méritée. Un constat que partage son entraîneur et ses coéquipières, mais pas son ancien coach, qui estime de son côté que les 3 points n’auraient pas été volés pour les Sojaldiciennes.

 

 

« Plus tôt on aura cette victoire, plus vite cela libérera le groupe »

  

Et alors que ce match nul (1-1) n’arrange aucune des deux équipes, Soyaux perdant sa quatrième place au profit de Bordeaux, tandis que Rodez reste avant-dernier, à 3 points de la lanterne rouge, Fleury, la confiance était encore là du côté des locaux : « Les filles n’ont pas lâché, elles le savent que c’est maintenant qu’il faut y aller, continuer à travailler. Elles sont à l’écoute, font preuve de beaucoup de concentration… On sait que jusqu’à la rencontre face à Marseille le 10 décembre (lors de la 11e journée, NDLR), il va falloir engranger un maximum de points, tous les matches seront importants. Plus tôt on aura cette victoire, plus vite cela libérera le groupe », annonce Grégory Mlecko.

Manon Guitard aussi attend cette premier succès, qui devrait résonner comme un réveil pour les Ruthénoises : « Ce sera un sacré déclic psychologique, c’est primordial. C’est le discours du coach aussi, il n’y a pas d’alarme, beaucoup d’encouragements ». Le déplacement à Lille lors de la prochaine journée devrait toutefois s’annoncer ardu. « C’est une équipe qui ne faut pas du tout prendre à la légère, à l’image des équipes du nord, elles sont très athlétiques, redoute Flavie Lemaître. Les Lilloises ont de grosses qualités, un bon collectif, c’est une équipe solidaire qui peut se maintenir avec plus de facilités que d’autres. Elles montrent un autre visage à domicile, c’est un match compliqué qui nous attend ». Reste que pour le RAF, il faudra impérativement une victoire pour remettre les pendules à l’heure.

 

 

Propos recueillis par Vincent Roussel 

 

Crédits photos : G.C / olang’elles – Mica GB M PhootoRafettes  –  Facebook RAF

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